Une partie de moi...

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Je regarde une dernière fois ce magnifique paysage qui s'offre à moi.
Cette vue unique, ce soleil qui ne sera jamais aussi éclatant ailleurs...
Le vent vient délicatement soulever mes cheveux. Je respire une dernière fois ce parfum méditerranéen.
Une voix me sort de mes pensées : «
- Mademoiselle ? »
Avant de me retourner, j'inspire profondément, ferme les yeux un court instant et monte dans la voiture.
Jeanne se retourne et me tend une lettre.
Je la saisie et effleure doucement l'enveloppe contenant mon avenir.
Je l'ouvre délicatement, et en sors un papier assez usé. Je lis dans ma tête, en étant concentrée, et en oubliant mon passé désormais, derrière moi.
«
Ma chère Iris,
Je tiens à te faire part de ma grande gratitude envers moi. J'ai pu veiller sur toi, tout comme tu as pu veiller sur moi. Je ne t'en serai jamais assez reconnaissante...
Si tu peux lire cette lettre, c'est qu'il est malheureusement trop tard... je n'ai pu te dire la vérité en face.
Quand tu me liras, l'étincelle, que je croyais éternelle, qui se logeait dans tes yeux disparaîtra instantanément, à jamais. Tu m'en voudras sans doute... mais comprends moi, ma chère Iris. J'ai fait ça pour te protéger. A partir de maintenant, tu vivras avec ma sœur, à Berne, en Suisse.
Elle t'aidera à étudier convenablement, telle qu'une jeune fille de ton âge devrait le faire. »
Je m'arrête dans ma lecture. J'ai envie de faire demi tour. De rentrer à la maison.
En partant d'ici, j'ai l'impression de tout abandonner, de l'avoir abandonnée.
Au fond, une partie de moi n'oubliera jamais toutes ces année vécues, ici.
«
Ne te dis pas que je t'ai abandonné. Je n'avais juste plus aucune force, la vie en est ainsi. Je n'ai même pas eu la force d'écrire cette lettre seule. Jeanne l'a fait pour moi.
Ma chère Iris, n'oublie jamais qui tu es, promets le moi, veux tu ? Je t'embrasse tendrement et t'emporte avec moi. La profonde solitude que chaque médecin m'avait prédit, elle a disparu au moment où tu es arrivée à la maison . Je te suis reconnaissante Iris et te demande de ne pas trop me détester...
                                                                      Céleste »

Comment pourrais-je en vouloir à la femme qui m'a tout appris, qui avait le plus confiance en moi... mais au fond de moi, je sais qu'elle m'a éloigné d'elle, aussi loin que possible pour finir ses jours seule...
Je sers la lettre entre mes mains et regarde le paysage défiler. Ce paysage changeant, et m'amenant dans le froid hivernal de la Suisse.

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⏰ Last updated: Mar 21, 2019 ⏰

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Quand soufflera le ventWhere stories live. Discover now