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Cinq jours plus tard.

__ Le cœur humain n'est pas qu'un simple muscle. Il est le moteur discret de notre vie, le métronome silencieux de notre passage sur Terre.

Déclare le professeur avec cette voix grave et monocorde qu'on lui connaît.

Lui: Il bat en moyenne cent mille fois par jour, propulsant près de huit mille litres de sang dans notre organisme. Et pourtant, à l'instant même où il s'arrête... tout s'effondre. L'oxygène cesse de circuler, les cellules s'éteignent. Et le cerveau, ce fragile maître d'orchestre, ne peut survivre que quelques minutes sans perfusion.

Il marqua une pause, comme à son habitude, pour nous laisser le temps de tout saisir.

Le claquement régulier des claviers d'ordinateurs ponctuait le silence, tel un battement collectif.

Lui: Voilà pourquoi les premières minutes sont cruciales. En cas d'arrêt cardiaque, chaque seconde compte. Le premier réflexe, c'est de vérifier la conscience, puis la respiration. Si la victime ne respire pas, ou très mal, on entame immédiatement les gestes de réanimation. Trente compressions thoraciques pour deux insufflations. On continue sans relâche jusqu'à ce que les secours prennent le relais... ou que le cœur reprenne.

Il continuait de parler, encore et encore...

Mais je n'entendais plus rien.

Mon regard s'était perdu vers l'extérieur, bien au-delà des murs de l'amphithéâtre. Le soleil brillait sur la cour de l'université, inondée d'étudiants en mouvement.

Je les observais sans vraiment les voir.

Une brume blanche, fine, flotta un instant, couvrant une partie du paysage.

La fumée des cigarettes des étudiants en pause.

Certains n'attendaient jamais plus de cinq minutes entre deux cours pour s'en griller une.

Je détournai lentement les yeux, les posant sur l'écran de mon ordinateur.

Aucune note n'avait été prise depuis plusieurs minutes. J'étais totalement ailleurs.

Perdue dans mes pensées.

Les examens approchaient à grands pas, et je n'avais toujours pas reçu de réponse de l'administration concernant mon autorisation d'y participer.

J'avais rédigé une nouvelle lettre, que j'avais envoyée récemment.

Mais aucun retour. Rien. Pas même un mail automatique.

Mes parents m'avaient conseillé d'abandonner. Ils me répétaient que je suis jeune, que j'ai encore du temps, que les choses viendront en leur temps.

Mais... suis-je vraiment si jeune que ça ? Et ai-je réellement le temps comme ils le disent ?

La vie est imprévisible. Elle ne suit pas toujours un ordre. Elle bouscule, elle retarde, elle accélère.

On croit qu'on a tout devant soi... jusqu'à ce que tout se retourne.

Lorsque le cours se termina, je retrouvai Ama à la cafétéria de l'université. Elle râlait déjà, une grimace sur le visage tout en brandissant sa copie comme un drapeau de guerre.

Ama : Franchement c'est pas normal, j'ai compté trois fois, il manque un point ! Un point ! C'est pas grand-chose pour lui, mais pour moi c'est peut-être la moyenne !

Elle pestait en mâchouillant nerveusement l'extrémité de son stylo, comme si cela allait convaincre le destin de lui rendre justice.

Je laissai échapper un petit rire, un peu distrait, un peu fatigué aussi.

LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant