Le cocon

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Le cocon

    Si quelqu’un m’avait dit un jour que je verrai quelque chose d’aussi beau, je lui aurai ri au nez. C’est vrai après tout, comment est-il possible d’imaginer un tel bonheur ? Cette chaleur qui m’entoure tel un cocon, me protégeant du monde extérieur. Je ne me suis jamais sentie aussi bien, aussi paisible que je ne le suis maintenant. Tout est beau, tout est chaud. J’aimerais ne jamais partir, rester ici pour l’éternité.

    Je baille et allonge mes jambes et mes bras doucement pour les étirer. C’est fou comme je suis fatigué, pourtant je n’ai pas fait grand-chose ces derniers temps hormis dormir. Dormir, boire, manger. Dormir, boire, manger. J’ai l’impression de n’avoir fait que ça. Je dois vraiment en avoir besoin…

    Au moment de me tourner doucement pour me rendormir, j’entends un cri déchirant. Mon corps se tend à l’extrême. D’où vient ce bruit ? Je me redresse vivement, le cœur battant à cent à l’heure. Quelqu’un est-il blessé ? Est-ce juste un accident ou est-ce… volontaire ? Quelqu’un a-t-il besoin d’être secouru ? Cette pensée me provoque un long frisson. Je tends l’oreille autour de moi pour écouter le moindre son alentour, mais plus rien. Peut-être l'ai-je juste imaginé… Je soupire doucement et me rallonge. J’ai vraiment beaucoup trop d’imagination… Un bruit de craquement retentit soudain très près de moi. La peur monte en moi en flèche. Ce n’était donc pas mon imagination ! Mon cœur se met à taper dans ma poitrine telle une grosse caisse. Oh mon Dieu… Et si c’était mon tour ? À peine cette pensée a-t-elle traversé mon esprit que les bruits se font plus proches. Je me mets à paniquer un peu plus, cherchant une façon de me défendre. Je devrais pouvoir attraper quelque chose pour frapper la personne qui arrive. Mais avant même que je puisse esquisser le moindre mouvement, je me sens propulsée hors de mon cocon. Une douleur vive m’étreint le ventre, me coupant en deux. Bon Dieu, ce que ça fait mal ! Je n’ai jamais ressenti une telle douleur de toute ma vie ! Je suis maintenant tirée par les pieds pendant que j’essaye de m’accrocher comme je le peux à ce qui se trouve autour de moi. Mais tout m’échappe, mes doigts glissent sans réussir à trouver prise. Je suis foutu.

    Je ferme les yeux le plus fort possible. Je ne veux pas voir ce qui va se passer… Je vais mourir. Je le sais, je le sens. Comment ai-je pu passer d’un tel bonheur à un tel effroi ? Je pensais que ce jour viendrait plus tard, beaucoup plus tard ! Et de façon beaucoup plus calme et tranquille, pas dans une si atroce douleur !

    Derrière mes paupières closes, je discerne soudain une lumière aveuglante. Je suis dehors. Il fait froid. Je prends une grande inspiration pour me calmer mais celle-ci me brûle les poumons, m’arrachant un cri. Je me mets à pleurer de douleur. J’ai mal. Une voix retentit juste au creux de mon oreille, me faisant sursauter. Elle s’exclame :

- C’est un garçon !

Le Hasard De La Vie (Recueil De Nouvelles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant