× Slow for you ×

16 6 0
                                    

Voir la pluie claquée sur les carreaux le fascinait, plus que quelques minutes avant la fin du cours. L'inquiétude mais aussi l'impatience montaient en lui. Il était nerveux à l'idée de s'exclamer. Le temps filait doucement. Un cri déchirant s'éleva en lui, il devait en finir. Quatre gouttes, quatre minutes, il se mordit les lèvres. Trois gouttes, trois minutes, il déglutit. Deux gouttes, deux minutes, il retint sa respiration. Une goutte, une minute, un cœur affolé, les larmes brisées, l'être tremblant.

S'arrêter, revenir, retomber. L'étoile de l'âme perdue.

La sonnerie...enfin !

Ses affaires étaient déjà prêtes. Il enfila son sac sur l'épaule et sortit le plus vite possible. Elle voulait danser, il le savait, il l'avait appris. Un slow, c'est cela qu'elle désirait mais...le voudrait – elle avec lui ?

C'est alors qu'il l'aperçut à son casier. Il se pressa de franchir le couloir. Arrivant essoufflé, il l'apeura.

« Bonjour ! S'écria – t – il. »

Maintes fois il s'était entraîné à ne pas crier face à elle. Cela avait porté ses fruits lors des trois dernières séances. Malheureusement, ses émotions lui causaient des torts. La jeune femme recula légèrement.

« Tu veux bien danser avec moi ce soir, au kiosque ?! Je veux faire un slow ! »

Sa maladresse faillit lui coûter. Elle bégaya, il ragea intérieurement. La réponse, il la voulait, il la convoitait, elle devait lui dire maintenant.

« Pourquoi veux – tu danser avec moi ?

– Je t'aime. Tu es d'une beauté rare, une douceur de diamant, tu es plus pure que la neige, j'ai envie de te dévorer comme j'ai envie de dévorer le monde, tu es la splendeur de mon univers, s'il te plaît ne t'éloignes pas. Sortons ensemble une nuit, laissons le destin prendre les commandes de nos vies et offrons-nous des heures de bonheur. »

Quelques larmes perlaient doucement, s'orientaient vers le cœur, disparaissait dans le vide.

Le temps s'attardait, elle devait répondre ; n'attends pas.

« C'est – c'est soudain, je ne m'y attendais pas. Je – je veux bien, pourquoi pas.

– Rendez – vous à vingt heures. Je t'aime. Répéta – t – il. »

Il s'enfuit. Elle l'avait dit. Il avait entendu son accord. Oui. Elle avait dit « oui ». Elle ne l'avait point rejeté. Elle l'avait accepté.

Il se réfugia dans les sanitaires réservés aux hommes. Il s'appuya sur le bord du lavabo, il pleura toutes les larmes de son corps. La pression avait été d'une cruauté hors – norme. Telle, qu'il en avait des hauts de cœur. Ses mains ne cessaient de trembler, un goût de sang lui monta à la bouche, sa respiration s'échappa lui provocant de l'asthme. Puis, une vague de tempête le submergea, il cria. Il cria tout son être, il inspira la joie, il ria.
Il leva les bras aux cieux s'écriant de bonheur :

« Je suis le roi du monde ! »

Il sursauta lorsqu'un garçon au visage inconnu sortit des toilettes, le dévisageant.

« J'ai un rencard ! » Lui cria – t – il, cela fit rire l'étudiant.

Seulement un détail lui manquait. Ses bras se baissèrent, son visage se défigura.

« Je ne sais pas danser. Oh mon Dieu, comment je vais faire ?!... Madame Yoo ! »

Il courut le plus vite possible vers la seule femme de son espoir. Celle – ci était son ancienne professeure de sport, une ancienne danseuse professionnelle.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Dec 28, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Playdate || K.jdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant