Alors

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Lundi. 9 heures.

Les cours débutaient à la fac. Nous nous étions séparés, étudiant chacun de part et d'autre du site universitaire. Le matin avait été un peu étrange. Nous ne savions plus vraiment comment nous comporter l'un avec l'autre, mais j'avais hâte de raconter mon week-end à Agnès.

-Ethan, cria-t-elle, en me courant après.

-Salut, Agnès !

Elle m'observait d'un air sévère, manifestement mécontente.

-Tu ne m'as rien dit, tu ne m'as pas envoyé de message du week-end. Vendredi, à la soirée, quand j'ai essayé de te retrouver, tu n'étais plus là. Je me suis inquiété.

-Je suis désolé. J'étais...occupé... dis-je avec un sourire en biais.

-Tu as passé le week-end avec ce type ? Mais tu le connais à peine et ce qu'il se passe entre vous est étrange. C'est dangereux ce que tu fais !

Je réalisais soudain, en voyant son inquiétude, sa manière nerveuse de me parler, qu'elle ne serait pas en mesure de comprendre pas ce que nous étions en train de vivre, Killua et moi. Qu'est-ce qui m'était passé par la tête ? Je ne pouvais certainement pas lui parler des vies antérieures, de l'Ecole des Pages, des Hunters... Elle ne comprendrait rien. Elle me prendrait pour un fou.

-On s'entend bien, il est gentil et le courant passe très bien entre nous.

Ça va. Ce n'est même pas un mensonge.

Le regard d'Agnès sembla s'adoucir devant ma mine empourprée. Elle prit un air soudain très intéressé.

-Vous avez fait quoi ?

-Tu t'en doutes, non ?

-C'était comment ?

-Indescriptible... Je n'ai jamais vécu un truc pareil. C'était... C'était grandiose... Et puis même grandiose ça suffit pas.

-Waouh... Et du coup, entre vous c'est comment?

-C'est un peu bizarre. Hier on a fait l'amour et ce matin, on était un peu gêné et distant, on osait à peine se regarder et parler. Je pense qu'on s'est un peu emporté cette nuit mais on ne se connaît pas vraiment alors, ça fait un peu bizarre.

-Et toi, tu ressens quoi pour lui ?

-Je ne sais pas. Il y a quelque chose de très évident entre nous, de très simple.

-Cool, j'espère que ça va bien se passer. Mais s'il-te-plait, ne me fais plus de coups de stress comme ça.

-Excuse-moi.

Je lui souriais tranquillement. Avec le week-end qui tournait en boucle dans ma tête, la journée risquait d'être vraiment très longue. Je m'asseyais à ma place habituelle en soupirant, toujours accompagné d'Agnès, espérant retrouver Killua le soir.

*******

Une fois assis dans l'amphithéâtre en attendant le début des cours, je sortis mon ordinateur distraitement en attendant le professeur. Je repensais sans cesse à la soirée de la veille et à la gêne qui s'était installée le lendemain matin entre Gon et moi. Cette histoire commençait à me mettre mal à l'aise. Quand j'étais avec Gon, tout était évident, je ne voulais que lui et n'avais jamais désiré quelqu'un avec tant de force. Ça n'était pas seulement sexuel, c'était bien plus profond et intense. Mais, désormais seul, ayant l'esprit libre pour réfléchir à tête reposée, je trouvais ça étrange, précipité. Je commençais à ressentir une angoisse, une peur, à l'idée d'être en couple, de perdre ma liberté. Je n'avais jamais voulu ça, je n'avais jamais cru en l'amour jusque-là, mais Gon m'attirait de manière irrésistible. Gon était mon âme-sœur, notre lien était éternel, et je ne savais plus quoi faire, sentant monter en moi la certitude presque divine qu'il était temps de mettre un terme à toute cette histoire.

Envol - L'Ecole des Pages |Tome 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant