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Le bureau était grand, spacieux. On voyait que tout avait sa place, tout était arrangé au millimètre près. Les murs étaient recouverts de bibliothèques dans lesquelles on pouvait observer des ouvrages de grands philosophes, de grands juristes... Des ouvrages, mais aussi, et surtout, beaucoup de dossiers et chemises avec écrit, sur la tranche, des noms de famille : Smith, Graham, McGuire, ...

Au centre, un bureau en bois massif trônait comme un trône le ferait au bout d'une salle d'audience. Un homme y était assis. Il portait un costume trois pièces qui suintait l'argent et les faux-semblants. Ceci dit, l'homme, lui, ne reflétait pas cette même image. Il donnait l'image d'un homme fort et sûr de lui. Un homme en qui on avait confiance, car il savait arriver à ses fins sans se cacher derrière un masque de supériorité. Il faisait son travail et il le faisait bien.

Il relisait méticuleusement les papiers qui lui avait été confié tandis qu'une ambiance pesante s'imposait dans son bureau. Il ne disait rien, il se concentrait alors il ne ressentait pas tout cela, mais les autres personnes dans la pièce n'avait qu'une seule envie : sortir d'ici. Devant son bureau, quatre chaises étaient disposées. Trois étaient occupées.

D'un côté, une femme brune. Elle devait avoir la trentaine. Elle avait l'air dur, déterminé. Sa mâchoire carrée se resserrait par intermittences avant de se relâcher aussi tôt. De ses yeux noisette, elle observait l'homme sans qu'il s'en rende compte. Elle le sondait même, pouvait-on dire. Sa jambe, croisée au-dessus de l'autre, se balançait frénétiquement dans l'air. Impatiente, voilà ce qu'elle était. Elle voulait que tout cela se finisse au plus vite. À ses côtés, un homme, portant lui aussi un costume fringuant, lui lançait des petits regards par dessus ses lunettes. Il comprenait l'agacement de sa cliente.

De l'autre côté, un autre homme était assis. Il priait du regard la dernière personne de venir se rasseoir mais sa cliente l'ignorait volontiers. Non, elle ne voulait pas attendre assise, cela lui était trop difficile. Alors, elle s'était accoudée à la fenêtre derrière le bureau. Elle observait l'effervescence des rues avant Noël. Les gens couraient, les gens bousculaient, mais au moins, ils étaient heureux. Du moins, c'est ce qu'elle pensait en ce moment-là. Car tandis qu'ils riaient tous, elle était coincée là, dans ce grand bureau ; tout ce qu'elle pouvait faire était d'attendre. Et rien d'autre. De sa main, elle essuya rageusement une larme qui venait de s'échapper de ses yeux couleur émeraude.

Doucement, elle tourna la tête et posa son regard sur l'autre femme. Cette femme qu'elle avait tant aimée, et qu'elle aimait toujours d'ailleurs. Comment tout avait pu se finir si mal ? Comment avaient-elles pu en arriver là ? Tout était de sa faute, se disait-elle. Ça ne pouvait être que de sa faute. Elle le savait, mais bon Dieu qu'est-ce que ça faisait mal. Elle se souvenait encore de la première fois qu'elles s'étaient embrassées, de la première fois qu'elles avaient fait l'amour, de leur première vraie dispute... Elle se souvenait de tout, et elle ne regrettait rien ! Enfin, rien sauf cette putain de nuit. Cette putain de nuit où elle commit l'irréparable. Elle l'avait trompé. Alors, oui, c'était au début de leur relation. Oui, elles s'étaient séparées après l'aveu puis la brune lui avait pardonné. Oui, à l'époque, elle était complètement larguée, brisée par toutes ses familles d'accueil, mais ce n'était pas une excuse. Elle s'en voulait encore, car même si l'autre femme l'avait pardonné, le souvenir était toujours là. Accompagné de la douleur et de toutes ces questions : Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que je n'ai PAS fait ? Qu'avait-elle de plus que moi ? À toutes ces questions, la blonde n'avait pas arrêté de répondre que cela n'avait rien avoir avec elle, mais c'était peine perdue. Elle se souviendrait à jamais du regard que la brune avait eu après qu'elle lui ait avoué sa tromperie. Même si l'autre femme lui répétait que ce divorce n'avait rien avoir avec cela, la blonde savait très bien que c'était faux. Elle le savait.

I'm Sorry I Failed You.Where stories live. Discover now