Il est temps de créer son propre destin !

La Mission

Sa vie n'était ni belle, ni moche mais c'était la sienne. Quand il y réfléchissait, depuis ses dix ans, il avait pris l'habitude d'écrire sa vie, comme dans un journal intime. Il écrivait ce qu'il se passait, ce qu'il pensait ou ressentait. Cela pouvait être quelques mots, quelques phrases ou parfois quelques pages. Et puis il se relisait et déchirait ou brûlait le tout. Il ne fallait laisser aucune trace, il ne pouvait pas prendre le risque que quelqu'un le lise. Il devait protéger LE secret avant tout et aussi se protéger lui-même car il ne fallait pas parler de ces choses-là. De toute façon, à qui aurait-il pu en parler ?

22 octobre 1992

Un bébé arrive dans ce monde. Il ne le sait pas encore mais sa vie est déjà toute tracée...

Quand il se laissait aller, il lui arrivait d'avoir tellement de sentiment contradictoires, tout se mélangeait dans sa tête. Il aimait cette vie. Il était fait pour ça, il avait été élevé et entraîné pour ça. Mais parfois, il se sentait seul et aurait aimé avoir une vie plus normale. Il aurait aimé avoir de vrais amis, il aurait aimé être amoureux.

22 octobre 2002

Aujourd'hui c'est mon anniversaire, j'ai 10 ans. J'ai eu de supers cadeaux et maman m'a fait un très gros gâteau au chocolat avec 10 bougies dessus ! Puis mon papa m'a emmené dans son bureau et m'a dit que j'étais assez grand pour comprendre. Il m'a dit que je devais connaître notre secret. Je ne sais pas quoi penser maintenant. Mais je ne dois le répéter à personne même pas à mes copains de l'école. Mon papa m'a dit que c'était très important et que ça pouvait être dangereux pour nous tous. Tonton était là aussi. Il m'a dit que j'étais presque un homme et que je devais apprendre. J'ai peur...

Il avait mal dormi cette nuit. Il s'était tourné et retourné dans son lit avant de tombé dans un sommeil agité. Il détestait se réveiller de mauvaise humeur. Il mit la musique et alla prendre une douche pour tenter de trouver un peu d'entrain et démarrer cette nouvelle journée. Tout en se séchant, il réfléchissait à ce qu'il allait faire aujourd'hui. Il irait prendre un café dehors, peut-être faire quelques achats (il avait envie de nouvelles fringues) et il devait retrouver son père au restaurant de son oncle. Il choisit une de ses tenues préféré : un jean bleu délavé, un pull moulant à col roulé noir qui mettait tellement bien son torse en valeur (la nature l'avait fait beau et cela aurait été dommage de ne pas en profiter!) et ces éternelles Converses noires. Son père allait encore détestait son look, lui qui ne jurait que par les costumes classiques, et c'était tant mieux !

22 octobre 2007

J'ai 15 ans aujourd'hui, j'suis trop content ! J'ai pu faire une fête d'enfer à la maison. Maman a réussi à convaincre papa qu'il n'y avait aucun risque. Tout a été parfait : il y avait plein de bouffe (commandée chez un traiteur), la musique était cool (merci les amis), on a réussi à planquer l'alcool et à fumer tranquille et tout le monde était là !!! Et aujourd'hui j'ai embrassé une fille pour la première fois : c'était bizarre, humide mais pour mes 15 ans : quel cadeau ! Et avec la fille la plus cool du collège en plus !!! y a pas à dire je suis trop fort !

Après avoir pris son petit déjeuner dans son café habituel, il fit un peu de shopping. Il aimait bien ça : regarder les gens, déambuler dans les rayons et il trouvait toujours un truc sympa. Dans tous les cas, avec son physique, il pouvait se permettre de tout porter et ça l'amusait de voir les vendeuses prêtes à se battre pour l'aider dans ses choix. Il faisait beaucoup d'effet, il en était toujours flatté et il ne se faisait pas prier pour en profiter. Rien de sérieux, jamais. Il ne pouvait pas se le permettre... il ne pouvait plus...

Puis, il alla retrouver son père dans le restaurant « familial ». Il était attablé à la même place, avec son journal et son verre de whisky : quand il arrivait, il avait toujours l'impression de revivre à chaque fois la même scène comme dans Un jour sans fin. Il s'installa et bu une gorgée. Son père fit un léger bruit en claquant sa langue pour montrer sa désapprobation puis l'examina avec cet air qui voulait dire « mais comment t'es-tu encore habillé aujourd'hui ? ». Cela l'amusait toujours mais l'ambiance n'était pas à la fête, ils étaient là pour parler boulot.