Chapitre 25

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—Methyst—

Nous avons passé la journée à reboucher une partie de mon site de fouilles, et même si nous avions plutôt bien avancé, il nous restait encore beaucoup de travail. Lorsque nous sommes rentrés, peu avant l'heure du diner, j'étais complètement exténué.

Je me suis trainé dans la salle de bain, avec difficultés, et quand j'ai enfin pu plonger dans l'eau chaude, je ressentais un grand soulagement. Je me détendais progressivement, me remémorant les évènements des derniers jours, mais plus j'y réfléchissais, et plus cela me semblait embrouillé.

Je commençais à me poser des questions sur mon père biologique qui ne m'étaient jamais venues à l'esprit auparavant. Maintenant, je me demandais comment avaient évoluées ses relations entre Sarah et Mère, comment il aurait réagi s'il savait qu'il avait une fille, comment il aurait géré cette situation... Plus que jamais, j'avais l'impression d'avoir cruellement besoin de lui.

Je me souvenais de ce que me disait Mère à son sujet : mon père était un homme intelligent, presque calculateur dans le mauvais sens du terme, surtout en affaire, mais il était très prévenant et doux envers elle. D'après elle, il nous considérait comme les deux choses les plus précieuses que le monde pouvait lui offrir. Malheureusement, il était mort quelques jours après ma naissance.

Enfin, sa mort était plus officieuse qu'officielle. Il était parti en mer et n'était pas revenu. Le capitaine avait réussi à ramener le bateau jusqu'à chez nous, mais il était grièvement blessé , et la moitié de ses marins avaient disparus en même temps que mon père.

Tout ce qu'il me restait de lui était un portrait de lui lorsqu'il avait une vingtaine d'années et une vieille photo en noir et blanc de Mère, lui et moi, lorsque je n'étais qu'un bébé.

Je sentis des larmes couler sur mes joues. Je m'étais remis à pleurer malgré moi. Maudissant cette faiblesse, je les essuyais rageusement, pétrissant mes globes oculaires derrières mes paupières avec mes doigts pour empêcher d'éventuelles nouvelles pleurs. Je donnais un grand coup de tête contre la baignoire, me faisant mal à l'arrière du crâne. La douleur qui résonnait dans  mon crâne fit monter de nouvelles larmes que je tentais de retenir.

Je finis par sortir du bain, et, après m'être habillé et avoir mis mes lunettes, regardais mon reflet dans le miroir de la salle de bain. C'était toujours Lucy que je voyais, Lucy avec son regard dur et son expression renfermée. J'étais soulagé de savoir que je pouvais mettre un nom sur ce reflet.

Je sortis avec un petit sourire, puis descendis dans le salon, où Mère se trouvait, assise sur un canapé en manipulant une petite boite à musique dont la douce mélodie s'évanouissait dans l'espace, et devenait de plus en plus forte lorsque l'on se rapprochait. Mère me sourit en me voyant arriver :

-Comment te sens-tu ?

-J-je suis fatigué, la j-journée a été éprouvante. Est-c-ce-que le professeur et L-Luke sont venus ici ?

-Oui, ils m'ont donné les lettres de Sarah. Je crois qu'ils sont montés se reposer.

-T-tu as eu le t-temps de les lire ?

-Oui, répondit-elle en me montrant les lettres éparpillées à ses côtés.

Je me suis assis face à elle, sur le tapis, comme je le faisais lorsque j'étais enfant, et la regardais avec un petit sourire que je voulais gentil. Elle me rendit mon sourire et continua :

-Est-ce-que tu l'as lue, celle-là ?

Elle me tendit une lettre, que je saisis avec délicatesse et commençais à déchiffrer :

Ma chère Catherine,

J'aurais espéré pouvoir venir te rendre visite durant le mois, seulement cela m'a été impossible, pour les raisons que je vais te détailler ci-dessous.

Lucy passe au travers d'une phase de dépression plutôt puissante. C'est indirectement à cause de Gideon. 

J'étais censé lui fournir un corps à disséquer, pour l'aider dans ses études, ce que j'ai fait, après une visite à la morgue qui s'est déroulée sans la moindre encombre. Lorsque Gideon est venu le récupérer, il a laissé une entité entrer. Je préfère nommer cette chose "entité", plutôt que démon. Je n'ai pas envie d'insulter mes familiers en mettant cette saleté à leur niveau.

Cette entité s'en est pris à Lucy sans que je ne m'en rende compte, elle a commencé à la détruire psychologiquement. Je l'ai remarqué trop tard, j'ai à peine eu le temps de la bannir que j'ai vu ce que cette horreur avait fait à mon bébé...

Lucy est enfermée dans sa chambre, elle ne fait presque rien. C'est comme si elle était vide. Je suis terriblement inquiète pour elle, j'ai peur qu'elle se brise dès que je la serre dans mes bras, j'ai peur de la voir fondre en larmes dès que je dis un mot, j'ai peur qu'elle ne meurt si jamais je la laisse seule quelques secondes.

J'ai dû confronter Gideon pour qu'il m'explique ces histoires, et il se trouve que cette entité est en réalité un parasite que ma propre tante l'a forcé à transporter jusqu'à chez moi pour qu'elle puisse se débarrasser de Lucy, sous prétexte qu'elle pourrait être trop dangereuse pour cet univers. J'ai failli l'accompagner jusque chez lui pour faire la peau de ses parents, encore maintenant je me demande comment je fais pour coucher ces mots sur papier en restant calme.

Désolée de t'embarrasser de mes problèmes, mais j'avais besoin d'en parler à quelqu'un. Donnes-moi de tes nouvelles dès que tu auras reçu cette missive, s'il te plait.

Affectueusement,

                                      Sarah

Dès que j'eus fini ma lecture, je fixais Mère dans les yeux avec une certaine surprise :

-P-pourquoi tu v-voulais que je lise c-cela ?

-Parce que cette lettre m'a touchée. Et parce qu'il me semble que ton enquête sur Lucy n'est pas terminée. Après tout, c'est pour ça que Mme Doyle vous a donné ces lettres, n'est-ce-pas ?

Je lui souris, pour lui montrer qu'elle avait raison. Mère ne me connaissait que trop bien. J'inspectais le contenu de la lettre :

-J-je cherche à retrouver L-Lucy. Q-qu'est-ce-que tu interprètes c-comme étant un indice p-pouvant m'aider à atteindre c-ce but ?

-Je te laisse y réfléchir, dit-elle avec un doux sourire.

Voyons... Cela ne devrait pas être difficile, non ?

Alors... Pas de mention d'un lieu, la date remonte à près de 7 ans, et les personnes dont il est question me sont totalement inconnues. Ces personnes... Il est fait mention d'une tante de Sarah, mais est-ce-qu'il est possible que je trouve quelque chose à son sujet dans les archives ? Après tout, toute mention de cette femme avait été effacée de cette ville, alors pourquoi est-ce-que je trouverai quelque chose ? J'ai peur que Mme Doyle n'ait pas d'informations sur le sujet... Dans le pire des cas, je peux essayer de faire part de tout cela à Mère :

-T-tu penses que j-je pourrais trouver d-des informations sur l-l'endroit où se t-trouve Lucy en questionnant Mme D-Doyle au sujet de c-cette tante ou de c-ce Gideon ?

-Si Catherine était en communication avec Sarah, il est évident qu'elle possède quelques informations sur sa famille ou les endroits où cette famille pourrait se trouver.

-D-d'accord, mais Sarah et sa f-famille était en froid, comment p-pourrait-elle savoir où est L-Lucy ?

-Je crois que ce Gideon n'entretenait pas le même rapport avec Sarah que le reste de sa famille, il n'est pas impossible que lui sache quelque chose.

Je souriais à Mère, un peu plus confiant. Au moins j'avais une piste...

Deux Faces d'Une Même Pièce (Fanfiction Professeur Layton) (EN PAUSE)Where stories live. Discover now