L'alarme sonna 8h00, mais j'étais déjà réveillé. Je n'arrêtais plus de ressasser les événements de la veille avec douleur. J'avais eu peur. J'avais réussi à utiliser le Godspeed quelques instants. Je ne croyais pas que c'était possible, ni que c'était une bonne idée. Bien loin de me transformer en super-héros, j'avais seulement peur que ce genre de capacités ne me blesse. Gon avait aussi découvert quelque chose. Il avait réussi à « casser » le rêve des pages pour communiquer avec moi, comme un rêve lucide télépathique. Il valait mieux que tout cela reste entre nous. Il allait peut-être essayer d'en parler à Agnès, et il fallait que je le retrouve pour lui dire ce que j'en pensais. J'allais être obligé de lui reparler après ma fuite... Il valait peut-être mieux que je m'excuse d'abord.
Hélène m'ignora superbement en arrivant en cours, et je m'en foutais royalement. Ce matin-là, la bande était dispersée dans l'amphithéâtre, et Arsène vint s'asseoir à côté de moi. Je me souvins du regard noir qu'il m'avait lancé la veille, et n'avais vraiment pas hâte de devoir m'expliquer avec lui. Je ne comprenais pas pourquoi ma relation avec Gon leur posait autant problème.
-Qu'est-ce que tu fous en ce moment, qu'est-ce qui t'arrive ?
-Comment ça ?
-T'es trop bizarre. Je ne te comprends plus. Il t'a fait quoi ce type ?
-Je ne vois pas où tu veux en venir.
-Depuis que je te connais, tu me dis que tu ne te mettras jamais en couple, que les relations c'est pas ton truc, que tu préfères être seul. Et là, je te vois embrasser untel en plein milieu d'une soirée, puis passer tout ton temps avec lui. C'est qui ce type ? Il sort d'où ? Pourquoi tu m'en as jamais parlé ? Pourquoi tu m'as jamais dit que les hommes te plaisaient aussi ?
Je soupirais silencieusement sans avoir aucune intention de lui expliquer quoique ce soit. Arsène avait beau être un très bon ami, ce qui se passait entre Gon et moi était trop tiré par les cheveux pour qu'il ne me prenne pas pour un fou.
-On n'est pas en couple.
-Mais c'est qui ?
-Un ami d'enfance que j'ai retrouvé.
-Depuis quand tu embrasses tes amis ?
-Non mais c'est compliqué...
-Pourquoi tu m'as jamais dit que les hommes te plaisaient ?
-Mais pourquoi ça t'intéresse ?
-Ça te ferais rien, à toi, d'apprendre soudainement que je suis gay ou bisexuel ?
-Si ça te rend heureux, c'est le principal. Vous réagissez tous comme des enfants. Cette histoire ne vous concerne pas.
-Ne le prends pas mal, je m'inquiète pour toi, c'est tout.
-Je suis adulte, je peux me prendre en charge. Merci.
Si même Arsène s'y mettait, ça risquait d'être compliqué. J'avais l'impression de me retrouver au milieu de collégiens, et ça commençait à m'irriter sérieusement. Il fallait vraiment que je retrouve Gon avant qu'il ne raconte cette histoire à tout le monde. Ma bande d'amis commençait à me traiter comme un extraterrestre.
A l'heure du déjeuner, je me mis à chercher Gon partout, en espérant qu'il ait sa pause à peu près en même temps que moi. Par chance, au bout de cinq minutes de recherche, je finis par apercevoir une touffe de cheveux noirs et hirsutes au bout de la cantine. Je m'avançais vers lui, la boule au ventre, sans savoir par où commencer, et comment lui expliquer ma panique et mon départ précipité. Vu mon caractère, si je n'avais pas été obligé de lui parler, je n'aurais sans doute pas cherché à le retrouver.
*****
-Killua !
J'agitais la main dans sa direction en lui faisant des signes. Il était revenu, il était venu me retrouver. Il ne m'en voulait plus. J'étais trop heureux. Le poids que je traînais depuis la veille s'était dissipé trop vite pour que je m'en rende compte.
-Je peux m'asseoir ici ?
-Oui.
-Agnès n'est pas avec toi ?
-Non. Je t'attendais.
Pourquoi j'ai dit ça ? Je vais encore lui faire peur...
-Ecoute, je suis désolé pour hier. J'ai pris peur, j'ai paniqué, je n'étais pas prêt pour tout ça.
-C'est moi qui suis désolé, je n'aurais pas dû te mettre devant le fait accompli.
Il me sourit doucement. Son sourire était honnête et doux, il me faisait fondre, j'avais envie de l'embrasser. Il se mit à rougir, sans doute parce que je le regardais avec insistance. Je souris à mon tour, incapable de contenir ma joie.
-Je... J'aimerais bien que ce qui se passe reste entre nous, reprit-il.
-Où est-ce que tu veux en venir ?
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'ébruiter ce...ce qu'on fait.
De quoi il parle ? De notre relation? C'est pour ça qu'il est venu me voir ?
Un sentiment de profonde déception s'emparait peu à peu de moi.
-Tu as honte ? demandé-je d'un ton bourru.
-Honte de quoi ?
-De nous.
Il me regardait maintenant le plus sérieusement du monde. Son regard grave semblait sonder mon âme. Il ne pouvait probablement n'y voir que de la colère.
-Je n'ai pas honte.
-Ah bon ? Ce n'est pas l'impression que tu donnes.
Il m'observait avec une expression indéchiffrable. Je restais inflexible, le regardant méchamment. S'il était venu me voir juste pour me dire qu'il voulait que notre début de relation reste secret, qu'il espérait que je le prenne bien, et que je ne dirais rien, il s'était lourdement trompé. Il ferma un instant les yeux, puis les ouvrit avec une lueur nouvelle. Il se leva, contourna la table pour s'approcher de moi, se pencha au-dessus de moi et attrapa mon visage pour m'embrasser, en plein milieu de la cantine remplie d'étudiants. Il n'avait pas honte, donc.
-Je n'ai pas honte.
Alors que je le regardais, les yeux écarquillés, bouche bée, en tentant d'assimiler ce qui venait de se passer, j'entendis des applaudissements lents et forts à ma droite. Je me tournais pour voir Hisoka qui brandissait son poing en l'air en signe d'encouragements.
Il est toujours là, celui-là ?
Killua le regarda d'un air blasé avant de revenir à moi. Il sortit un bout de papier de sa poche et me le tendit.
-Viens dormir chez moi, sur le campus, ce soir.
-Ok.
Le bout de papier contenait son adresse. Je détaillais amoureusement son écriture. C'est en relevant la tête que je réalisai qu'il était déjà partit.
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Envol - L'Ecole des Pages |Tome 2 |
FanficMa loyauté envers toi, mon amour, elle sera sans limite. Par-delà la mort, je tiendrai mes promesses. Et à travers tous les mondes, dans les innombrables univers que nous pourrions traverser, mon amour pour toi restera indéféctible. Je serai toujou...