3 - L'ENVIRONNEMENT

20 1 0
                                    

" Hier, j'étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd'hui, je suis sage, alors je veux me changer moi-même ".  Rûmi

Comme je vous le disais, j'aime le matin. C'est le seul moment où les égos s'endorment, où personne n'est maître de personne.

La nature s'exprime timidement et j'ai tout le temps de contempler sa parfaite beauté. Je me réveille au bruit des feuilles mortes qui jonchent le sol. La lumière des feux rouges qui plus tard dans la journée me paraîtra presque agressive, n'est le matin qu'une lumière tamisée qui va et vient, embrassant la brume et la rosée.

J'aime savoir que je me réveille en même temps que le Soleil et voir comme son lever enchante les bourdons de roses qui doucement éclosent. Le slow des feuilles d'arbres avec le vent me rappelle cette douce sensation : celle d'un baiser doux et langoureux de l'être aimé, celle de la main d'une maman qui tapote l'épaule de son enfant. Une impression familière, un sentiment rassurant.

J'aime aussi admirer le combat des racines d'arbres dont les bordures délimitées par les trottoirs sont trop étroites. Ces bosses difformes montrent l'effort fourni pour s'extirper du cadre prédéfini par l'homme pour sa croissance. Elles ne sont pas de cet avis, ce qu'elles prêchent c'est plutôt, d'aller plus haut, plus loin et qu'importe ce qu'on en pense. Car "On" ce n'est pas "moi". Je ne vis pas pour satisfaire "on". D'ailleurs « on » se contrefiche pas mal de "moi".

J'aime faire ce parallèle entre la Nature et "moi", car j'en fais pleinement partie. Le rouge de mes semelles ne me définit pas, bien que ce soit ce que je me force à croire. Peut-être ai-je peur de découvrir ma vraie nature, je préfère laisser les autres éduquer, maîtriser mes pensées ; les confronter me tétanise.

Oui je m'évade, mais laissez-moi un instant, laissez-moi profiter de ce droit qui est mien de me déconnecter un temps.

Mon regard, le matin, ne se focalise que sur ces brèves restants de vie non dissimulés par des constructions et panneaux de signalisations en tout genre. Ceux que l'on ne parvient à voir que lorsque l'on dénude son regard de tous ces filtres, ces codes mercatiques emplis de sens qu'on nous dit profonds et qu'on nous invite à longueur de journée à suivre. "Entre dans cette case petit, à défaut de n'être considéré aux yeux du monde que comme un fou. Marginal ! Tu es à l'ouest je te dis ! Regarde comme tu es différent".

Mais bougre, qui a dit qu'être différent de toi me déplaisait. Cela me permet au contraire de trouver mon équilibre. Plus je me rapproche de ton monde d'illusion et de contrôle et plus je m'éloigne de Lui, du seul, de l'Unique. Merci d'être là, sans quoi je ne pourrais distinguer les choses.

Le contrôle... Il m'amuse de voir à quel point tu penses être maître de ta vie, de tes choix, de tes décisions. Et si on décidait, main dans la main, de prendre conscience de notre petitesse ? Ne penses-tu pas que le monde serait plus sympa à vivre ?

Enfin, je te laisse... Je vais être en retard. Courir après le temps, après l'argent, pour ne pas rater cette opportunité que l'on miroite. Est-ce pour cela que nous avons été créés, courir ?

Tribulations d'une zèbre musulmaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant