Partie 1

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- Allez, Max, à la prochaine, dis-je en récupérant mon sac à dos.

        Je vérifiais que je n'avais rien oublié tandis qu'il grommelait un "au revoir" de circonstance. Je ne m'attardais pas plus et passais la porte avant de rejoindre ma voiture en courant.

- Putain, la pluie !

        Les quinzes mètres qui séparaient la caserne de ma Fiat avaient en effet suffit à me geler.

        Point positif: vu le temps, aucun incendie n'était à craindre. Point négatif: deux fois plus d'accidents sur les routes.

        Je suis jeune pompier volontaire, au cas où. Depuis bientôt deux ans. C'était une véritable passion pour moi, et sauver des vies était progressivement devenu ma vocation.

        Je jetais mon sac sur la banquette arrière, allumait la radio pour tomber sur une chanson de Green Day - Boulevard of broken dreams, je crois - puis rejoignais la route principale.

        Route principale, c'est pas peu dire. Une route où l'on se croisait à peine, toute en virages et qui serpentait un grand moment dans la forêt.

        La journée avait été prodigieusement ennuyante. A 9 heures du matin, nous avions étés contactés - c'était moi qui avait décroché- pour accident de voiture. Tom et Jack, deux de mes coéquipiers , étaient partis régler la situation, me laissant seule avec Max.

        Max était un homme très taciturne. Il devait avoir la quarantaine, et exerçait depuis plus de vingt ans. Il faisait très bien son métier mais passer la journée avec lui avait quelque chose de déprimant. Il parlait vraiment peu, répondant tout juste lorsqu'on lui posait une question. Si bien qu'à la fin de la chanson, j'étais persuadée d'avoir prononcé plus de mots en en prononçant les paroles que tout le reste de la journée.

        Les deux pompiers étaient revenus aux alentours de onze heures, leur mission accomplie. Et repartis aussi secs pour un nouvel accident. Maudit soit le café que je faisais à ce moment et qui les avait empêché ne serait-ce que de me prévenir.

        En théorie, je n'étais même pas censée bosser ce jour-ci. Abby, l'une de mes amies du collège, également pompier volontaire, m'avait appelée la veille en me disant qu'elle avait attrapé un mauvais virus. Je m'étais donc tout simplement proposée pour la remplacer. Nous nous entendions bien aussi j'étais sûre qu'elle me revaudrait le service au besoin.

        J'espérais tout de même que les quatre journées qui me restaient à passer à la caserne avant que les cours ne reprennent seraient plus palpitants pour moi, même si je détestais ce temps. Mais en février, c'était à prévoir.

        Je songeais désepérément à la pile de devoirs qui m'attendait sagement chez moi avant de m'asséner une claque mentale et me me concentrer sur la chaussée plus que glissante.

        Tête en l'air comme je suis, c'était peine perdue que de me concentrer sur quelque chose d'aussi ennuyant. J'étais une dingue d'action, aussi j'appuyais sur le champignon. Certains pensent peut-être que je suis censée être prudente sous prétexte d'être pompier ? Désolée de vous décevoir, mais j'ai 18 ans et je me drogue à l'adrénaline.

        La route était tout de suite plus intéréssante à 90 km/h. Je la prenais tous les jours pour aller au lycée et à la caserne, et la connaissais comme ma poche.

        Je poussais l'audace jusqu'à doubler un camion trop lent à mon goût, puis trois voitures.

        Je faisais l'effort de redescendre à 60 km/h pour prendre le virage le plus serré, situé sur le flanc de la montagne.

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