Chapitre 8

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Tu avances une nouvelle fois comme tu peux en direction de l'ascenseur. La répétition systématique des mêmes gestes t'agaces mais ton visage n'est révélateur d'aucune émotion. Tu n'as jamais eu très bons points à l'école, t'étais vraiment plus douée pour plier ton corps à ta volonté. Tu as l'impression que ton cerveau se révolte, il n'en peux plus d'être coincé jour après jour dans cette salle de classe au milieu des autres élèves. Comme si tu n'étais rien de plus qu'un outil de la société façonné petit à petit pour la servir. 

La seule chose qui te fait vibrer c'est la danse et à présent qu'elle a disparu de ton quotidien, ton monde semble étrangement gris. Tu as mal aux bras et comme chaque matin tu serres les dents.Tu as mal dormis cette nuit, tes membres sont tout ankylosés et tu as un torticolis. Le monde semble en avoir après toi. 

Soudainement, tu sens que des mains poussent ta chaise par derrière. Tu rentres tes bras à l'intérieur du fauteuil et soupire de soulagement malgré toi. Un professeur a du avoir pitié en te voyant déambuler avec difficulté. Tu te retournes pour voir le visage de l'adulte et tombe sur celui de Thomas. Immédiatement et malgré toi, tes joues rougissent et tu te retournes rapidement pour regarder devant toi alors qu'une sourde douleur apparaît dans ton cou, tu as momentanément oublié ton torticolis. 

__Salut !

Tu ne dis pas un mot. Ce garçon est véritablement collant. Tu ne sais pas trop comment réagir avec lui. Tu aimerais le remballer mais tu as l'impression que ça serait vraiment une mauvaise chose et depuis qu'Ariane t'en a parlé c'est encore moins évident. Savait-elle que tu faisais allusion à son fils lorsque tu as évoqué le sujet ? Lui en a t-elle parlé ? N'a t-elle pas été vexée que tu le définisses comme parfaitement quelconque ? Trop de question se bousculent dans ta tête et tu te rends compte que tu n'étais vraiment pas prête à revoir le brun. La gène que tu installes entre vous est palpable pourtant ses comportements semblent parfaitement naturel, comme si tu étais la seule à te rendre compte de cette petite tension entre vous. 

Il appuie sur le bouton pour appeler l'ascenseur et te pousse à l'intérieur avant de te suivre. Il n'y a personne dans le petit espace et un bref moment, tu as l'impression que vous êtes seuls au monde. 

__ Ça ne te dérange pas que je t'aide un peu ? Je sais très bien que t'es capable de le faire toute seule et tout hein, mais c'est parce que je me sens inutile à te regarder de loin.

__N-non. 

Tu réponds sans trop réfléchir en ne sachant pas trop quel comportement adopter. Il arrive un peu trop facilement à te déstabiliser et tu n'aimes vraiment pas ça ! Il fait rouler ton fauteuil jusqu'au couloir de vos classes et puis te lâche pour aller s'appuyer nonchalamment contre un mur. Tu regardes tes pieds sans trop savoir quoi dire, pour changer.

__Maman m'a dit que tu étais une de ses patientes, tu sais. Faut pas avoir honte. 

Tu te mords la lèvre inférieur. Non mais c'est quoi cette histoire ? Pourquoi elle a été raconter ça ! Il n'est pas sensé exister un secret professionnel ? Tu fronces les sourcils en maudissant Ariane de tout ton cœur. Elle va en entendre parler de ça ! 

__Et... E-Elle t'as dit autre chose ?

__Oh, non, elle ne me dis jamais rien, c'est normal.

Tu soupires et te décontractes un peu.

__Tant mieux. 

Il sourit doucement et passe une main dans ses cheveux. 

__ Tu manges avec moi ce midi ? 

__ D-D'accord.



L'enfer est sur terreWhere stories live. Discover now