N°12: M'expliquer avec Cooper:
Assise sur le siège passager, je frotte nerveusement mes mains sur mes collants sans oser regarder Cooper, qui ne semble pas vraiment plus à l'aise que moi. Pourtant, le fait de me trouver dans la voiture de sa mère, enveloppée d'une douce chaleur, les narines emplies de l'odeur de son parfum, me donne l'impression d'être dans un cocon moelleux. Un endroit où il ne pourrait rien m'arriver de mal.
Après quelques minutes de route dans un silence palpable, je comprends que Cooper me conduit au drive-in de la ville voisine. Et je dois avouer que c'est une excellente idée. Ainsi nous pourrons profiter de la chaleur de l'habitacle, et de son intimité, pour pouvoir ENFIN avoir cette discussion que nous avons déjà trop tarder à avoir. Oui, c'est probablement le meilleur endroit où nous retrouver. Même si, pour le coup, ça n'arrange pas vraiment mes affaires. Je suis tellement nerveuse à l'idée de lui dire ce que j'ai sur le coeur. Le soir du Bal, galvanisée par l'euphorie de ma révélation et de l'intensité de mes sentiments, le courage ne me faisait pas défaut. Mais à présent que j'ai pu m'imaginer la douleur que je ressentirais s'il me repoussait, je ne suis plus certaine d'avoir assez de cran pour sauter le pas.
Une fois garés à notre place et ravitaillés en sodas et sucreries, nous détachons nos ceintures et regardons en silence défiler la bande annonce de Suicide Squad. L'espace d'un instant, je me dis que nous allons en rester là, et que peut-être il m'a conduit ici pour passer une simple soirée film, et que les explications viendront à un autre moment. Mais Cooper gesticule sur son siège, il porte sa paille à ses lèvres et en mordille l'extrémité nerveusement. Bon, je crois que je n'y couperais pas.
Allez Jamie, c'est comme un pansement. D'un coup sec.
- Cooper, je voulais te dire, l'autre soir...
Il ne m'interrompt pas directement, mais c'est tout comme. En m'entendant parler, il s'étouffe avec la gorgée de soda à la cerise qu'il venait de prendre. Une fois sa quinte de toux passée, il repose son gobelet entre nous et pivote sur son siège pour me faire face.
- Attends, dit-il finalement. Avant que tu ne poursuive, je te dois des explications.
Cette fois, c'est à moi de perdre mes moyens. Je prend une longue gorgée de mon Milkshake au chocolat, une poignée de Raisinets, et lui fais signe de poursuivre d'un hochement de tête nerveux.
- Je crois que le plus simple est de commencer par le commencement.
On y est, il va enfin m'aider à comprendre. J'ai tant attendu ce moment que la scène me semble presque irréelle. Je tais mon impatience et le laisse parler, suspendue à ses lèvres.
- Quand ta mère et mon beau-père sont partis, ça a été très dur. Et je ne parle pas seulement de moi. Pour ma mère, ça a été horrible. Elle a très mal vécu cet abandon et en a beaucoup voulu à la tienne. Elle a dit tout un tas de chose horrible sur elle, sur toi aussi. Elle n'arrêtait pas répéter qu'il fallait se méfier des femmes Rivers comme de la peste, parce qu'elles n'apportaient que le malheur autour d'elles.
J'accuse le coup sans broncher, mais n'en suis pas moins troublée pour autant.
- Alors, comme un gamin qui croit tout comprendre, j'ai fait ce qui me semblait nécessaire. Je t'ai rayé de ma vie. Parce que j'en avais assez de voir ma mère pleurer à chaque fois qu'elle te croisait, et aussi parce que, naïvement, j'ai cru que peut-être, ça le ferait revenir. Mais ça n'a pas suffit. Alors je me suis dit qu'il fallait que j'y mettre plus d'ardeur. D'où mon comportement de connard. Et ça a marché. Enfin, mon beau-père n'est jamais revenu dans nos vies, comme tu le sais. Mais ma mère a enfin cessé de pleurer tous les jours.
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F*ck it List
Teen FictionAssez ! Que la capitaine des cheerleader ignore son nom après trois ans dans le même lycée ? Passe encore. Mais que le nouvel élève, et partenaire de labo de Jamie, réponde à son invitation Facebook par "On se connait ?", c'en est trop. Elle est bie...