MORT ARDENTE

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Texas, 1985

Rien.

Rien que le soleil qui lui brûle les yeux, rien que la pierre et la terre brûlante qui lui brûle la peau, rien que la sueur qui perle sur son front. Rien que la chaleur. La chaleur. Qui connaît vraiment la puissance meurtrière de la chaleur ? Personne, personne. A part lui. Lui il sait ce qu'elle vous fait la chaleur, il le vit en ce moment même. Il sait qu'elle douleur elle vous inflige, à quel point elle vous fait paraître la mort comme un paradis. Il a tellement envie de mourir. Comme ce serait doux, la mort ! A côté, même les flammes de l'enfer doivent paraître fraîches et humides. Comment est-il arrivé là ? En fait, il ne sais plus lui-même, et ça n'a plus aucune importance. La seule chose importante ici, c'est la chaleur et le soleil. Qui a dit que l'arme la plus puissante était la bombe atomique ? Celui qui a dit ça n'a jamais connu la souffrance du soleil. Oh, comme il aimerait pouvoir fermer les yeux ! Mais il ne peut pas. Ses paupières ne lui répondent plus ; ses yeux doivent fixer ce démon jaune qui flotte dans le ciel. Et puis la soif arrive. Sa bouche devient aussi sèche que le Sahara, comme si un sèche cheveux lui soufflait sur la langue. Dans son champ de vision, il aperçoit une bouteille, de la bière sans doute. Il veut là regarder mais le simple fait de tourner le regard lui donne l'impression d'avoir des boules de feu à la place des yeux. Doit-il se résoudre à mourir pour la délivrance ou doit-il se battre, attendre dans la douleur qu'un miracle intervienne ? C'est un choix cornélien. Sans doute doit-il s'y résoudre. Oui, c'est la meilleure solution. Après tout, que va t-il perdre ? Il n'a ni enfants, ni épouse, ni amis, pas de famille, en fait, en a t-il? Il ne sait plus du tout, et ça n'a plus aucune importance.

Mais il entend une voiture. Sur sa droite, sans doute. Et il retrouve alors un peu d'espoir. Et ça change tout. Il veut crier, mais seul un bruit rauque et guttural s'échappe de sa gorge. Et la voiture s'en va. Le silence revient, et des taches noires se mettent à tourner dans son regard. Une hallucination ou des vautours ? Qu'importe, il a abandonné la lutte, il veut mourir. Mais la mort ne vient pas. Pas plus que la brise du soir. Mais sommes nous vraiment le soir ? Il ne sait pas, il ne sait plus, car le soleil le torture toujours autant. Des larmes veulent sortir mais elles s'évaporent avant d'avoir touché le bout de sa joue. Il ne savait pas qu'un homme pouvait endurer une telle souffrance sans mourir. Au vu de la température, il devrait ressembler à du bacon grillé ! Mais non, il vit toujours et la mort ne vient pas

Et puis, finalement, il sent la mort approcher. Il l'accueille alors à bras ouverts. Elle lui murmure des mots à l'oreille, mais des mots incompréhensibles. Alors, la douleur atteint un degré sans pareil. Il se convulse, il bave, ses yeux tournent dans leurs orbites et ses membres deviennent lourds. Et puis, plop. Ses yeux éclatent, comme du pop corn. Il veut hurler en sentant un liquide visqueux lui couler le long des joues mais aucun son ne sort. Il entend juste un ricanement lointain. Ses membres se convulsent tellement qu'il décolle presque du sol, son cœur bat tellement vite que du sang afflue en abondance de ses orbites vides. Et là il hurle. Il hurle encore et encore. Un frisson glacé lui parcourt le corps, en partant des pieds, remontant le long des jambes pour ensuite passer dans les bras et atteindre le cœur. Et là, enfin, il meurt.

     Bizarrement, les enfers ne ressemblait pas du tout aux enfers bibliques. Certes, il faisait sombre et la lumière était rougeâtre, mais il n'y avait aucune flamme qui brûlait ni aucun démon qui torturait les âmes perdues. Il n'y avait rien. Et puis un détail attira son attention. Il voyait. Pourtant, il se rappelait très bien avoir sentit ses yeux éclater ! Mais il n'allais pas s'en plaindre, il ne s'était jamais senti aussi vivant. Il continua à marcher le long de ce long dédale qui paraissait infiniment long. De temps à autre il entendait ou plutôt croyait entendre des cris et gémissement lointains, comme si ce lieux se réveillaient tout doucement d'une longue nuit.

MORT ARDENTEWhere stories live. Discover now