Lorraine rentre chez elle. Ses cheveux au vent, trempés, elle pédale avec ferveur. Le soleil est bas dans le ciel. La lumière est plus faible, la chaleur est retombée. Elle arrive au portail de derrière. Elle se dépêche, marchant à vive allure. Elle pose rapidement son vélo dans le cabanon et retourne vers la maison.  Elle décide de passer par la porte de derrière. Elle contourne la maison par la droite et juste au dessous de sa chambre, ouvre une porte en bois. Elle arrive dans la buanderie. Il y a un escaliers en colimasson en fer noir sur sa droite. Elle l'empreinte et se retrouve dans le couloir. Avec un peu de chance elle n'est pas en retard; ou alors personne ne la remarquera. Elle ouvre doucement la porte de sa chambre. Elle allume la lumière et se change rapidement, enfilant un autre débardeur et un short en toile. Elle a trouvé une petite serviette pour se sécher un minimum. En se faisant un chignon, elle réduit les risques qu'on s'aperçoive que ses cheveux sont mouillés. Elle se remet de ses émotions et de sa course en s'asseyant sur son lit. Elle se regarde rapidement dans le miroir au dessus de son bureau. Le rouge qui lui était monté aux joues est partie. Elle peut descendre. Elle essaie de se faire discrète mais à peine a-t-elle mis un pied dans le salon qu'une voit résonne:

- Lorraine! Avez-vous vu l'heure! Nous vous attendions pour le dîner! Il me semble que ce n'est pas le comportement que devrait avoir une jeune fille qui espérait aller à Paris!

Lorraine baisse les yeux. Elle se doute de ce qu'y l'attend. Une main ferme lui attrape le bras. Elle est tirée et trainée par madame Montabis, qui sert son bras avec plus de fermeté. Lorraine ne risque pas de s'échapper. Elles montent les marches rapidement. Madame Montabis ouvre la porte d'un grand coup et pousse Lorraine à l'intérieur. La lumière crue du plafonnier rend la scène encore plus désagréable. 

- Pour l'instant, votre valise vous n'en avez pas besoin! 

Sur ces mots madame Montabis attrape la poignet de la valise. La valise s'ouvre et tous ses vêtements tombent. Le livre aussi évidemment. Madame montabis se penche lentement et le prend. 

- Et vous pensiez apporter ce livre!

Lorraine est désespérée. Madame montabis ne rajoute pas un mot, mais Lorraine sent le poids de ses yeux. Alors elle relève la tête. 

-Et bien oui je pensais avoir un livre avec moi! Dois je vous rappelez que je ne veux pas être une femme comme vous! Je veux m'instruire, me cultiver, échanger! Bien que mon père veuille faire de moi une épouse formidable, je ne serais jamais une bonne femme comme vous! Et vous le savez! Alors laissez moi aller à Paris! Vous ne me changerez pas! Ma mère vous aurait détestée! 

Lorraine crie et hurle ces paroles, qu'elle veut si souvent dire à son père. Elle continue sa tirade. Mais elle s'arrête soudain. Une larme vient de rouler sur la joue de Madame Montabis. Les yeux en fasse d'elle semble si démunies. Et pourtant ils sont injectés de sang. Madame Montabis ouvre légèrement sa bouche et une voix déformée et pourtant furieuse en sort. 

- Et bien allez-y à Paris! Je ne veux plus jamais vous entendre dire cela Lorraine! Partez le plus longtemps possible d'ici! je ne veux plus vous revoir!

Lorraine ne sait pas quoi dire. Elle voudrait dire quelque chose. Pas s'excuser, elle ne le fait que très rarement et l'effort lui en coute. Mais au moins insinuer que ce n'est pas ce qu'elle tenait à dire. Mais il est trop tard. Madame Montabis vient de reculer lentement, une lueur indescriptible dans les yeux. Elle ouvre lentement la porte, toujours face à Lorraine. Puis elle disparait. Lorraine s'affaisse sur son lit. Elle s'enfonce dans les couvertures. Lentement, elle reprend ses esprits. Doucement, elle se lève du lit. Puis elle se baisse et ramasse ses affaires. Elle les pose sur sa chaise. Elle n'a pas la force de faire de nouveau sa valise tout de suite. Elle entend de léger sanglots. Puis des pas. On toque à sa porte. C'est Armand. Il a s'en doutes entendu les cris. Il la prend dans ses bras. Lorraine s'y affaisse. Les relations avec madame Montabis n'ont jamais étaient faciles, mais de là à ce que Lorraine s'emporte autant, cela n'était que rarement arrivé. Puis Armand pose sa sœur sur le lit. Il lui ordonne alors de se déshabiller et de se coucher. Evidemment, il sort de la pièce. Il en profite pour intimer à Hélène d'aller elle aussi se coucher. Lorraine enlève lentement ses habits. Puis, elle met une chemise de nuit. Elle ouvre la fenêtre. l'air frais lui fait du bien. Elle ferme les volets et laisse la fenêtre ouverte. Puis elle se dirige vers son lit à tâtons. Elle se glisse sous les couvertures et ferme les yeux. Elle est déjà endormie quand son frère revient. Il refait rapidement la valise.   

Femme ou le cabanon au fond du jardinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant