DANS LA PEAU D'AROLE AKZAK___Je craignais que tu ne viennes pas, mon fils...
Un soupir las franchit mes lèvres tandis que je laissai mon regard se perdre dans la foule compacte réunie pour cette soirée que je trouvais déjà accablante, alors même que je n'y avais posé le pied que depuis quelques minutes.
La musique grondait à mes oreilles, couverte par les tintements incessants des verres s'entrechoquant et par l'éclat brutal des flashs crépitant à chaque battement de cils sous l'assaut des journalistes.
Et pourtant, au milieu de ce tumulte, ce ne sont ni les sons ni les lumières qui m'éprouvaient le plus : ce furent ces iris verts, si semblables aux miens, qui suffisaient à me donner la migraine.
Ma mère. Liselotte Akzak.
Moi: Tu te doutais bien que je serais là ; ne feins pas l'étonnement, mère.
Lâchai-je d'un ton ferme.
Elle esquissa un sourire en coin, sans chercher à dissimuler le moindre de ses desseins.
Moi: Tu savais pertinemment que je viendrais, dans l'espoir de te faire entendre raison, et de te convaincre de moi même , de cesser de t'immiscer dans ma vie.
Elle répondit d'une voix mielleusement froide :
Elle: M'immiscer dans ta vie ? Est-ce là ce que tu oses prétendre, jeune homme ? Te crois-tu déjà assez grand pour pouvoir prétendre à une quelconque indépendance vis-à-vis de moi ?
Tout en prononçant ces paroles cinglantes, elle adressa à un convive passant à proximité un sourire factice, effleurant ses lèvres l'espace d'un battement de cœur, avant que son regard, soudain glacé, ne revienne s'ancrer dans le mien.
Ses traits s'étaient durcis ; ses doigts, crispés autour du cristal de son verre, menaçaient à tout instant d'en faire éclater la fine paroi sous la pression de sa poigne.
Elle: Tu as exigé que ton père et moi te laissions libre, sous prétexte que tu avais besoin de respirer, d'avoir ton propre espace. Nous avons accepté et...
Moi: Alors pourquoi, si tu l'as accepté, as-tu envoyé tes hommes chez moi ?
Coupai-je sèchement, la voix ferme.
Car oui, ma mère avait bel et bien procédé ainsi. En mon absence, elle avait fait stationner ses hommes à chaque recoin de ma demeure.
Et comme si cela ne suffisait pas, elle avait eu l'audace d'accompagner cette intrusion d'une misérable carte d'invitation, négligemment abandonnée sur la table basse du salon, une convocation à cette cérémonie dont l'insipidité ne suscitait en moi qu'un profond désintérêt.
À l'instar, d'ailleurs, de toutes les cérémonies orchestrées par cette élite dont je vomissais les apparats.
Elle: Te laisser vivre librement ne signifie point que je doive te livrer au danger, mon fils. Rolito n'est pas en mesure de te protéger comme tu le mériterais. Face à une attaque sérieuse, ton garde du corps ne tiendrait que quelques secondes avant de sombrer... Et ta sécurité est, qu'on le veuille ou non, ce qui m'importe par-dessus tout, jeune homme.

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LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNE
RomanceTravailler au palais royal ? Ce n'était pas dans ses rêves. À vingt ans, Merveille n'avait qu'un seul objectif : réussir ses études en médecine , aider sa famille, et garder pour elle certaines blessures qu'on préfère ne pas nommer. Quand une oppor...