Chapitre 5 - Livia 📷

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Je suis toujours dans ce sommeil profond nommé le comma, et je ne regrette toujours pas. D'après ce que j'ai perçu, j'ai subi une lourde opération suite à un problème urgent lié à mon corps. Je n'ai pas réellement compris de quoi il s'agit. Ma mère préfère me tenir informée de vive voix lors de mon réveil alors je n'ai plus qu'à attendre pour avoir des réponses, sauf si un des médecins glisse malencontreusement l'information dans ma chambre.

J'entends soudainement la porte de ma chambre s'ouvrir et deux voix d'hommes résonnent dans la pièce silencieuse. Je reconnais directement de qui il s'agit avant même qu'ils ne s'adressent à moi.  Il s'agit de mon frère jumeau, Aïdan et mon cousin, Uriah. Ils étaient tous les deux partis en Australie avant l'attentat pour raisons professionnelles. Mon frère et moi avons cinq ans d'écart avec notre cousin. À ses trois ans, un accident a tué ses parents, le laissant pour seul survivant. Depuis ce jour, mes parents l'ont accueilli avec joie et je le considère comme un petit frère. Il a aujourd'hui seize ans tandis que nous en avons vingt-et-un.

-Je te l'avais dit pauvre imbécile, grogne Aïdan. Chambre trois cent douze pas trois cent treize !

-Je suis en état de choc, dit doucement Uriah en prononçant distinctement chaque mot. Ce n'est pas le moment pour me gueuler dessus.

Comme nous représentons une vraie fraterie, il est logique que ces deux êtres  masculins passent leur temps à s'engueuler.

-Mais tu crois que j'avais envie de voir cette vieille à poil aussi ? Réplique mon frère.

-Tu sais autant que moi que je ne t'écoute jamais vieux schnoque. J'écoute que ma cousine, elle est largement plus intelligente que toi.

Si je n'avais pas été dans le coma, je lui aurais fait un câlin sans hésiter. J'adore les câlins, et je n'hésite pas à en faire à  la moindre occasion, comme là. Je vous dis directement, il n'y a pas de quoi s'ennuyer avec ces deux-là.

Leurs pas retentissent, ce qui est signe qu'ils se rapprochent de moi et ils glissent chacun leurs mains dans les miennes.

-Même dans le coma elle est belle, souffle mon cousin.

-Normal elle tient de moi.

-De un, elle est née dix minutes avant toi et de deux avec ta face de babouin ? Mon cul est plus beau que ta tronche, rit Uriah. Rien à voir avec ma cousine chérie, une vraie beauté. C'est de famille, mais visiblement, tu es exclu du pack beauté familiale.

J'entend le bruit d'une claque, suivit d'une autre. D'habitude je les frappe encore une fois chacun parce qu'ils se frappent entre eux. Et vu que je suis une femme, on ne me frappe pas ! Ça a beaucoup d'avantages d'être la seule fille au milieu de ces deux-là. De plus, je ne me suis jamais sentie seule entourée des deux garçons, parce que nous sommes très complices.

-Bon finalement il y a un avantage à ce que ma jumelle soit dans le coma. Elle ne nous frappe pas au moins.

-Dis que t'as peur d'elle couille molle. Avec sa force de mouche on sent rien du tout !

La question que je me pose à cet instant précis c'est : est-ce qu'ils savent que je les entend ? Ça n'a pas l'air d'être le cas. Ils parlent comme si de rien était, ne s'adressant aucunement à moi.

-Je peux te confirmer qu'elle a plus de force que toutes mes ex qui m'ont frappées à la fin, témoigne mon frère. Pourquoi j'ai que des ex qui me frappent en plus ?

J'entends soudainement le grincement familier de la porte de ma chambre, suivi par quelques pas. Je crois qu'être dans le coma développe énormément mes capacités auditives. J'essaie d'interpréter chaque petit bruit.

-Je savais pas que les infirmières étaient bonnes dans la vraie vie, murmure Aïdan à notre cousin.

-Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais elle vous entend, les informe l'infirmière.

-Oh merde, lâchent en même temps les deux imbéciles.

Au moins, j'ai ma réponse. Je n'étais visiblement pas la seule à me poser cette question.

-J'ai rien dit de mal moi de toute façon. J'ai rien à me reprocher, continue Uriah.

Un long silence s'en suit. Elle doit certainement regarder la machine suivant les battements de mon cœur et autres mesures que j'ignore. Elle les salue et obtient des réponses de la part des deux garçons. Quelqu'un entre au même moment qu'elle sort.

-Vous êtes Levi, non ? Demande mon jumeau au nouvel arrivant.

L'arrivant répond positivement, me faisant savoir que toute ma famille l'aura rencontré avant moi. Quand est-ce que je vais enfin pouvoir le rencontrer moi-même ?

-Moi c'est Aïdan son jumeau et le pauvre imbécile et moche c'est notre cousin Uriah.

-Je te ressemble trou du cul, crie Uriah en articulant chaque syllabe.

Uriah crie toujours quand il commence à perdre patience. Quand c'est le cas, je lui caresse toujours les cheveux pour le calmer, mais je ne vais pas pouvoir le faire aujourd'hui. Uriah est une personne très calme, mais il s'emporte très très facilement. Je ne vous dis pas le nombre de fois où il a crié sur ses professeurs, entraînant d'innombrables heures de colle. Il est un très bon élève, vraiment intelligent, mais la moindre remarque d'un prof peut lui être fatale. C'est son gros défaut.

-Je vous présente mon fils, Julian.

Levi a vraiment une voix très grave et virile, c'est vraiment sexy, je dois l'avouer.

-L'enfant qu'elle a sauvé c'est bien ça ?

-C'est bien lui.

-Elle a bien fait.

-Elle est très courageuse, c'est une qualité admirable.

-Oh que oui, elle ne recule devant rien ! Elle agit toujours comme bon lui semble, mais elle ne pense que rarement aux conséquences de ses actes. Mais je suis heureux qu'elle l'ait fait même si elle se retrouve sur ce lit aujourd'hui. Ça la représente bien cette action, et elle n'aura jamais de regrets.

-Je lui en suis infiniment reconnaissant, c'est incroyable ce qu'elle a fait pour lui.

-Et c'est incroyable ce que vous avez fait pour elle en retour. Ce n'est pas rien.

-Je me devais de le faire, lui rendre la pareille.

Un silence s'en suit et je me demande ce qui s'est passé. Pourquoi est-ce que je ne suis pas au courant ? J'ai des tas de questions qui resteront sans réponse tant que je suis dans le coma.

-Papa, Livia elle se réveille quand ? Retentit une voix d'enfant, brisant le silence.

-Je ne sais pas mon cœur.

-Mais elle va se réveiller hein ?

-Oui bien sûr. Désolé, il tient vraiment à la rencontrer pour la remercier.

-C'est normal, je comprends. Et je suis sûr qu'elle a très hâte de vous rencontrer tous les deux.

Oh oui, moi aussi j'ai énormément envie de les rejoindre. Julian... C'est la première fois que j'entends son prénom. Ça me touche qu'ils viennent tous les deux voir si je suis réveillée. J'ai terriblement envie de leur parler, de faire leur rencontre et d'échanger sur ce que nous avons vécu. J'ai toujours aimé rencontrer de nouvelles personnes. Et ces deux-là sont les premiers que je veux rencontrer dès que j'aurais retrouvé mon état de conscience totale.

Mannequins persécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant