*** Le texte est à écouter en même temps avec sa musique de renfort dans la vidéo ci-dessus***
Le rivage
Tu es sur ton radeau,
Ma pauvre amie blessée,
Seule au milieu des flots
De tous tes grains passés,
Et les nuages noirs
Chassés vers l'horizon
Te laissent sans espoir
Et sans destination.
Tu sais ce qu'est la terre,
Comme est doux le soleil
Pour celui qui espère
Parmi tous ses pareils,
Tu sais le goût du miel,
La fraîcheur des boissons,
Les promesses du ciel
Et la joie des moissons,
Mais tu n'as plus en tête
Que l'effroi des abîmes,
Les cruelles tempêtes
Et la mort qui décime.
Et tandis que les vagues
Chahutent tes sanglots,
Que ton esprit divague
Sur le désert des flots,
Tandis qu'un feu cruel
Te brûle tout le corps,
Et que partout le sel
S'acharne sur ton sort,
Tandis que de tes doigts
Tu t'agrippes encore
Aux maigres bouts de bois
Qui retardent ta mort,
Tu ne vois pas en haut
Les cieux qui se dégagent,
Tu ne vois pas au loin
La vie qui t'encourage,
Tu ne vois plus en toi
L'envie qui t'envisage.
Tu ne vois plus en haut
Qu'un destin de carnage,
Tu ne vois plus au loin
Qu'impossibles rivages,
Tu ne vois plus en toi
Que de fatals ravages.
On est cent comme toi,
On es mille, et millions,
Dérivant comme toi
Jusqu'à la déraison,
S'accrochant comme toi
Malgré nos dérisions.
Tiens bon, amie blessée :
Ton radeau de fortune
Ressemble à notre Lune
Qui ne peut nous laisser.
Il grossit, s'arrondit
De nos espoirs premiers,
Puis décroît, s'alourdit
Quand la nuit va gagner ;
Mais si ce luminaire
S'en vient à disparaître,
C'est pour réapparaître
Sitôt qu'on désespère !
Vogue donc, mon amie,
Puisque c'est ton voyage,
Mais n'oublie pas, la nuit,
Que viendra le rivage
Où un sol plus solide
Accueillera tes pas,
Où des douceurs splendides
Chasseront le trépas.
Accroche-toi, l'amie,
Et puise dans mes forces
De quoi tenir l'écorce
Du bois de ta survie.
P.S. : je sais qu'il faut vraiment que je m'achète un vrai microphone pour réussir des enregistrements décents... ;p
Crédits du morceau de musique qui porte si bien mon texte :
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Le rivage
PoetrySon cri m'est parvenu dans la nuit, et derrière la violence j'ai perçu les sanglots. Je réponds à sa voix aujourd'hui par la mienne.