Chapitre VII: Un celte nommé Tibalte

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L'inauguration du Colisée avançait à grands pas. Il ne restait plus que quelques semaines avant la première entrée de Calliandra dans l'arène. L'entraînement se faisait de plus en plus intense mais la jeune gladiatrice supportait le rythme et ne baissait jamais les bras. Elle savait que sa vie était en jeu. Elle devait revenir au ludus, elle avait fait une promesse et comptait la tenir. Martial semblait de plus en plus nerveux au fil des jours et redoublait de recommandations. Il observait tous les entraînements de ses hommes avec attention et descendait souvent à leur rencontre pour obtenir les impressions du doctore. Calliandra demeurait la source principale de ses inquiétudes. Son visage était moins doux qu'auparavant, moins serein et son comportement changea. Il laissa de côté la tendresse et l'affection pour se montrer particulièrement sévère avec sa petite-fille, bien plus qu'il ne l'était avec ses esclaves. La peur le faisait agir, Calliandra en avait conscience mais souffrait de cette toute nouvelle distance entre elle et lui.

L'homme que devait envoyer le sénateur Rufus vint au ludus quinze jours avant le début des jeux. Il apporta avec lui un contrat qui stipulait que le sénateur s'offrait les services de quatre gladiateurs provenant de chez Benus. La somme d'argent proposée était à la hauteur des attentes du laniste et de son épouse. Les gladiateurs combattraient par paires, Tibalte serait aux côtés de Calliandra et Prudens, aux côtés de Verus. Cette décision rassura Martial, sa petite protégée ne serait donc pas seule pour son premier combat dans l'arène. Les termes du contrat spécifiaient également que Calliandra devrait se présenter sous le nom de Calliandra, le rubis de Rome et qu'elle porterait une tenue choisie par le sénateur. Le contrat fut signé et le messager repartit annoncer la nouvelle au sénateur après avoir accepté une coupe de vin. Tullia était enchantée, la fortune leur souriait enfin.

Le soir-même, Martial annonça à ses gladiateurs la nouvelle. Ceux qui n'avaient pas eu la chance d'être sélectionnés pour les jeux encouragèrent les autres sans jalousie, ni rancœur. Les gladiateurs formaient une confrérie et se devaient de se soutenir. Ils vivaient ensemble de nombreuses années, perdaient des frères dans l'arène, créaient des liens. Ils étaient liés les uns aux autres dans le sang et l'acier, liés par les cris de la foule dans la mort et la gloire. Il fut donc convenu que les entraînements s'en trouveraient modifiés. Calliandra et Tibalte combattraient ensemble face à Prudens et Verus.

- Vous devez apprendre à vous battre ensemble sans vous gêner. Créer une harmonie d'attaque et de défense pour vaincre l'adversaire. Combattre seul peut s'avérer parfois plus simple qu'à deux, expliqua Martial. Il se fait tard, vous regagnerez vos cellules à la nuit tombée. Profitez de votre temps libre comme il vous plaira. Je vous ai fait porter du vin et des fruits pour célébrer l'événement.

Les gladiateurs remercièrent le laniste et rejoignirent l'entrée de la galerie souterraine qui menait aux cellules. Des plateaux de fruits avaient été disposés dans les nombreuses alcôves ainsi que plusieurs amphores. Calliandra voulut s'éclipser pour rejoindre sa mère qui devait l'attendre dans leur cellule. Elle ne vivait pas parmi les gladiateurs pour des raisons évidentes et n'avait d'ailleurs jamais mis les pieds dans cette galerie. Tandis qu'elle s'éloignait, une voix l'interpella :

- Viens boire avec nous le moineau. On ne va pas te manger, c'est promis.

Tibalte s'approcha d'elle et lui tendit un bol en terre cuite rempli d'un liquide pourpre.

- Merci mais je ne bois pas de vin, répondit Calliandra avant de lui tourner le dos.

Il saisit son bras pour l'empêcher de partir et l'attira doucement vers lui.

- J'aimerais que tu restes un peu. Ce n'est pas tous les jours que nous avons du temps libre. Ce serait bien que tu te familiarises avec eux aussi, ajouta-t-il en désignant les autres gladiateurs qui buvaient en riant bruyamment. Ils ne sont pas tous aussi grossiers que Prudens, rassure-toi. Il y a des hommes bien dans ce ludus.

calliandra la gladiatrice : le rubis de romeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant