"Madame, vous pouvez m'aider ?"
Dans un sobre quartier résidentiel, j'errais sans but. Derrière moi, cette voix fluette. Je me retournait pour découvrir un petit garçon, sur le pas de sa porte, me regardant de ses grands yeux. Je m'approcha. Évidemment, un enfant qui a besoin d'aide, comment résister ?
« Bien sûr, bonhomme, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
- J'ai faim, et ma maman ne veut pas me répondre. »Il m'entraîna à l'intérieur de sa bâtisse. Aussi sobre que la rue, quelques cactus en pot, un style rustique oscillant entre le beige et le brun, aux légères touches de vert.
« Peut-être que si je vais parler à ta maman, elle répondra. Où est-elle ?
- Dans la salle de bain. C'est par là, dit-il en m'indiquant une des portes du couloir.
- Comment s'appelle ta maman ?- Lucie, je crois.
- Tu crois ?
- Je l'appelle toujours Maman, et les grands l'appellent Lulu. »Je souris avant de me poster devant la porte ornée d'une petite baignoire colorée. Je toquais doucement. Pas de réponse. Un autre essai. Toujours rien.
« Lucie ? Vous êtes là ?
- Ça ne sert à rien, commenta l'enfant. Elle est là dedans depuis des heures ! »
- Depuis des heures, tu dis ? Madame, je vais entrer ! »La porte est verrouillée. Je tentais de forcer, mais rien n'y fit. J'observais la serrure. C'en était de celles qui avaient été posées incomplètes, et dont le mécanisme d'ouverture était exposé, pouvant être actionné à l'aide d'un matériel sommaire.
« Est-ce qu'il y a des outils de bricolage chez toi ?
- Oui, mais ils sont trop hauts pour moi. Pourquoi ma maman reste dedans ?
- Ne t'en fais pas, elle doit sûrement avoir une bonne raison. Où sont les outils ? »Le garçon me conduisit dans le garage. Un grand débarras, qui servait davantage à entreposer un pelle-mêle d'objets poussiéreux qu'à protéger son véhicule des intempéries. Le seul endroit rangé de ce lieu était un établi dont les divers outils étaient ordonnés à la perfection, à l'exception d'une pince. Par précaution, je fourra ma main dans un gant avant de saisir cette pince, aussi fine que solide, et retourna vers la salle de bain. L'enfant me suivait sans bruit, observant mes mouvements de cet air interrogateur que les mômes arborent toujours. J'enfonçais l'outil dans la serrure et agrippa le loquet avant de le faire pivoter, non sans peine.
Quand il sauta soudainement avec un certain bruit, libérant l'accès. Je posa la pince sur un meuble non loin avant de saisir la poignée. Entrouvrant doucement la porte et faisant signe à l'enfant de rester derrière moi, je sentis une odeur métallique et lourde planer dans la pièce. Je ne fut pas surprise en découvrant face à moi une baignoire à l'eau rougeâtre et au cadavre bleuté aux avants-bras striés trônant sous la fenêtre. L'enfant passa sa tête par la porte et vit la scène.
« Petit. Qu'est-ce que tu ressens ?
- Je ne sais pas, je vais bien, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Rien. Viens, je vais te raconter une histoire. »Je sorti de la pièce et ferma la porte avant d'emmener l'enfant dans le jardin. Là, un banc d'extérieur formait un beau tableau pour romancer une triste nouvelle.
« C'est quoi, ton nom.
- Je m'appelle Thomas.
- Et bien, Thomas, tu vois les nuages, là haut ? Demandais-je en pointant une belle tache blanche sur un ciel clair. Là haut, il y a des anges qui y vivent. Et parfois, quand les gens sont trop méchants, il y en a qui descendent parmi les gens sur Terre, pour tenter de rendre le monde meilleur et de combattre les vilains. Ta maman était un ange, comme eux. Elle a réussi à les battre, comme un vrai super-héros.
Mais un jour, elle est tombé sur un méchant très très méchant, et malheureusement, il a gagné. Elle a eu très peur que le méchant s'en prenne à toi, alors elle est rentrée chez elle pour demander de l'aide à d'autres anges, pour qu'ils viennent te protéger.
- Et les marques qu'elle avait sur elle ?
- C'est comme ça que les anges rentrent chez eux. Mais ils doivent bien réfléchir avant, car une fois qu'ils sont retournés dans les nuages, ils ne peuvent plus revenir sur Terre. Et ta maman devait avoir très peur pour toi si elle a choisi de prendre ce risque.
- Donc je ne la reverrais plus ?
- Non, mais elle sera toujours près de toi, et les anges qu'elle a appelé veillerons toujours sur toi.
- Et toi, t'es un ange envoyé par ma maman ?
- On peut dire ça. Bon, tu as faim ? Tu veux manger quoi ?
- Je sais pas.
- Évidemment, tous les enfants répondent ça, me murmurais-je. Bon, je vais te proposer un jeu ! Prends toutes les choses que tu aimes bien manger, et je te ferais un plat avec ça.
- D'accord ! »L'idée semblait bien lui plaire, il parti aussitôt en direction de la cuisine. Je profita de son absence pour prévenir les autorités et leur exposer la situation. Dans cette rue, à ce numéro, une femme nommée Lucie, mère d'un enfant d'à peine six ans, avait décidé de mettre fin à ses jours au beau milieu de la journée, laissant le petiot seul. Bon endroit, mauvais moment, je m'occupe de l'enfant, m'assurant qu'il aille bien. L'équipe spécialisée devrait arriver d'ici quelques dizaines de minutes. L'appel passé, je rejoignis l'enfant dans la cuisine.
Sur la table étaient posés de la crème anglaise et des bâtonnets de poissons. Quelle ne fut pas l'envie de relever l'absurdité de ce choix culinaire aussi douteux que culte.
« Du poisson à la crème ?
- J'ai vu ça à la télé, ça a l'air bon !
- Ça peut être drôle à tester, fis-je en souriant. Mais c'est l'heure du goûter, tu ne veux pas quelque-chose comme des gâteaux ?
- Des gâteaux au poisson et à la crème, alors ! »L'arrivé de la police promet d'être longue, avec ça.
YOU ARE READING
Les anges ont-il des ailes blanches ?
Mystery / ThrillerPetite introduction à un récit policier. Je ne sais pas si je vais le continuer, mais cela reste une petite historiette "mignonne" à partager, alors bonne lecture ! Une mère se suicide, laissant seul son enfant de six ans à peine. L'héroïne, passant...