Chapitre 23

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Je ne pouvais pas décrocher mes mains de son pull malgré ma respiration plus calme. Ses bras m'entouraient confortablement, mes doigts passèrent de son dos à son torse, baissant la tête timidement.
- Ça va aller Ayame...
- Oui.
Ma réponse était brève et insensée. Je n'y croyais pas.

Quelques instants plus tard, Akaashi m'avait accompagné au salon pour nous reposer sur le canapé. Un thé chaud entre mes mains tremblantes, la fumée qui en sortait me faisait froncer du nez. Le brun ria d'un air gêné, triturant ses doigts depuis un moment.
- Akaashi ?
- Oui ? dit-il en se redressant face à moi.
- Que s'est-il passé avec Bokuto ?
- Que veux-tu dire par là ?
- Ne me prends pas pour une idiote, Akaashi.
- Tu devrais faire attention à comment tu t'adresses à un dominant, Ayame.
- Tu n'es pas comme les autres... J'aimerais savoir pour quelles raisons, mais je suis tenue à l'écart depuis le début.
- Si tu es tenue à l'écart, ce n'est pas pour rien !
- Je peux comprendre certaines choses, je suis la première héritière du Clan Nekoma ! m'exclamais-je.
- Ce n'est pas contre toi, c'est ce que je veux dire, se rattrapa-t-il.
- Je commence à en avoir marre d'être limitée à mon rang de soumise, marmonnais-je.
- Un jour, tu comprendras, sourit-il.
- Tu ne peux pas comprendre ! hurlais-je soudainement.
- Bien sûr que si !
- Non, tu es un dominant, tu as eu tout ce que la vie à offrir de bon !
Akaashi baissa les yeux sous mon air renfrogné. Mon corps tout entier s'apaisa à cette instant précis, mon cœur battait de façon plus calme, plus lentement, et ma respiration semblait s'être arrêtée.
- Tu-
- Boucle-là ! cria-t-il en se levant. Je peux comprendre ce que tu ressens !
Je ne pus m'empêcher de regarder le tatouage de sa main droite, remplis et aussi noir que j'imaginais le cœur d'un dominant. Il ne pouvait pas être autre chose qu'un dominant.
- Tu as baissé les yeux ? demandais-je incrédule.
Son regard rejoignit le mien et, étonnamment, mon instinct ne me força pas à capituler lorsque je le défiais.
- Tu es vraiment, vraiment, spécial.
Akaashi se rassit et pouffa de rire.
- Je suis tout simplement un soumis.
- Quoi ?
- Pourquoi es-tu étonnée ? Tu l'as bien vu par toi-même ? ria-t-il.
- Mais comment as-tu trompé le Conseil ? C'est impossible !
- Je dois mon rang à Bokuto.
- Comment ça ? demandais-je perdue.
- L'année dernière, lorsque Bokuto a appris ma soumission, nous avions peur de ce qu'il pouvait m'arriver. Le Clan de Fukurodani comprend plus de soumis que de dominants, et nous ne voulions pas avoir besoin des autres Clans pour acquérir du pouvoir...
- Je savais qu'être choisie par Bokuto apportait une relation plus concrète entre Nekoma et Fukurodani, mais je pensais que les deux Clans possédaient un pouvoir égal...
- Le Clan donnant un soumis en offrande, si nous appelons ça comme le Conseil aime le dire, est un Clan associé mais redevable au Clan qui donne un dominant, parce que cela doit être considéré comme un honneur d'avoir un dominant avec un de ses soumis.
- Je ne comprends pas...
- Ayame... souffla-t-il. Ce n'est pas contre ton rang et je ne dis pas que je suis d'accord avec ça, mais tu sais bien la façon de penser du Conseil.
- Comment Bokuto a pu changer ton rang ?
- La seule solution était de gagner la confiance du Conseil pour réussir à y entrer. Le seul plan que nous avions trouvé était de faire de Bokuto un dominant reconnu, c'est pour ça qu'il a sa réputation d'aujourd'hui. Ses relations avec différentes soumises a fait beaucoup parler de lui et il a pu entrer au Conseil pour falsifier mon dossier. Pendant ce temps, je me tenais à l'écart de tous les médias pour ne pas être connu du grand public, sinon mon rang aurait été connu de tous et nous n'aurions rien pu faire.
- Mais pourquoi ? Je ne peux pas croire que Bokuto ait fait tous ces sacrifices seulement pour un rang ! Qu'est-ce que tu risquais ?
- J'étais promis à un autre Clan et je ne voulais pas quitter Bokuto, ni tous les autres membres de Fukurodani. Aujourd'hui nous sommes un des Clans les plus puissants !
- Il faut bien que quelqu'un le fasse... Je me suis sacrifiée pour mon Clan, parce que je suis une soumise et rien d'autre. Si c'est comme ça que je peux honorer Nekoma alors je ferais n'importe quoi !
- Ce n'est pas le problème... marmonna-t-il.
- Vous êtes contents que je sois des vôtres maintenant, alors pourquoi tu ne pourrais pas en faire de même ?
- Parce que j'avais des sentiments pour mon futur dominant ! avoua-t-il. Ça ne te dérangeait pas d'être promise à Bokuto puisque tu ne rêvais pas d'un foyer heureux avec lui, tu ne le connaissais même pas...
- Tu n'es pas amoureux de Bokuto ? demandais-je timidement.
- N-Non ! Pas du tout !
- Pourquoi êtes-vous plus complices que lui et moi, pourquoi tu ne voulais pas quitter ton Clan, dans ce cas ? Je pensais que tu voulais être promis à Bokuto, même si être du même rang que lui n'arrangeait pas les choses.
- Non, comment peux-tu croire une chose pareille ? ricana-t-il de bon cœur.
Un bruit sourd venant de l'étage coupa notre discussion.
- Je ne sais pas si Bokuto va apprécier le fait que je t'ai parlé de notre secret, alors je te fais confiance... dit-il tout bas avant que le concerné ne descende, posant sa main sur la mienne.
- Que lui est-il arrivé tout à l'heure ? Je te promets que je ne lui ai pas manqué de respect... Il s'est emporté tout à coup, je ne pouvais plus contrôler ma peur, c'était...
- Tu avais l'odeur du rouquin sur toi, à quoi voulais-tu que nous pensions ?
- Tu vas rire...
- Pourquoi ?
- Pendant votre voyage, une radio a suivi vos déplacements sur Miyagi pour tenir au courant sur l'évolution de la situation, et la présentatrice t'as présenté comme le soumis de Bokuto.
- Tu croyais que nous étions amants, Bokuto et moi ? sourit-il.
- Pour ma défense, beaucoup de preuves étaient contre vous, donc oui.
- Non, ne t'en fais pas. Je te promets que je ne te cache rien de ce genre !
- Je suis désolée... J'ai tellement cru à cette histoire que je ne voulais plus rentrer à Fukurodani, alors Hinata m'a couvert de son odeur pour masquer mon angoisse de vous revoir.
Le garçon se contenta de me sourire gentiment, comprenant sûrement ma peine. Je bus quelques gorgées de mon thé moins chaud qu'au début de notre discussion.
- Dis Akaashi ? Tu penses que Bokuto m'en voudra longtemps ? Il m'a vraiment fait peur, ses yeux ressemblaient à ceux d'une bête affamée.
- Non, n'y pense plus Ayame ! Même si ce que tu as vu était très impressionnant, Bokuto n'est pas rancunier et nous n'en parlerons plus dès demain.
- D'accord.
- Ça va aller ? demanda-t-il fasse à ma brève réponse.
J'hochais gentiment la tête de haut en bas, le nez pointé dans la tasse qui réchauffait mes mains.
- Akaashi ? À quel dominant étais-tu promis ?
- Eh bien... C'est drôle puisque tu le connais.
- Tu es sûr ? Je ne connais personne à part le Clan Nekoma et Karasuno...
- Oui.
- Je ne sais pas... Fait-il parti de Karasuno ou de Nekoma ?
- C'est un chat très sournois... marmonna-t-il.
- Non ? Je ne peux pas le croire !
- Comment as-tu deviné ? s'exclama-t-il le sourire aux lèvres.
- Personne n'est comme lui, mais- Je n'arrive pas à y croire ! riais-je.
C'était la première fois que je riais de si bon coeur, une main sur ma poitrine rythmée par ma respiration saccadée. Akaashi dû m'enlever la tasse des mains pour ne pas qu'elle se renverse sur le sol du salon. Ses yeux d'un bleu si profond me transperçaient sans gêne, souriant en voyant mon état.
- Pourquoi cela t'étonne ? ria-t-il d'un air gêné.
- Sérieusement ? Kuroo et toi ? demandais-je en m'empêchant de rire.
- J'étais... J'étais réellement amoureux de lui, tu sais ?
- Pardon ?
- C'est bête, pas vrai ? Être promis à la personne que l'on aime de tout son cœur, et pourtant, ne pas vouloir être avec lui...
- Pourquoi as-tu falsifié ton dossier si être soumis te liait à Kuroo ? demandais-je étonnée.
- Je ne voulais être avec lui par intérêt... C'est peut-être bizarre, mais j'espérais qu'il m'aime réellement, pas qu'il me voit comme une opportunité à accéder au pouvoir.
Akaashi avait son regard fixé sur ses mains, ses doigts se croisant et se décroisant de façon machinale.
- C'est pour ça que Kuroo et Bokuto se connaissent, vous êtes amis ?
- Tu sais, tous les enfants grandissent ensemble... Je me rappelle encore de nos vacances avec les enfants de Nekoma, Kuroo et Bokuto étaient intenables...
- Vous vous connaissez, depuis si longtemps ?
- Eh bien... réfléchit-il. Nos Clans sont alliés depuis que nous sommes enfants, donc les enfants de Fukurodani et Nekoma se connaissent depuis l'âge de dix ans environ.
- Je ne savais pas... marmonnais-je.
- Je ne comprends pas vraiment pourquoi tes parents ont tenu à ce que tu sois à l'écart, même si Bokuto me l'a expliqué, dit-il en se grattant la nuque.
- Oui, je ne sais plus vraiment non plus, il faut croire... murmurais-je.
- Ce n'est pas grave, me rassura-t-il en me souriant gentiment. À présent nous sommes réunis !
- Dis, il y a beaucoup d'enfants à Nekoma ? Je veux dire, de notre âge ?
- Je dirais que nous sommes autant à Fukurodani... dit-il en pensant. Tu n'as vraiment connu aucun enfant de ton Clan ?
- Non... Kuroo est mon cousin et Kenma est mon voisin, mais je ne me suis jamais rendue aux réunions de famille ou même aux fêtes. J'étais seule et je ne connaissais seulement les parents. Je pensais que Kenma, Kuroo et moi étions les seuls héritiers de Nekoma.
- Ne t'en fais pas, Bokuto et moi remédierons à ça.
- Et, du coup, tu n'as jamais eu l'occasion de l'avouer à Kuroo malgré le fait que vous êtes amis d'enfance ?
- Non, je ne suis pas connu pour être très courageux... Et puis Kenma et lui semblent s'apprécier, alors il vaut mieux rester à sa place à partir de maintenant.
- C'est vrai que Kenma aussi est pris dans toutes ses histoires...
- Personne n'échappe au Conseil, encore moins toi ! s'exclama-t-il en pressant sa main sur mon épaule.
- Comment ça ? demandais perdue.
- Maintenant que tu as rencontré Karasuno, les autres Clans vont vouloir te rencontrer eux aussi !
- Qu'est-ce que cela m'apporterait ? demandais-je blasée. Je ne suis ni mariée à Bokuto, ni importante.
- Il faut que tu te fasses voir et connaître des autres Clan pour peser aux yeux du Conseil, ce n'est pas toi qui voulais mener une petite révolution de soumis ? chuchota-t-il en souriant.
- Qu- Mais comment tu-
- Tobio et moi sommes des amis proches, malgré ce que tu penses savoir.

Bokuto est un dominant - Haikyū!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant