Magiciens du Monde | fanfiction HP

2.4 : TOUSSAINT

— Et là il l'a plantée en plein milieu du chemin, avec ses chaussures collées au sol ! Je te dis pas la tête qu'elle faisait !

Toussaint suivait avec un air amusé le récit d'Ejiro. La première soirée à la MdM était bien entamée, et après avoir mangé, le petit groupe s'était dirigé vers les deux bungalows jumeaux et avaient décidé de discuter tous ensemble dans celui des garçons. Seule Ludmila ne s'était pas joint à eux, et avait préféré rester dans sa chambre pour lire un thriller russe.

— Mais c'était qui cette fille, au juste ? questionna Cézar.

— La meilleure amie de ma sœur, expliqua le français. Depuis qu'elle s'est retrouvée à côté de moi au premier repas de sa première année, elle me court partout après... Je croyais que j'allais pouvoir passer des vacances tranquilles mais quand on s'est retrouvés au Ministère de la Magie pour prendre notre Portoloin, j'ai découvert qu'Apo avait proposé à Marie-Eulalie de venir avec elle !

Le brésilien, l'africaine et la japonaise se mirent à rire.

— Et dire que t'as fait ça avec le sort sur ton dossard, pouffa Chihiro.

Une nouvelle crise de rire frappa les quatre sorciers.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? fit Nahuel avec curiosité.

L'américain - ou plutôt amérindien, comme avait cru comprendre Toussaint - était en train d'observer la partie d'échecs sorciers qui se disputait sérieusement entre Rasmus et Oona. Ejiro répéta l'histoire, et Nahuel se joignit à leur hilarité.

— La pauvre, quand même, intervint Oona.

— Je me sens un peu coupable, mais en même temps j'en ai assez qu'elle me suive de partout, grommela Toussaint. Pourtant, ça fait deux ans que je me tue à essayer de lui faire comprendre que j'aimerais qu'elle me lâche.

— Ah ! Échec au roi ! scanda soudain Rasmus, prenant tout le groupe par surprise.

Oona retourna vivement la tête vers le plateau, et contempla avec un air déçu le fou de son adversaire trancher la tête du roi. La tête de bois roula et tomba du plateau.

— Bien joué, avoua l'irlandaise.

Elle tendit la main et le scandinave la serra. Ensuite, il récupéra la pièce cassée, leva sa baguette et lança :

— Reparo.

Les deux morceaux se recollèrent et il reposa le roi sur le plateau.

— Bon, on ferait pas un truc tous ensemble ? proposa Ejiro.

— Pourquoi pas, mais quoi ?

— Une Bataille Explosive ? suggéra l'africaine.

— Oh ouais ! s'exclama Cézar. Voyons qui est le plus fort parmi nous !

Tout le monde s'installa sur les fauteuils, sauf Rasmus, qui se releva.

— Je vais voir si Lud n'a toujours pas envie de nous rejoindre.

— Qu'elle reste dans son coin, grogna Toussaint.

Le suédois lui lança un regard gêné. Toussaint imaginait que ça ne devait pas être facile pour lui, d'être coincé entre sa meilleure amie et le reste du groupe, avec qui il avait plutôt l'air de bien s'entendre. Il marmonna une excuse, et Rasmus sortit de la pièce. Il fut de retour quelques instants plus tard en déclarant que non, la russe préférait largement rester dans son lit. Le français leva les yeux au ciel.

Ejiro distribua les cartes, mais Nahuel annonça qu'il ne ferait que regarder.

— Je ne suis pas fan de ce jeu, déclara-t-il.

La partie commença. Rapidement, le jeu s'envenima, et plusieurs joueurs se retrouvèrent tout ébouriffés, des marques d'explosions sur le visage. Toussaint n'échappait pas à la règle. Les deux joueurs les moins touchés par les explosions des cartes qui n'étaient pas mises en paires étaient Ejiro et Chihiro. Le français commençait à comprendre pourquoi la première avait proposé le jeu. Elle semblait avoir une chance inouïe et avait formé sept paires quand les autres n'en avait qu'une ou deux. La japonaise était la seule exception, avec ses neuf paires.

Finalement, Chihiro finit par gagner, sa main étant épuisée. Elle quitta le cercle avec un petit sourire. Pendant le jeu, Nahuel était parti chercher son appareil photo et s'amusait à mitrailler chaque sorcier qui se prenait une explosion à la figure. Toussaint songea qu'il espérait que le jeune adolescent partagerait ses clichés à la fin du séjour.

Ejiro fut la suivante à quitter le jeu, sans surprise, suivie de près par Cézar. Il ne restait que Rasmus, Oona et Toussaint, qui semblaient bien mal en point, et dont le visage était tellement tâché qu'ils se fichaient désormais de recevoir une nouvelle attaque. Les deux garçons finirent au même tour, laissant l'irlandaise perdante de cette partie.

— Je devrais jouer plus souvent avec toi et Njeri, glissa-t-elle à Ejiro. Peut-être que vous pourriez m'apprendre vos techniques ?

— Oh, je te rassure, quand on joue toutes les deux, Njeri finit toujours première. C'est à force de jouer avec elle que je me suis améliorée.

Toussaint se perdit dans ses pensées pendant que les discussions recommençaient. Soudain, il remarqua que Chihiro n'était plus parmi eux. Il se leva, inspecta le bungalow, demanda aux autres s'ils l'avaient vue sortir, mais comme personne n'avait remarqué sa disparition, il visita rapidement le bungalow Cliodna, et décida de sortir par la baie vitrée du salon.

Il n'avait pas anticipé le froid, au dehors. Evidemment, dans l'hémisphère sud, l'hiver était à son apogée, d'autant plus que la Terre de Feu se trouvait bien loin des tropiques. Mais il remarqua alors une forme, juste au bord de la falaise qui donnait sur le lac. Une silhouette qui semblait flotter dans les airs. Intrigué, le français se rapprocha.

C'était la japonaise. Elle était bel et bien en train de léviter, à une cinquantaine de centimètres du sol !

— Chihiro ?! lâcha Toussaint, interloqué.

Son appel brisa l'état lévitant de la jeune fille. Elle ouvrit soudain les yeux et chuta sur l'herbe, à la limite de la falaise.

— Toussaint, tu m'as fait peur, souffla Chihiro.

— Euh, désolé. Mais, tu volais !

— En fait, sourit l'asiatique, je méditais. J'ai l'habitude de faire ça tous les matins et tous les soirs, ça m'aide à aborder la journée sereinement ou à m'endormir facilement. Et quand je suis vraiment plongée dans ma méditation, en général, il m'arrive effectivement de me décoller du sol.

— A cinquante centimètres du sol ? fit Toussaint, dubitatif.

— Oui, rit Chihiro. Tu veux essayer ?

Le français haussa les épaules, tout en allant s'asseoir à côté de la sorcière.

— Tu vois, il faut croiser tes jambes de cette façon, puis positionner tes mains dessus avec les paumes vers le ciel.

Il l'imita.

— Maintenant, ferme les yeux. Laisse lentement ton corps se détendre...

Étrangement, Toussaint se sentit envahi d'une vague de tranquillité. Sa respiration se fit plus lente, plus apaisée. Il oublia toutes ses pensées, il effaça la journée qu'il venait de vivre pour ne garder que les bonnes émotions qu'elle lui avait procurées. Peu à peu, il se sentit flotter, comme détaché de son propre corps, mais il aurait été incapable de dire s'il flottait vraiment ou s'il s'agissait juste d'une impression. Les minutes passèrent, et le français restait là, les yeux fermés, devant la falaise. C'est dans cet état, qu'inconsciemment, il sombra dans le sommeil.