N'oublies pas

Partie sans titre

6 août 2004

Johanna et Léon Padalin souffraient de la chaleur en ce jeudi d'été. Avec un ressenti de plus de trente cinq degrés, même les enfants jouaient calmement à l'ombre.

-Tu te sens bien mon cœur ? demanda le docteur, conscient que si lui transpirait, pour sa femme, ce serait pire. Elle répondit que oui, et voulut aller aider sa belle-mère en cuisine. Le bruit de son corps dégringolant les escaliers fit se lever en sursaut son mari.

Ce fut le tout premier malaise de la Maman de Nelly. D'autres suivirent. Certains aux conséquences plus graves que d'autres.

Nelly ne comprenait pas tout, à sept ans c'était un peu tôt, elle saisissait des bribes de conversations :

-« ....sclérose en plaque...sa vie n'est pas en danger...elle n'a plus d'anti corps »

Un peu plus tard dans la soirée, Léon expliqua à ses deux enfants que leur Maman avait une maladie, non elle n'allait pas mourir, mais elle resterait malade toute sa vie, il n'y avait pas de remède, et il faudrait beaucoup l'aider, elle serait fatiguée ; ça lui arriverait de s'évanouir, parfois.

-« Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien faire, il faut les accepter et être forts. » Conclut Padalin en caressant les cheveux de sa fille. « Votre maman se battra pour vous. Si on a une raison de se battre, on le fait. »

1er mars 2013

-« Aie », gémis doucement Alicia Jerry lorsque Marco la bouscula d'un coup d'épaule avant de s'enfuir en gloussant. La jeune fille ne protesta pas, et continua son chemin en baissant les yeux.

Le reste du trajet se déroula sans embûches, jusqu'à l'arrivée au terrain de foot ou les élèves pratiqueraient une heure de sport. Alicia s'y rendit directement.

- « Bonjour Alicia », la salua son professeur de sport en passant près d'elle. La jeune collégienne, aux formes naissantes, un peu dodue comme le sont souvent les adolescents à la puberté, et aux cheveux coupés courts, presque à la garçonne, se contenta de sourire. Les autres élèves accouraient déjà en chahutant.

Julie, Nelly et Sophia se mirent en rang devant les vestiaires en bavardant gaiement. Alicia les observa de loin. Julie et Sophia discutaient, et Nelly écoutait, comme à son habitude en plissant les yeux, l'air de s'ennuyer. Nelly, sentant son regard, lui fit un petit geste discret de la main, sans que personne ne remarque.

-Et bien alors Alicia tu as oublié d'enlever ton pyjama ce matin ? s'esclaffa Lola en surgissant derrière elle. Elle faisait sans doute allusion à l'horrible jogging violet foncé en velours, cousu d'une fleur au niveau du genou, qui dix fois trop grand pour Alicia. D'autres collégiens de la classe s'étaient rassemblés autour d'eux.

-Non c'est mon pantalon de sport murmura Alicia, sans savoir vraiment que répondre.

- « Pour la troisième fois depuis le début de l'année, tu abuses, aller hop, en étude ! » tonna le professeur un peu plus loin, suscitant soudain l'intérêt des autres jeunes. Le garçon auquel s'adressait le professeur, eut un geste rageux et fit mine de retourner vers le petit groupe qui s'était formé.

-« Dylan ! quitte tout de suite ce terrain ou c'est le renvoi temporaire avec convocation de tes parents. »

A ce moment-là, le garçon, fou de rage, se précipita vers Alicia, et se mit à la rouer de coups au visage. La jeune fille se débâtit, mais Dylan la jeta à terre, et lui asséna son talon dans la cage thoracique. Le souffle coupé, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Hébétés, le reste des élèves ne bougeaient pas. Nelly regardait la scène horrifiée. Le professeur seul compris la gravité de la scène et tira Dylan en arrière. Il dut même s'y reprendre à deux fois tant le garçon était violent.