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• 4 ans plus tard •

Point de vue ALEX

Le soleil est en train de décliner à l'horizon. Ses reflets orangés se projettent sur la mer. Je tire une latte du joint en observant Jeanne qui se prépare plus loin.

—Cette fille est intouchable, déclare Vince à côté de moi.

Je lui tend le joint sans la quitter du regard. Elle remonte la fermeture éclair devant sa poitrine, et la voir dans cette combinaison en cuir noir me rend dingue.

—Ils vont bientôt débuter la course, m'annonce mon pote en recrachant une épaisse fumée devant lui. Va lui parler avant qu'elle parte.

Jen discute avec le mec qui organise des courses illicites de moto tous les weekends. Elle m'énerve à toujours vouloir risquer sa vie.
Son boulot d'animatrice en maison de retraite ne la satisfait plus apparemment. Ça fait quatre mois qu'elle a commencé ces courses dangereuses, ici au-dessus des plus hautes falaises de Nice.

Vince me donne une tape dans l'épaule pour me faire bouger. Je lui arrache le joint des mains, tire comme un taré dessus, et le coeur battant comme un fou, je me décide à la rejoindre.

Elle se dirige vers sa bécane, j'accélère le pas pour pas la louper.

—Jen ! je l'appelle.

Elle continue de marcher.
Je déteste quand elle fait ça.
Quand elle m'ignore.

J'arrive enfin à son niveau, et juste avant qu'elle pose ses jolies fesses bien moulées sur sa moto rouge, j'agrippe son poignet pour la tourner vers moi.

—Il faut qu'on parle.

Elle se fige un instant, avant de remonter ses yeux vers moi. Putain qu'est-ce qu'elle est belle. Mignonne à en crever. Ses cheveux sont tressés en une natte qui tombe le long du dos, son visage est d'une beauté renversante.

—Oui ? dit-elle avec un petit sourire crispé.

Il suffit qu'elle me regarde comme ça pour que mon coeur fonde. Elle a ce putain d'effet sur moi. Un effet ensorcelant que je ne combats plus depuis longtemps.

—T'es sûre de vouloir monter ?

Elle jette un coup d'œil à sa bécane et ses yeux étincellent.

—Ouais, j'aime ça, dit-elle en retirant son poignet de ma main.

Je glisse mon bras autour de sa taille pour la coller contre moi. Elle lache un petit rire que j'étouffe avec mes lèvres. Je l'embrasse passionnément comme à chaque fois avant qu'elle fasse ces courses de merde. Ses bras viennent se nouer autour de mon cou, je la serre encore plus contre moi.

Je me lasserai jamais du goût sucré de ses lèvres. De cette attraction naturelle de nos corps. De son parfum Nuxe qui me rend complètement accro d'elle.

—Il faut que j'y aille, souffle-t-elle en rompant notre baiser.

Je garde mes mains sur ses hanches et pose mon front sur le sien.

—Trésor...

—Ne m'appelle pas comme ça, râle-t-elle en dénouant ses mains de mon cou.

Je les attrape, et enlace nos doigts ensemble.

—Ok, ok ! je réponds en la dévorant des yeux. Alors...Jen...

Je prends une profonde inspiration, avant de reposer mon front sur le sien.

—Je veux qu'on s'installe ensemble.

—Quoi ?

Elle délie nos doigts et me pousse en arrière.

—Qu'est-ce que tu racontes ? gronde-t-elle en me fusillant du regard.

J'avance vers elle, mais quand elle croise ses bras sur sa poitrine, je comprends que j'ai intérêt à faire vite avant qu'elle enfourche sa bécane pour partir.

—Jen, ça fait bientôt quatre ans qu'on est ensemble, et j'aimerais qu'on officialise.

—Qu'on officialise quoi ?

Ses yeux commencent à paniquer. Son visage devient blanc et je déteste quand elle se braque comme ça.

—Toi et moi, je réponds d'une voix assurée.

Elle baisse les yeux et commence à remuer sa botte droite de manière nerveuse.

—Alex on en a déjà parlé...

—Ça fait deux ans que je te suis fidèle, putain ! Qu'est-ce que tu veux de plus ?

Quand sa tête remonte lentement vers moi, je comprends à son regard que je vais pas aimer la réponse.

—Dans trois jours j'aurais vingt-un ans...

Sa voix se perd dans un murmure. Elle me fixe avec ses petits yeux comme si elle était désolée de me dire ça.

Mais je lâcherais pas l'affaire. Ça fait deux ans que je partage sérieusement sa vie. Que je baise qu'elle. Que j'embrasse qu'elle. Et même si ça me fait chier de l'avouer, j'aime cette fille. Putain qu'est-ce que je l'aime.

Je m'approche de ma dulcinée, passe mes bras autour de ses hanches pour l'attirer dans mes bras.

—Je vais te le dire, je lache dans un souffle.

—Non Alex, non.

Paniquée, elle pose son petit doigt sur mes lèvres pour m'empêcher de continuer.

Sans la lâcher des yeux, je prends sa main et croise mes doigts avec les siens.

—S'il te plaît Alex, me supplie-t-elle en tremblant. Ne le dis pas.

—Trésor, il faut plus que t'ai peur de ce que tu ressens pour moi.

Elle ferme les yeux pour se contenir. Son corps tremble de plus en plus, mais je la rassure en caressant ses doigts dans les miens.
J'attends que ses paupières s'ouvrent, et dès que ses pupilles brillantes d'émotion s'ancrent dans les miennes, je lui prononce ces trois mots :

—Je t'aime, Jen.

—Putain ! hurle-t-elle en me giflant de toutes ses forces. Tu m'avais promis qu'on s'attacherait pas !

—Ça se maîtrise pas ce genre choses ! je gueule plus fort qu'elle en me massant la joue.

—Jeanne, claque la voix de l'organisateur. Départ dans cinq minutes.

Elle lève son pouce en l'air pour lui signifier que c'est ok, pendant que je rumine de rage qu'elle m'ait rejeté comme une merde.

—Comment peux-tu l'aimer plus que moi ? je siffle en passant une main nerveuse dans les cheveux. Alors que ça fait quatre ans qu'on fait tout ensemble ?

—Deux ans, rectifie-t-elle en prenant son casque pour le mettre sur sa tête.

—Ouais deux ans c'est pareil, je marmonne agacé en la voyant s'installer sur la selle de sa bécane. Et tu crois encore qu'il va revenir à ton anniversaire ? Mais ça se trouve il a refait sa vie lui aussi !

Sans un regard, elle tourne la clé pour mettre le contact.

—Tu peux pas comprendre, lache-t-elle en allumant les gaz.

Elle fait exprès de chauffer sa bécane devant moi. Avec le bruit qu'elle fait, elle peut pas m'entendre gueuler.

Elle fait rugir le moteur pendant deux bonnes minutes, avant de se calmer pour glisser ses gants noirs aux mains. Je la fixe impuissant en train de se préparer.
Une fois les derniers réglages sur sa moto effectués, elle tourne son visage vers moi en posant la main sur la visière de son casque.

—Je suis désolée.

Sa voix froide mais douce à la fois, me poignarde le coeur.

Elle baisse sa visière, et deux secondes plus tard elle démarre pour rejoindre les autres motos à la ligne de départ.

ҨҨҨҨ

Just Play 2  (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant