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Mon cher frère,
Cela fait bien longtemps que je ne t'avais pas parlé.
Te rappelles-tu de mes dessins d'enfants ?
Te rappelles-tu de mes lettres envoyés avec cette photo de nous déguisés en lapin ?
Te rappelles-tu de tout ce que je t'ai raconté ?
J'aimerais te faire un dessin, comme je l'ai toujours fait, mais j'ai grandi. Je n'éprouve plus l'envie de t'en faire. Cette activité que je ne consacre qu'à toi, toi qui est mon frère adoré, toi mon frère aîné.
Je viens de fêter mon dix-huitième anniversaire, comme toi il y a six ans.
J'ai une nouvelle pour toi.
J'ai un rendez-vous, dans la semaine. Dans trois jours exactement. Pour savoir si je suis comme toi ou pour savoir si je ne suis pas folle, si je n'ai pas des maux fantômes, comme ces personnes qui ont perdu un membre mais qui sentent encore la douleur de ce dernier.
Papa et maman disent aux médecins que ton départ m'a bouleversé. Ils disent que je suis prête à tout pour te rejoindre, quitte à faire semblant.
Ils disent que je suis folle.
J'ai vu les papiers dans leur bureau. C'était des papiers pour un hôpital psychiatrique.
J'ai peur.
Je ne suis pas folle Owen.
Je le sais.
Je sais que toi aussi tu le sais.
Je suis comme toi.
Je suis sûre et certaine.
Ton départ m'a bouleversé, je ne peux nier. Je n'arrivais pas à avaler un simple bout de pain. Même notre soupe préférée de papa me coupait l'appétit. Ton départ l'a rendu amère. Je ne pourrais plus la manger sans arrêt. Je n'y arriverais plus.
Te rappelles-tu des soirées comme la derniere que nous avons passé ensemble ?
Nous nous étions disputés du matin pour du lait. J'étais sur le nerfs, peut-être mais tu m'avais aussi cherché.
C'est vrai, je n'aurais pas dû réveiller en te jetant ce verre d'eau, mais c'était tellement drôle ! J'en ris encore aujourd'hui.
Ça fait longtemps.
En y pensant, promets moi que lorsque je te rejoins, nous trinquerons et reprendrons notre vie d'avant.
Tu me manques.
Je ne t'oublie pas.
J'ai décuplé comme une haine envers la vie.
Je l'attise chaque jour en pensant à toi et ce que tu m'aurais dit pour me remonter le moral. Je suis obligée de l'imaginer, puisque tu n'es pas là pour moi. Loin de là que je t'en veuille, quoique un peu quand même, je sais que ce n'est pas de ta faute. C'est plus fort que moi, j'ai la haine qui se durcit chaque jour qui me devient trop dur à survivre.
J'aimais vivre, voir mes amis, rigoler mais tu étais toujours pas loin pour veiller sur moi. Comment je fais maintenant ?
Comment je fais pour savoir si tu es là, entrain de veiller sur moi ?
Tu ne sais pas, et bien je vais t'apprendre une nouvelle : moi non plus.
J'imagine, je pense, je ne sors plus, je ne ris plus. Mon âme est pleine de bleus. Je suis tombée de si haut.
Comme on dit, on ne se rend compte de ce qu'on a que lorsque nous ne l'avons plus.
C'est si étrange et si triste à la fois.
Mes amis n'ont pas compris comment j'ai pu être si bouleversée, moi non plus. Mais si on revient sur le fait que j'aurais soit disant "des maux fantômes", j'ai terriblement mal au cœur. C'est peut-être ça qui sait ?
Je ne suis plus aussi heureuse et pleine de joie.
Je ne suis plus la petite Onäe heureuse de ses deux petites nattes que tu as connu.
C'est en te laissant cette photo prise de moi récemment, prise par papa, ce véritable photographe, que je te quitte, pour aujourd'hui.
À très vite mon aîné, mon sang et mon unique frère.

Je t'aime cher frère.

Onäe.

my dearest broOù les histoires vivent. Découvrez maintenant