XVI

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La rouquine posa sa serviette, et lança un regard à la blonde. Cette dernière semblait franchement courroucée, prête à tuer Ayame. Elle soupira et attendit que Tooru fasse le premier mouvement, et ça ne manqua pas. Elle inversa à nouveau la gravité, et s'élança sur la barman. La jeune femme protégea son visage, et fut violemment projetée à l'autre bout de la cuisine, se cognant au passage contre le cadre de la porte. 

-Eh, attends! Ce n'est pas très équitable!  s'exclama Ayame en toussant 

La blonde roula des yeux et annula l'inversion, s'élançant à nouveau sur elle. La rouquine réussit à se décaler, et prit la fuite jusqu'à l'autre pièce. L'ange avait sorti ses ailes pour aller plus vite. Ayame, paniquée, regarda autours d'elle et se saisit d'une chaise avec laquelle elle frappa sans retenue la blonde qui s'écroula. Cependant, elle se releva rapidement, prenant la tâchetée au col, hurlant des choses incompréhensibles. Cette dernière lui donna un coup dans l'abdomen et reprit sa chaise. Piètre arme, certes. Mais au moins, elle avait de quoi se défendre. Pour l'instant. 

-Comment t'as fait!? hurla la blonde

-Qu-... ? 

-T'as tenu tête à Satan! Comment t'as fait!? Sans ça... Dabi serait avec moi. Si je te tue maintenant, il m'appartiendra, n'est-ce pas? 

La rouquine déglutit un peu. Tellement de ressentiment devrait déchoir un ange, non? Pourquoi Tooru restait-elle si forte? Dans tous les cas, Ayame ne tiendrait pas si elle se lançait à pleins pouvoirs contre elle. Après tout, même si elle avait pu tenir tête au Roi des Enfers, elle restait une humaine pleines de défauts. Quand bien même son petit ami était le prince des Enfers, elle n'avait pas de super pouvoir, pas de capacités spéciales. La preuve, elle s'affairait à s'en prendre à un ange avec une vulgaire chaise en bois. 

-Je sais pas ce que vous avez avec moi. Que ce soit toi, ou Satan. Moi, j'étais une fille normale qui avait un meilleur ami génial, une équipe de choc pour son bar. Et du jour au lendemain... J'apprends que mon meilleur ami est un ange, le fils de Satan lui-même est intéressé par moi, et un ange veut ma mort... J'ai jamais rien demandé! Est-ce que c'est de ma faute si je suis tombée amoureuse de lui? Est-ce que c'est de ma faute si lui m'aime? C'est quoi ton problème à t'en prendre à moi comme si j'étais la dernière des dernières!? Je ne suis pas une sorcière manipulatrice de sentiment! J'étais au mauvais endroit au mauvais moment, et toi, t'étais visiblement pas assez bien! Alors ça suffit maintenant! Soit tu t'en vas, soit je m'assure que tu ne te relève pas cette fois! déblatéra l'eurasiatique, les larmes aux bords des yeux 

L'ange éclate de rire, et la seule arme de défense de l'humaine s'en retrouva projetée à l'autre bout du bar. La barman recula, mortifiée. Alors, c'était comme ça qu'elle allait finir? Elle avait tenu tête à Satan, elle avait promis à Izuku de l'aider pour son mariage, Dabi et Princesse l'attendait à la maison. Et elle, elle allait mourir comme ça. Elle n'avait même pas peur de Tooru en elle-même, il lui était arrivé tellement de choses en si peu de temps qu'elle ne faisait même plus attention aux choses surnaturelles qui l'entouraient. Tout ce qu'elle regrettait, c'était de ne pas pouvoir dire au revoir à Izuku, Katsuki, Ochako, Tsuyu, Dabi, son père, sa mère, ses demi-frères et soeurs. L'aura de la blonde grandit et la rousse ferma les yeux, sentant l'être de lumière s'approcher vivement d'elle. L'air se faisait plus froid, elle entendait ses pas. Donc c'était vraiment la fin. 

Adieu, nouvelle vie pleine de joie. Adieu, ses projets d'avenir avec son petit ami. Adieu, les longues balade avec Princesse,  où Dabi se retrouvaient indéniablement dans la neige. Adieu, les jolis yeux brillants d'Izuku quand il lui proposait telle ou telle chose pour le mariage. Adieu, papa et la douceur de sa main dans ses cheveux. Adieu, Hoshi et son sourire resplendissant. Adieu, les soirées avec un cacao chaud entre les mains, devant un film de Noël comme il y en a cent mille. Adieu, Dabi qui s'endort en plein milieu. Adieu, les petites chamailleries du matin à cause d'une histoire de café. Adieu, les petits mots doux le matin au réveil. Adieu, la belle famille. Adieu, Agathe et ses grands yeux oranges sûrs d'eux. Adieu, Hitoshi et son sourire amoureux quand il regardait sa femme.

Il y avait tellement à dire encore.

Il y aurait tellement à faire, encore. 

La famille de Dabi était aimante avec elle. Sauf Satan, ce qui était compréhensible. Elle repensa à son bar. Elle était partit de rien. Un vieux local, des mois et des mois de travail. L'aide de ses amis. Ah, ses amis, oui. Tooru n'était pas dans sa vie, à cette époque. Elle était venu quand le bar avait ouvert. Elle avait été accueillie par le petit brin de femme aux joues pâles et tachetées. Ayame l'avait considérée comme une amie. Avait-ce été réciproque? Ou bien, la blonde voyait seulement un intérêt financier? 

La rouquine entendit un bruit sourd et ouvrit les yeux, interloquée. Elle sentit ses joues mouillées. Elle avait pleuré? Devant elle se dressait le noiraud, une flamme bleue dansant dans le creux de sa main. 

-Alors ça. Je te laisse seule une heure, et y'a déjà tout le monde qui veut ta mort. T'as vraiment pas de chance. Heureusement que je suis là, hein~? chantonna-t-il, avec un sourire charmante 

La jeune femme renifla légèrement et hocha la tête, en souriant d'un air soulagé.

-Merci... De toujours être là, pour moi... dit-elle 

Il sourit à son tour, et la blonde, ne se sentant pas de taille, fila fissa, sans demander son reste. 

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Moi? 

Décédée?

Mais nooooooooooooooooon~

Tenshi to AkumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant