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Je me concentrais sur mes exercices, sans tenir compte de la présence de mon amant juste derrière moi. Maximilian travaillait sur son nouveau dossier avec application. Bien qu'on sache tous les deux que j'allais parfaitement bien, aucun de nous n'avait eu envie que je retrouve mon bureau dans ma chambre. C'était beaucoup moins déprimant d'être en présence de quelqu'un même si je faisais abstraction de celle-ci pour me concentrer.

C'était aussi un moyen d'être ensemble sans se concentrer sur l'autre. Les histoires vantaient toute la folie de l'amour au début d'une relation, que deux amoureux oubliaient tout le reste quand ils étaient ensemble – voire même séparés – mais ça ne se passait pas du tout comme ça entre nous. Si c'était normal ou non, je ne saurais le dire... Une fois la porte du bureau franchi, on se concentrait sur nos tâches respectives, ayant parfois même des œillères et des bouchons dans les oreilles.

– Kaeden ? m'appela-t-il soudainement.

Seul un vague borborygme lui répondit. Mon analyse de texte était si prenante que j'en avais oublié d'aller déjeuner à midi. Peut-être qu'il m'appelait déjà depuis longtemps ?

Je sentis alors sa présence dans mon dos, ses lèvres se perdre dans mon cou, ses bras m'entourant doucement.

– J'ai pas fini, m'agaçai-je alors.

C'était bien la première fois qu'il m'interrompait de la sorte, en plein remue-méninge. Et ça m'agaçait.

– Je sais, mais tu ne réponds pas quand je t'appelle.

– Qu'est-ce que tu veux ? concédai-je finalement.

– Moi ? Rien.

Il me tendit alors son téléphone portable. Je l'avais toisé avec incompréhension pendant deux longues secondes avant de comprendre qu'on désirait me parler. Étrange, le numéro n'était pas rentré dans son répertoire...

– Tu m'appelles si tu ressens la moindre petite chose qui te met mal à l'aise, m'adressa-t-il lorsque j'allais franchir la porte pour m'isoler.

– De quoi ? Mal à l'aise de quoi ?

Il fit mine de ne pas m'entendre, ce qui était exaspérant. Parfois il me rendait fou.

– Oui, allô ?

« – Kaeden, me salua-t-on, c'est Luther. »

Ah. Oui. L'ex-amant, médecin, chercheur, type que je ne sentais pas. Pourquoi m'appelait-il ? Surtout via le téléphone de Maximilian.

Je m'étais réfugié dans ma chambre. Depuis notre nuit torride, j'avais investi son lit. Je gardais mes affaires dans ma chambre pour le moment, ayant peur que Maximilian ne prenne mal mon invasion dans son espace aussi rapidement. Puis j'avais également besoin d'un endroit intime, même si ce n'était pas pour y dormir.

« – Tu avais promis de m'appeler. »

Cela sonnait un peu comme un reproche. Il fallait avouer qu'avec toutes ses histoires, je l'avais occulté de mes pensées. Ajoutons à cela le fait qu'il s'agissait d'un ex de Maximilian qui l'avait fait souffrir pour terminer de me convaincre.

– Euh, ben... c'est-à-dire que je...

« – J'espère que tu n'as pas changé d'avis, c'est important pour tout le monde de suivre attentivement ce qu'il se passe en toi, comme autour de toi. »

Maximilian le faisait bien tout seul ! Pourquoi j'avais accepté ça ?!

– Il ne se passe rien, assurais-je, vraiment. Tout va très bien. Je dors presque bien.

Je mourrais d'envie de lui hurler « dans les bras de Maximilian », mais je me retins. Nous avions convenu d'une certaine retenue sur notre relation, le temps qu'on trouve notre équilibre. Hors de question qu'on se mêle de notre histoire déjà bien compliquée.

« – Pourquoi ? qu'est-ce qui a changé ? »

– Rien, pas grand-chose... je bois moins de café, c'est sans doute à cause de ça.

Il soupira :

« – Kaeden, tu dois parler plus en profondeur. De tes sensations, tes sentiments. »

Comme si c'était simple ! Surtout en cachant mes sentiments envers Maximilian. Ce type m'agaçait. Enfin, pour être honnête, je n'avais aucune envie qu'il ne pénètre mon esprit et mon cœur. Je réservais ça à des personnes spécifiques. Maximilian, en fait.

Dire que ce type lui avait brisé le cœur, en plus !

– Bien, je... Je suis désolé, je ne peux pas faire ça ! explosais-je finalement.

J'avais alors raccroché, le cœur battant à tout rompre, surpris de ma réaction. Ce n'était pas prévu du tout. Rien que d'imaginer me confier au type qui a brisé le cœur de celui que j'aimais me révulsait !

Tandis que je moulinais mes pensées et ma rage, le téléphone se mit à sonner. Ça m'avait fait sursauter. Pensant que c'était Luther, je m'apprêtais à refuser l'appel, cependant le prénom d'Edward apparut. Il choisissait bien son moment !

Sans réfléchir, j'avais décroché :

« – Max ! Comme ça va ? J'espère que je ne te dérange pas trop... je voulais juste te souhaiter un bon anniversaire. »

Surpris par une telle annonce, je mis plusieurs secondes avant de réagir :

– De quoi ? c'est votre anniversaire ?

« – Kaeden ? ... je me suis trompé de numéro ? »

– Euh, non ! J'étais... Luther a appelé. Pour me parler. C'est vraiment votre anniversaire ?

« – Euh... ouais ? Max est avec toi ? »

– Dans son bureau. Attends, je te le passe.

Mon ton trahissait bien ce que je ressentais ; de la frustration. Comment je pouvais ignorer sa date de naissance ? je vivais avec lui depuis des mois ! et il ne m'avait rien dit, lui non plus !

Pour être totalement honnête, je m'en voulais, parce qu'avec un peu de réflexion j'aurais pu me souvenir de cette date grâce à Edward. Comme ils étaient jumeaux, ce n'était pas bien compliqué de déduire qu'ils étaient nés le même jour.

Quand j'avais croisé le regard de mon amant, il ne comprit pas de suite ma contrariété. Je lui avais refourgué son téléphone avant de filer au ponton. 

L'air du large me ferait du bien.

The Wicked Wolf - Kaeden (T1) [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant