~ Chapitre 4.3 ~ Le complot du papier peint ~

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~ Louise ~

Voilà quelques minutes que j'attends devant la salle de colle qui nous a été attribué, Sarah, Lewis et moi un peu plus tôt dans la journée. Mais aucun d'eux n'est encore là. Quelque peu mal à l'aise, je tripote une mèche de cheveux, essayant de me rassurer. Un colle, ça ne doit pas être si horrible que ça... Sarah l'a bien dit ! Il n'y a aucune raison de s'inquiéter.

J'entends derrière moi des pas. C'est Lewis qui se dirige tranquillement vers moi. Contrairement à la paniquée que je suis, il semble totalement détendu. Je ne sais pas comment il fait.

«S'lut. Me fait-il d'un signe de main. Personne n'est arrivé ?

-Non, pas encore... Dis, tu sais qui est censé nous coller ?

-Certainement pas le proviseur. Il ne ferait pas des heures sup' pour de simples élèves. »

D'autres bruits de pas plus pressé résonnent alors dans le couloir. Je me retourne, m'attendant à voir Sarah arriver ; mais c'est Mme Robertson qui me fait face.

« V... Vous ? Je m'étrangle de surprise.

-J'espère que je ne suis pas trop en retard... Monsieur Pudulé vient de me prévenir à l'instant ! Il a de la chance que je n'aie rien ce soir... »

Elle se presse d'enfoncer ses clefs dans la serrure pour ouvrir la salle. Soudain, elle s'arrête, et me dévisage.

« Vous ?!

-Euh... Oui ? Je réponds timidement.

-Quatrième jour d'école et vous vous faites déjà coller ? Je n'y crois pas ! C'est inacceptable ! De quoi j'aurais l'air, moi si Angelica l'apprend ! Vous feriez mieux de revenir immédiatement sur le droit chemin, jeune fille ! Car je ne m'amuserais pas à jouer la baby-sitter bien longtemps ! »

Elle lance alors un regard meurtrier à Lewis avant d'entrer dans la salle. Décidément, même lorsque Mme Robertson parle français, je ne comprends rien.

J'entre à mon tour dans la salle sombre, suivit de Lewis. La professeur allume la lumière, dévoilant une vielle salle poussiéreuse et délabrée. Une odeur de renfermé envahit mes narines, et je porte instinctivement ma main à mon nez.

« Bien. Asseyez-vous. TOUT DE SUITE ! »

Surprise par son ton, je m'empresse de m'asseoir sur la première chaise qui me passe sous la main. Mais je sens rapidement quelque chose de collant... Je passe ma main sous mes fesses, découvrant un chewing-gum collé. Génial...

Mme Robertson, elle, s'approche du bureau, prête à poser ses affaires. Mais elle s'arrête soudainement, se baissant et portant ses yeux au niveau du bureau. Elle passe alors un doigt dessus, afin de vérifier la poussière. Lorsqu'elle le lève, son doigt est noir de saleté.

« DEBOUT ! ET PLUS VITE QUE CA ! »

Je lui obéis, profitant du moment pour décoller le chewing-gum collé à mon jean. La professeur lunatique ajuste ses lunettes rondes, nous fixant un instant.

« Vous n'étiez pas censé être trois ? »

Lewis et moi échangeons un regard. J'espère que Sarah ne va pas arriver trop en retard... Sinon, Mme Robertson risque de s'énerver encore plus.

« Sarah... Ne devrait pas tarder... Un professeur l'a surement retardée... »

Visiblement, mon excuse semble convenir à Mme Robertson qui finit par poser ses affaires par terre.

« TOI ! Dit-elle en pointant Lewis du doigt. Nettoie moi ce bureau, il est hors de question que je pose mes affaires sur cette surface répugnante. Aller, dépêche-toi ! Et je veux que ça brille ! »

Elle s'approche de l'armoire, attrape une balayette, et la fourre dans les mains de Lewis. Ce dernier commence alors à nettoyer le bureau. Quant à moi, je reste debout, espérant que Mme Robertson me donne quelque chose à faire. Mais non, elle se contente de rester assise sur sa chaise.

Quelque peu gênée par la situation, et toujours débout, je ne sais pas où me mettre. Je scrute la porte de la classe espérant que Sarah arrive rapidement, lançant quelques fois un coup d'œil à Mme Robertson, qui semble fouiller son sac. Ne sachant que faire, je me mets donc à regarder dans le vide, attendant les instructions du professeur.

Soudainement, elle redresse la tête vers moi et me fusille du regard.

« Louise ! Mais qu'est-ce qui vous prend ? Ne me dites pas que vous êtes en train de regarder les fesses de ce pauvre garçon ! »

Lewis relève rapidement la tête. C'est alors que je tourne au rouge pivoine. Quoi ? Regarder les fesses de Lewis ? Mais cette prof est vraiment folle ! Je n'ai rien fait !

« Non ! Je ... ce n'est pas moi qui...

-Ce n'est pas vous ? Allons, vous n'allez tout de même pas me dire qu'un extraterrestre vient de prendre possession de votre corps ! En parlant d'extraterrestre... »

Elle se précipite vers les fenêtres et commence à baisser tous les volets, vérifiant que personne ne nous observe de dehors. Et pendant ce temps, Lewis continue de me regarder, une lueur amusé dans le regard. Je secoue la tête, essayant de lui faire comprendre que je n'ai rien à voir dans cette histoire.

Lorsque Mme Robertson revient, elle m'ordonne d'un geste de la main.

« Vous allez me passer un coup de balais. Je ne peux pas travailler dans ces conditions. Je veux que cette salle soir parfaite. PARFAITE ! Vous m'entendez ? PARFAITE J'AI DIT ! PAS UN SEUL GRAIN DE POUSSIERE ! PAS UN SEUL ! »

Attrapant un balai au fond de la salle, je commence à nettoyer. Je ne savais pas qu'on faisait le ménage pendant les heures de colle... Au bout de quelques secondes, Lewis termine sa tâche.

Mme Robertson lui demande alors d'enlever tous les chewing-gums du placard qui se trouve à côté de la porte d'entrée. C'est ainsi qu'il finit à devoir frotter à l'intérieur de l'armoire avec un stylo pour enlever les chewing-gums dur collé au fond du placard. Je comprends alors que j'ai intérêt à prendre mon temps pour balayer la salle si je ne veux pas le rejoindre dans sa tâche.

« Qu'est-ce qu'il fait chaud ici ! S'exclame-t-elle soudainement, avachie sur sa chaise. »

Il ne faut pas s'étonner aussi. Elle vient de fermer toutes les fenêtres et volets... Elle commence à se fabriquer un éventail avec une feuille. Puis, elle se lève et se rapproche de l'armoire pour vérifier si Lewis fait bien son travail. Ce dernier est à présent accroupi, entrain de frotter.

C'est alors que Sarah entre dans la salle.

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BelyllacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant