Chapitre 8

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Je me réveille doucement, mes paupières lourdes se levant avec difficulté. L'obscurité de la nuit a enveloppé la pièce, et à travers la fenêtre, la lumière argentée de la lune éclaire la forêt en contrebas. Je m'assois sur mon lit, sentant le tissu humide posé sur mon front glisser doucement. En observant la pièce sombre, je me rends compte qu'il est bien tard. Une montée d'instinct me pousse à vouloir prendre un bain pour apaiser ma fièvre persistante.

Je me lève avec difficulté, mes membres encore engourdis. Je me dirige vers le placard où se trouvent mes kimonos propres, mais une odeur d'humidité me fait ralentir. En regardant par la fenêtre, je vois que la pluie tombe drue, formant des rideaux d'eau qui frappent contre le verre avec une intensité presque hypnotique. Une lumière verte brillante se matérialise près de la fenêtre, dansant dans l'obscurité comme un feu follet mystérieux. Elle semble m'appeler, me poussant à la suivre.

Sans réfléchir davantage, je saute de la fenêtre, mes pieds touchant le sol mouillé. La pluie tombe sur moi en torrents glacés, me trempant en un rien de temps. L'esprit lumineux m'entraîne à travers la forêt, chaque éclat vert me guidant dans la nuit noire. Je cours, le sol glissant sous mes pieds, et malgré ma fièvre, mon corps répond avec une vigueur surprenante. L'air est lourd et frais, chaque respiration est une lutte contre la brume.

Au bout d'un moment, j'arrive à l'extrémité de la forêt, où des grilles imposantes se dressent devant moi. La lumière passe à travers les barres, comme une promesse d'une délivrance. Je les franchis avec une agilité presque féline, tombant en douceur de l'autre côté. Ma fièvre me fait vaciller, mais je suis poussée par la détermination de l'esprit.

Je poursuis ma course jusqu'à une zone urbaine. Les bruits de la ville s'intensifient, et je saute de toit en toit avec la précision d'un acrobate, me fondant dans l'ombre pour éviter les regards des passants. La lumière verte s'arrête finalement devant une maison, la lueur douce perçant l'obscurité.

Je pénètre dans la maison par une fenêtre laissée ouverte et découvre une chambre simple avec un enfant allongé sur son lit. La petite fille grimace de douleur, et l'esprit lumineux semble désespéré. Je m'approche en silence, murmurant doucement :

— Tu veux que je la sauve ?

L'esprit, d'un bleu lumineux, brille d'un éclat désespéré avant de reprendre une teinte verte plus vive. Je accepte d'un hochement de tête, les yeux piqués par la fatigue. Je tends ma main vers l'esprit, qui se pose délicatement sur ma paume. Une lumière bleuâtre émerge alors que j'aspire l'esprit, me concentrant sur la chaleur de la vie qui envahit ma main. Je place ma main contre la poitrine de l'enfant, et les éclats de lumière verte et bleue se mêlent autour d'elle, enveloppant son corps fragile.

L'enfant cesse de grimacer, son visage retrouve peu à peu une expression paisible. Je recule, observant la guérison miraculeuse avec un mélange de soulagement et de tristesse. La rareté de ce don me pèse, mais je me force à oublier cette pensée et sors par la fenêtre, me posant de nouveau sur le sol humide.

La pluie continue de tomber, et je me rends compte que chaque goutte est une sensation acide contre ma peau. En marchant, je suis soudainement attirée par un véhicule qui s'arrête à ma hauteur. Une ombre se profile, et avant que je puisse réagir, un coup sec à la tête me plonge dans l'obscurité la plus totale.

Je me réveille dans une pièce sombre, ma tête battant de douleur. Mes bras sont maintenus fermement par des mains invisibles. Je perçois des voix étouffées et des rires lointains. Brusquement, je suis jetée au sol, tentant de m'asseoir avec difficulté. La lumière blafarde révèle un bureau et des hommes aux silhouettes floues.

L'homme se lève brusquement, son apparence imposante et son regard pénétrant me troublent profondément. Ses yeux, aussi noirs que ceux de Liam mais empreints d'une lueur menaçante, semblent scruter chaque recoin de mon âme. Son visage, marqué par des cicatrices et des tatouages sinistres, raconte une histoire de luttes et de souffrances passées. L'odeur de citronnelle mêlée à celle du café flotte autour de lui, une combinaison olfactive surprenante qui pénètre mes narines avec une intensité presque tangible. L'arôme doux-amer de la citronnelle, mélange d'agréable et de piquant, évoque une forme de confort inaccessibile dans ce lieu de désespoir.

Il parle d'une voix grave et autoritaire, ses mots se perdant dans l'incompréhension de ma situation. Le ton de sa voix est sévère, presque accusateur, et je ne parviens pas à saisir le sens de ses paroles. Il me regarde fixement, ses yeux brillaient d'une intensité qui me déstabilise. Brusquement, il se lève, sa colère éclate, et il me pousse violemment. Je vacille, désorientée par la brutalité inattendue de son geste. La violence de son action me laisse étourdie, mon cœur battant la chamade, mes pensées se bousculant dans un tourbillon de confusion.

Ses yeux noirs brillent d'une rage contrôlée alors qu'il commence à crier. Deux hommes apparaissent rapidement, leurs mouvements rapides et décidés me saisissant avec une force brutale. Ils me traînent à travers un dédale d'escaliers sombres, chaque marche résonnant sous nos pas. La pénombre est oppressante, et l'air se charge d'une odeur nauséabonde de sang séché, de rouille et de moisissure. Cette puanteur est si dense qu'elle semble s'infiltrer dans mes pores, une sensation de dégoût profond et de malaise se diffusant en moi. L'odeur est si forte qu'elle me fait presque vomir, une vague de nausée menaçant à chaque pas.

On me jette brutalement dans une cage étroite, le sol jonché de saleté et de débris. La chute est violente, mon corps s'écrasant contre le sol poussiéreux et rugueux. Les barreaux de la cage, rouillés et solides, se dressent devant moi comme une barrière impénétrable. Mes tentatives pour les forcer sont vaines, les barreaux restant immuables face à ma détresse. Je pousse des cris désespérés, mais ils se perdent dans le silence oppressant de cette prison.

Le temps passe lentement, chaque minute semblant une éternité. La douleur, la faim et la soif me rongent, chaque sensation amplifiée par la détresse de ma situation. Après ce qui semble une éternité, un homme apparaît avec un plat de viande et de pain, une vision à la fois désirable et répugnante. Mes besoins sont pressants, mais je repousse le plat avec une certaine dignité, ma fierté restant intacte malgré ma faiblesse croissante. L'homme, frustré par mon refus, réagit avec une colère explosive. Il saisit un fouet, ses coups me frappant sur les mains alors que je les appuie contre les barreaux. Chaque coup est une brûlure vive, une douleur aiguë qui parcourt mes doigts. La peau de mes mains devient rouge et enflée, la douleur intense me faisant crier de douleur. Il part en rogne, ne me laissant que la souffrance et l'humiliation.

Des heures passent, et mon état ne fait qu'empirer. L'homme revient, encore une fois avec le même plat de nourriture. Je continue de refuser, ma soif et ma faim me torturant mais je préfère rester fidèle à ma fierté. Il gronde, sa frustration palpable, avant de s'éloigner à nouveau. Peu après, des bruits de pas résonnent dans l'escalier, et je perçois à nouveau l'odeur familière de citronnelle, bien que mélangée aux effluves détestables qui imprègnent l'air. L'homme réapparaît, accompagné de celui qui m'a infligé la douleur, et une nouvelle vague d'angoisse m'envahit alors que je me prépare à affronter ce nouveau tourment.

La créature mythique TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant