Épisode 2 ~ Quand je marche... #2

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Fatima agrippa son frère et l'extirpa de leur cachette d'une poigne ferme, et l'entraîna à travers les rues désertes. Elle avait l'habitude des infiltrations en terrain ennemi, mais ce n'était pas facile de se cacher quand on traînait derrière soi un ado de près de deux mètres qui n'avait même pas fini sa croissance. Même de nuit.

Ils rasaient les murs autant qu'ils le pouvaient. Ils dépassèrent la rue de la Glacière – tout espoir de secours venant de la VF de Glacière était exclu, ils ne devaient en aucun s'y rendre – puis la rue Broca. Fatima jeta un regard nostalgique en direction des nombreux restaurants désormais condamnés. La rue Broca, si pleine de vie, d'odeurs alléchantes, de bruits joyeux, il y a encore un an... Son œil avisé capta un mouvement dans l'ombre et elle accéléra le pas : les restaurants à l'abandon attiraient de nombreux pilleurs, la plupart pouvant se montrer extrêmement violents. Il ne valait mieux pas se les mettre à dos...

Ils continuèrent sur le boulevard Arago, délaissé lui aussi depuis des mois. Les immeubles semblaient déjà décrépis, des déchets jonchaient le sol. D'instinct, Fatima et Mohammed évitèrent les petits groupes de sans-abris blottis contre un les uns sur les autres autour d'un réchaud. Elle préférait ne pas se faire repérer par des gens dans le besoin. C'était triste, mais n'importe lequel d'entre eux les balancerait pour un bout de pain et une couverture. Ils dépassèrent les ruines encore fumantes de l'ancienne église protestante. Avant d'entendre parler de l'incendie perpétué par les Unificateurs, Fatima n'avait même jamais remarqué qu'il y avait une paroisse à cet endroit... Jusqu'où donc iraient ces barbares avant de s'arrêter ? Même si aucun des deux n'étaient chrétiens, Fatima comme Mohammed eurent les larmes aux yeux en contemplant les décombres de ce lieu qui prônait autrefois la paix et l'amour. Le cœur lourd, ils quittèrent le boulevard pour se glisser telles des ombres dans la rue des Gobelins.

Un nouveau bruit ! Fatima empoigna le manteau de son frère et l'obligea à s'accroupir dans un coin à ses côtés. L'odeur d'urine était si forte que le garçon semblait sur le point de vomir, mais tant pis. Elle s'était laissée distraire ! Et si jamais on les avait suivis à cause de son manque de vigilance ?!

La soldate retint sa respiration : des pas se dirigeaient doucement vers eux. Une seule personne. Légère. Sûrement une femme ou un jeune homme. Elle sentit Mohammed trembler. Avec lenteur et discrétion, elle s'assura son couteau à cran d'arrêt se trouvait bien dans la poche de son manteau et fit signe à son frère de ne pas bouger. Quand elle entendit que les pas étaient à proximité de leur cachette, elle bondit et se jeta sur leur poursuivant. Elle l'attrapa par les bras, les tordit dans son dos, et tandis que d'une main elle maintenait sa victime dans cette position, elle sortit son couteau de l'autre et l'appuya contre la gorge de sa proie.

Merry Christmas, MaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant