Chapitre 1.

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9h00. Ce matin, comme tous les autres, je déambule dans les rues de la Nouvelle Orléans en quête d'un café, une ville différente à chaque fois mais le rituel reste le même. Comme tous les jours ma dose de caféine est nécessaire pour affronter la journée et ses événements, le nombre de chamboulements présent dans la journée d'un humain banal laisse à penser que celle d'une sorcière doit être bien plus mouvementée, essayant d'attirer l'attention de mon père en évitant tout de même les autres chasseurs afin de ne pas me faire tuer. Je m'arrête dans un petit café près du motel devant lequel j'ai garé ma voiture et pris une chambre un peu plus tôt. Plaçant mes lunettes de soleil sur ma tête, geste laissant apparaître mes yeux verts, je pousse la porte du bâtiment pour y entrer et avancer directement vers le comptoir, je passe ma commande en esquissant un léger sourire au serveur qui me le rendit avec un magnifique sourire. Une fois installée, je lève les yeux vers le petit écran fixé au mur derrière le comptoir. Une femme plutôt maigrichonne qui semblait entièrement refaite souriait à ses spectateurs via sa caméra tout en relatant les faits de la veille. Des faits dont je suis la cause, le ciel brumeux et la tempête qui se sont abattues sur la ville sont l'œuvre de ma magie. L'utilisation de cette dernière est l'un de mes jeux favoris puisque, en plus d'accroître ma puissance et maîtriser de nouveaux sorts, cela me permet d'attirer mon père sans avoir à blesser quelqu'un. 

En étant honnête, la réaction des habitants de la ville est toujours super drôle à voir. Mon sourire s'élargit encore plus non pas parce que le charmant serveur au beau sourire, comme je l'avais intérieurement renommé, vient m'apporter mon café mais parce que la panique et l'angoisse de chaque personne installées à des tables positionnées de parts et d'autres de la salle se sent à des kilomètres à la ronde. Très vite, ils commencent à chuchoter les uns aux autres se demandant si la fin du monde est proche ou si, pour quelques rares croyants, ces événements sont l'œuvre du diable. Un petit rire mauvais sort de ma bouche tandis que j'attrape le gobelet après avoir payé puis je me dirige vers la sortie tandis que la journaliste refaite accueil un vieil homme qui se disait être un "spécialiste" dans ce genre de domaine. Encore un qui espère se faire connaître en racontant des mensonges, pensais-je en poussant la porte de sortie en espérant que les personnes présentent dans le café seraient assez représentatives de la société actuelle, qui partagent chaque moments aussi ennuyant soient-il de leur petite vie sur les réseaux sociaux, et auraient publié quelque chose à propos de mes exploits. Entrant dans la chambre j'allume la télé et je constate que toutes les chaînes d'informations en parlent, je souris une nouvelle fois satisfaite, mon cher père va finalement entendre parler de sa fille chérie, et il me suffit de regarder les chaînes d'informations pour en être persuader. 

C'est dans des moments comme celui-ci que je porte une véritable adoration pour cette divine invention que sont les médias et cette stupide génération qui en est accro. Twitter, Facebook, Instagram, et tous ses réseaux sociaux qui permettent de divulguer un maximum de messages à un maximum de personnes qui ont pris grand soin de s'éloigner un maximum de vous, grâce à tous ses nouveaux outils mis à disposition de n'importe qui l'expression « loin des yeux, loin du cœur » a perdu tous son sens, loin du cœur est peut-être toujours d'actualité mais grâce à la génération d'aujourd'hui plus on est loin du cœur et plus près les yeux se rapprochent. Un rapide coup d'œil à mon téléphone me permet de me rendre compte de ce changement de société : je n'ai aucuns message. C'est à ça que servent les téléphones aujourd'hui, à se rendre compte que personne ne pense à vous et à quel point nous sommes seul. Avant, on pouvait toujours rêver que quelqu'un cherchait à nous joindre, à nous parler, à nous aimer, peut-être sans succès. Mais nous vivons aujourd'hui avec cet objet dont nous ne pouvons nous défaire et qui matérialise notre solitude... la société nous formate pour suivre une règle très stricte: quoiqu'il se passe ne jamais lâcher la technologie. Et nous sommes endoctriné à un tel point que nous avons perdu notre identité. Qui sommes-nous vraiment? Bonne question, nous nous cachons derrière des pseudos, des chiffres, des lettres... nous essayons d'être digne des appellations que l'on nous donne, mais est-ce vraiment nécessaire?

Fausse RéalitéWhere stories live. Discover now