Lost Boy {EreRiren}

Снαριτπε 9

- Je n'imaginais pas le Pays Imaginaire ainsi, soupira Livaï en s'allongeant aux côtés d'Eren dans un espace changeant au rythme de leurs pensées et de ce qu'ils avaient l'impression d'en percevoir. Où est le monde que tu m'as décris Eren, questionna-t-il en prenant la main de ce dernier dans la sienne.

- Je t'ai menti, avoua le plus jeune en entrecroisant ses doigts à ceux de son ami. Enfin je m'étais trompé, il n'y avait pas de Pays Imaginaire, ajouta-t-il en soupirant.

- Comment ça, demanda le noiraud en cherchant à croiser le regard d'Eren qui le gardait fixé dans le vide.

- Quand j'étais petit, je suis tombé très malade alors je me suis mis à chercher sans relâche un moyen pour m'échapper dans d'autres mondes où je pouvais oublier la douleur. Mes parents m'offraient des dizaines de livres qu'ils venaient me lire chaque soir à mon chevet, m'encourageant, chaque fois que la douleur revenait, à courir me réfugier dans ces mondes, expliqua lentement Eren la bouche rendue pâteuse par ses souvenirs.

- Où veux-tu en venir, questionna Livaï d'un ton inquiet en resserant sa prise.

- Un jour je suis mort, enfin c'était tout comme. Mon coeur battait encore mais mon âme allait se balader loin, jusqu'au Pays Imaginaire. J'ai fini par comprendre que toutes mes histoires, que ce monde dont je te rapportai les nouvelles sans cesse, n'étaient que le fruit de mon imagination. Inconsciemment, j'avais continué à fuir dans ces mondes que j'avais fini par croire réels, affirma-t-il en secouant la tête.

- Et... et quel est mon rôle dans toute cette histoire ? Pourquoi ne restais-tu pas toujours au Pays Imaginaire, le relança Livaï en resserant sa prise sur la main toujours mêlée à la sienne.

- Toutes ces années, je n'étais qu'à moitié vivant, plongée une sorte d'inconscience prolongée. Mais comme je te l'ai dit, je n'étais plus dans mon corps et je ne sais pas comment mais je crois bien que mon âme est venue chercher la tienne inlassablement, chaque nuit, sans que je ne puisse rien contrôler au processus, expliqua-t-il d'une voix tremblante, un air perdu collé au visage.

- Mais je pouvais pourtant te voir, te toucher, comment aurais-je pu interagir ainsi avec toi si tu n'avais été qu'une... qu'une âme, bafouilla sans comprendre le plus vieux, bouleversé.

- J'en suis arrivé à la conclusion que si mon âme est venue te chercher, la tienne, elle, l'a reconnue. C'est drôle mais je crois que c'est ce que les gens appellent des âmes soeur, annonça-t-il en tournant enfin son regard hésitant vers Livaï, les joues adorablement rougies par la gêne.

- Mais si... si on était des âmes soeurs, alors pourquoi... pourquoi tu m'as abandonné, murmura Livaï ému tant par les mots que les yeux de son ami.

- À force de vagabonder loin de mon corps, je n'en avais pas conscience mais le lien qui me reliait à lui se faisait de plus en plus ténu et, par la même occasion, celui que j'entretenais avec toi aussi. Je n'ai compris qu'il y a quelques jours que ce qui permettait que l'on se voit mutuellement, c'est que mon corps continuait d'exister dans ton monde Livaï. C'est pour ça que je voulais que tu rejoignes le mien pour que l'on puisse rester ensemble car, sans m'en rendre compte, je devais avoir gardé conscience, dans un coin de mon esprit, que tout ceci n'était qu'un rêve et que chacun dans un monde séparé nous aurions à notre tour été séparés. Cependant le jour où nous avions fixé notre départ, j'ai faillis mourir, et pour de bon cette fois, et ça m'a rappelé soudainement à la réalité. Alors... J'ai eu peur de tout perdre.... de te perdre toi... donc je suis retourné dans mon corps avec la ferme intention de te retrouver dans ton monde, expliqua le plus jeune d'un ton passionné.

- Et après, murmura Livaï le coeur serré.

- Je me suis réveillé... et j'ai tout oublié, sourit tristement Eren.