𝗣𝗮𝗽𝗮 | |

1 : pourquoi je n'ai pas de papa, moi ?

POV extérieur

Un matin comme les autres, un jeune homme d'environ 21 ans était déjà debout, s'affairant dans la cuisine. Il préparait le petit-déjeuner pour son petit garçon, Yû. Nagisa, bien que relativement petit avec son mètre soixante, avait de longs cheveux bleus qu'il attachait en permanence et des yeux bleu ciel magnifiques. Ces traits délicats faisaient de lui quelqu'un qu'on ne pouvait ignorer. Mais ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était son fils de 6 ans, son petit homme, la lumière de sa vie.

POV Nagisa

Ce matin, comme tous les autres, je me suis levé tôt pour préparer le petit-déjeuner de mon ange. Une routine, peut-être, mais une que je chéris profondément. Une fois les pancakes prêts, je suis monté à l'étage, direction sa chambre. J'ouvre doucement la porte pour ne pas le réveiller brusquement. Là, je m'arrête un instant, ému par la scène qui s'offre à moi.

Yû dort paisiblement, emmitouflé dans ses draps. Il est tellement mignon dans son sommeil qu'il me rappelle... lui. Mais je chasse cette pensée. C'est du passé.

Je m'approche de son lit, trop petit pour un garçon de sa taille. Ce n'est plus un bébé, pourtant... il a grandi si vite. Mais ce qui me frappe toujours, c'est à quel point il ressemble à son père. Trop, même. Je le secoue doucement pour le réveiller.

- Debout, petit cœur, c'est l'heure de manger.
- Mmh... fatigué... suis fatigué, maman... dit-il en se frottant les yeux avec ses petites mains, irrésistiblement adorable.
- Mais mon chéri, si tu restes là, tes pancakes vont refroidir. Tu veux qu'ils soient froids ?
- Bon d'accord... Il ouvre les bras vers moi, réclamant un câlin.

- Un câlin ? Mais tu n'es pas un peu trop vieux pour ça ? je le taquine, sourire aux lèvres.
- Tu trouves ?
- Hahaha, jamais de la vie. Viens là, toi.
- Ouiii ! Merci, maman ! s'écrie-t-il en riant.

Je le prends dans mes bras, son petit corps chaud contre le mien, et lui dépose un baiser sur le front.

- Mais avant de manger, tu vas te brosser les dents, d'accord ?
- D'accord, maman !

Je l'emmène dans la salle de bain, et il grimpe sur son petit tabouret pour atteindre le lavabo. Tandis qu'il se brosse les dents, il pousse une exclamation joyeuse.
- Eh, maman, regarde ! J'ai perdu ma dent de devant !
- Oh, mais c'est génial ! La petite souris va passer ce soir, alors !
- Tu crois qu'on peut l'attraper ? demande-t-il, les yeux brillants d'espoir.
- Ça ne fonctionne pas comme ça, mon cœur. Tu dois dormir pour qu'elle passe. Sinon, elle ne pourra pas te laisser ta pièce. Tu comprends ?
- Oui, maman.
- Dans ce cas, allons manger.

- Au petit-déjeuner -

Nous sommes à table, et le petit dévore ses pancakes avec appétit. Puis, soudain, il lève les yeux vers moi, l'air sérieux.

- Dis, maman ?
- Oui, mon cœur ?
- Pourquoi je n'ai pas de papa, moi ?

Je sens mon souffle se couper. Mes mains tremblent légèrement, mais je les cache sous la table.

- Ah... pourquoi tu me demandes ça ?
- À l'école, tout le monde parle de leur papa. Ils disent qu'ils sont trop géniaux. Puis ils me demandent comment est le mien... mais moi, je leur dis que j'ai pas de papa. J'ai une maman trop géniale, c'est tout.

Un sourire se forme sur mes lèvres malgré moi.
- Tu dis vraiment ça ?
- Oui, mais... pourquoi tu pleures, maman ?

Il descend précipitamment de sa chaise et vient me prendre la main.
- C'est parce que j'ai parlé de papa ?
- Non, mon amour, c'est juste que... je ne peux pas encore te parler de lui. Mais je te promets que tu sauras un jour.
- C'est parce que ça te rend triste ?
- Oui, un peu...

Il me regarde avec ces grands yeux pleins de compréhension, beaucoup trop mature pour son âge.
- Alors, je dirai plus rien. Mais... tu veux un câlin ?
- Oui, je veux bien, mon ange.

Il m'enlace de toutes ses forces, et je me perds dans son étreinte, incapable de contenir mes larmes. Je m'en veux de ne pas lui parler de son père. Mais comment pourrais-je ? Même après tout ce temps, la douleur reste vive.

- Flashback -

C'était une nuit étoilée. J'étais allongé sur le torse nu et chaud de Karma, ses bras autour de moi. Tout semblait parfait... jusqu'à ce qu'il parle.

- Nagisa ?
- Oui, mon amour ?
- Je vais bientôt partir du lycée.

Ces mots me frappèrent comme une lame.
- Comment ça, partir ?
- Mon père a été muté ailleurs. Je dois déménager. Je suis désolé de te dire ça maintenant, mais je voulais qu'on se quitte en bons termes.

Je n'ai rien pu dire. Mon cœur s'est brisé ce soir-là. Mais pire encore, je savais que je portais déjà son enfant. Et lui... il n'en aurait jamais connaissance.

- De retour au présent -

L'après-midi, nous décidons de nous promener au parc. Yû court joyeusement devant moi, mais mon attention est détournée par un groupe d'hommes qui commencent à parler de moi avec vulgarité.

- Regardez ce corps, les gars !
- Il ferait bien des heureux, vous croyez pas ?

Je prends Yû par la main et accélère le pas.
- Viens, on rentre, mon cœur.
- D'accord, maman.

À la maison, il ne semble pas avoir remarqué mon malaise. Il me demande joyeusement :
- On regarde un dessin animé ?

Je souris, soulagée de voir son innocence intacte.
- D'accord. Tu veux regarder quoi ?
- Les Ratz ! C'est Tetsu qui m'a dit que c'était trop drôle.

Nous passons la soirée à regarder son dessin animé. Malgré les rires de mon fils, mon esprit est ailleurs. La ressemblance entre Yû et Karma est frappante. Il a ses cheveux, son sourire... tout, sauf mes yeux.

Mais je me promets qu'un jour, je lui dirai la vérité. Quand il sera prêt... et quand je le serai aussi.

À SUIVRE...