Dans un coin de rue, au coeur d'une ville bourdonnante, ce tenait un petit café. Un grand écriteau peint en rouge était accroché sur la devanture, juste au dessus d'une porte en bois de chêne, et affichait en lettres joliment ornées :
« Le Lunaire. 24H/24 »
Lorsque l'on y entrait, une délicate odeur de café et d'épices se faisait sentir. Les murs arborant la même couleur que le panneau de l'entrée et les fauteuils de velours pourpre donnant une atmosphère de chaleur très appréciable par cette période de l'année.
Tout au long des murs, de nombreuses photos ainsi que des tableaux de tous genres étaient encadrés, animant l'étendu rougeoyante, et enfin, au fond de la salle juste derrière le bar, une large étagère débordait de bocaux et bouteilles de tous genre, les lumières de la pièce s'y reflétant allègrement.
L'établissement ne débordait que rarement de clients, mais il n'était jamais vide non plus, une poignée d'habitués animant sans cesse le lieu de leur présence, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.
Et parmi eux, se trouvait Jude Sharp.
C'était un jeune homme d'une vingtaine d'années aux longs cheveux châtains regroupés en dread-locks et souvent relevés en queue de cheval, son visage était comparable à de la porcelaine et dans cette étendu beige ressortait deux orbes d'un marron profond où certains jureraient avoir aperçu des reflets rubis.
Jude venait tous les jours, dans les alentours de 19h, et ne repartait que bien plus tard dans la nuit, un sourire souvent fatigué mais satisfait aux lèvres.
Les quelques serveurs et la patronne connaissaient sa routine par coeur, après plus d'un an de visites régulières. Ils le gratifiait souvent de consommations gratuites, parfois pour le remercier de sa fidélité, et d'autres simplement pour l'aider à rester éveillé lors de la lecture de certains ouvrages qui n'étaient définitivement pas destiné à un quelconque plaisir personnel.
C'était un étudiant en lettre, du moins c'est ce que les travailleurs du « Lunaire » avaient pu déduire de ses lectures et de la quantité astronomiques de notes qu'il trimbalait partout, et ils s'accordaient tous pour dire qu'il avait de l'avenir compte tenu de la quantité monumental de travail qu'il abattait chaque soir.
Si les employés du café connaissaient bien Jude Sharp, il va sans dire qu'il allait de même pour ce dernier. Du rire grave de Nils, au perfectionnisme de Brooke, en passant par la démarche élégante de Miguel, le châtain avait une connaissance parfaite de chacun d'entre eux.
Mais ce soir, ce n'était pas le cas.
Ce soir, ses connaissances rencontraient un obstacle.
Ce soir, ce n'était pas une grande métisse derrière le bar, mais un garçon aux boucles de jais et au teint miel.
Pour dire que Jude était surpris serait un euphémisme. En tout ce temps, il n'avait jamais croisé de visage qui ne lui était pas familier parmi les employés de l'établissement, pas un stagiaire, pas un remplaçant, personne !
Est-ce que l'un des salarié c'était fait virer ? Non, c'était très peu probable, la patronne, Deborah, les considéraient comme sa propre famille, elle n'aurait jamais mis qui que ce soit à la porte même si il avait fait brûler l'immeuble.
Démissionner alors ? Non, encore une fois, cela semblait trop improbable, à moins de problèmes de santés ou quelque chose de cet acabit, aucun serveur du « Lunaire » ne quitterait son poste...
Est-ce que l'un d'eux avait d'assez gros ennuis pour se faire remplacer ?
Durant tout son raisonnement, un sentiment d'inquiétude se resserrait petit à petit dans le creux de son ventre, jusqu'à ce qu'une large main chocolat s'abatte sur son épaule.
« Et voici notre bosseur préféré ! Qu'est-ce que je te sers Jude ? »
Le nommé se tourna pour se retrouver face à Nils qui lui souriait de toutes ses dents perlées, un calepin dans une main et un vieux crayon à papier dans l'autre.
« - Un café noir, sans sucre, et... Une tartelette aux fruits rouges s'il-te-plaît.
- Un café, et une tartelette, ça marche ! Je t'apporte ça !
- Euh, Nils ! L'interpella Jude avant que le jeune homme ne lui échappe. Brooke n'est pas au bar aujourd'hui ?
- Nope, répondit-il en faisant résonner le « p », elle a laissé la place à Caleb.
- Caleb ?
- À mais je suis bête, tu l'avais pas encore vu ! Debby lui a fait passer un entretien y a un peu plus d'un mois, mais il pouvait commencer à travailler que cette semaine ! »
L'étudiant se retourna vers le bar et observa quelques secondes le nouveau venu qui s'affairait à ranger les bouteilles de liqueur méthodiquement, avant de revenir au serveur.
« - Vous n'arriviez plus à gérer entre vous quatre ?
- Tu sais, on a beau être un petit établissement, maintenant qu'on sers la bouffe le midi, c'est un peu galère de gérer la cuisine, le bar, et la salle avec seulement nos quatre pommes.
- Je comprend... ajouta-t-il pensivement, rassuré qu'aucun de ses amis n'ait d'ennuis.
- Bon, je vais te les chercher ce café et cette pâtisserie ? »
À peine Jude eut-il temps d'acquiescer tout en remerciant le brun que ce dernier avait déjà disparu vers le fond de la salle, tendant au passage sa commande au dit Caleb.
Ce dernier lui lança un regard depuis son bar, avant de rapidement détourner les yeux et de retourner son attention à son travail. Les yeux du châtains s'attardèrent un moment sur ses mouvements avant de se concentrer sur le livre qu'il venait de sortir de son sac, « Traité de l'amour » d'Ibn 'Arabî l'attendait, et il n'avait pas toute la nuit.
Mais durant toute la soirée, même après que Nils lui ait apporté son encas et après qu'il ait bien rempli 5 pages d'analyse complémentaire à sa lecture, le prénom Caleb lui revenait sans cesse comme une piqûre de rappel.
Caleb... Ça sonnait bien. Ça sonnait inconnu. Ça sonnait découverte.
Et Jude maudit sa curiosité qui l'empêchait de se concentrer proprement pour le reste de la soirée.
***
Et les gars.... Je sais encore écrire ! C'est court, mais je sais encore écrire !
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Le Lunaire
Fanfiction"- Combien de fois faut que je te dises que le café c'est pas bon pour la santé ? - Arrête de m'en servir alors. - J'aimerais bien, mais que veux-tu, le client est roi. "