Lundi 15 septembre 15h 40
MATT - chanteur de SKIN— Putain, mais sérieusement, qu'est-ce qui vous a pris à tous les deux ? Il y a des jours où il passe autre chose du vent entre vos oreilles ?
— J'avais pas envie de faire sport.
— Sans blague ? La moitié de ta classe n'en avait probablement pas envie non plus. Pourtant tu vois, ils ont fait leurs tours de stade et n'ont eu aucun ennui EUX.
— La prof m'a énervée.
— Mais Bec' t'as pas cinq ans, merde !
La première voix est celle d'Arthur, la deuxième celle de Rebecca. Je ne devrais peut-être pas trop m'avancer étant donné que Gwen et Hadrien se prennent le bec régulièrement mais, est-ce qu'ils leur arrivent de leur parler sans s'engueuler dans leur groupe ? Parce que même si aucun des membres de Sweet Poison ne s'en rend compte, tous les élèves stationnés dans le couloir profitent de leur dispute.
Je les observe se rapprocher de la salle 206, Arthur et Bec' en tête. Quoi que cette dernière ait fait, elle n'est pas rongée par les remords. Elle semble juste fâchée que son guitariste la gronde devant tout le monde.
Lorsqu'ils arrivent à la hauteur de ma classe, Arthur s'arrête devant Skinny et moi. Toute la classe immobile dans le couloir retient son souffle, sûre d'être aux premières loges du scoop de la journée.
Le guitariste de Sweet Poison ne remarque rien des oreilles curieuses braquées sur lui.
— Vous pouvez prendre le local ce soir si vous voulez, m'explique-t-il, la moitié de notre groupe est collé. Passez une bonne soirée.
Et, les épaules aussi basses que s'il portait Bec' dessus, il poursuit son chemin vers sa propre salle de classe. Il n'est même pas réellement furieux, juste très très las.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandé-je éberlué au reste de son groupe.
Kwan ne partage pas le désespoir de son guitariste : il est écroulé de rire. Il s'essuie les yeux et prend une grande inspiration pour se calmer avant de me répondre.
— Tiens-toi bien, parce qu'on a nos génies de la semaine. Deuxième séance d'EPS de l'année et Lukas et Bec' sont déjà collés.
Merde.
— Pour quelle raison ?
— Figure-toi que Sir Vrakritz et Lady Grance avaient la flemme d'aller en cours de sport - ce qui est un syndrome assez courant chez les élèves - même s'il y a le bac à la fin de l'année. Donc ils ont séché. Manque de bol, nos deux dissidents n'ont rien trouvé de mieux à faire que de traîner devant le lycée et donc la prof, qui n'est pas non plus une complète abrutie, les a reconnus.
— Précise qu'elle est venue nous parler, grogne Bec'.
— Deux minutes, la rebelle. Jusque-là, tu peux encore t'en sortir avec une pseudo dispense mais notre Bec' nationale aime le challenge.
— C'est elle a commencé !
— Mais oui, on sait.
Il se tourne de nouveau vers moi.
— Donc, la prof a regardé la silhouette de Bec'. Puis dans une pointe d'humour tendancieuse elle a déclaré je cite "ça ne vous aurait pourtant pas fait de mal un peu de sport" .
Une vague de malaise traverse le couloir. Critiquer le physique de qui que ce soit devant Rebecca n'est pas une bonne idée. Pas une bonne idée du tout. Alors s'en prendre à son poids...
— Évidemment, tu te doutes bien qu'après cette sortie, notre chère batteuse n'est pas restée muette.
— Le sport préserve pas de la connerie. Au moins, on est fixés, marmonne l'intéressée.
Kwan l'ignore et continue son récit ; le pire est à venir. Quand on y songe, la patience d'Arthur envers sa batteuse est un trésor sous-estimé.
— Donc Bec' dans sa grande délicatesse, attrape Lukas par le col, lui roule un patin à faire rougir toute la paroisse voire le diocèse et rétorque : « Ne vous inquiétez pas Madame, du sport on en a fait. D'ailleurs, vous devriez essayer ce genre de discipline : ça détend. »
Tout le petit comité attiré par la dispute de Sweet Poison éclate de rire et même Skinny se mord la lèvre en pouffant.
— Rançon du spectacle, conclut Kwan une heure de colle pour insolence et une deuxième pour absence non justifiée.
— Je devrais porter plainte contre toi Bec', s'insurge soudain Lukas. Tu n'avais pas le droit de m'embrasser sans mon consentement.
— Les droits, ça se prend, réplique-t-elle sans même le regarder.
— C'est féministe comme position, ça ?
— Ta gueule, le pd !
— Et homophobe avec ça.
— La Corée, même remarque.
Toujours le grand amour entre les membres de Sweet Poison. Mais Hadrien va être content : on a gagné le local.
*************************************************
Bonsoir à tous,
Un chapitre plus court, avec aucune avancée sur l'histoire mais que je me suis beaucoup amusée à écrire. ;)
La relecture a été rapide, pardon pour les fautes ou tournures maladroites s'il en reste.Juste une remarque : devant l'incompréhension de pas mal de lecteurs sur le début de l'histoire, je pense publier un avant-propos ce WE ou lundi, évidemment, je vous présente mes excuses pour la notification qui ne vous concernent (normalement) pas.
Prenez soin de vous,
Anne
VOUS LISEZ
Skin vs Sweet Poison - let's rock !
Ficção AdolescenteEn théorie, nous sommes un groupe de rock lycéen. En pratique, notre batteuse est fêlée, notre chanteur idolâtre Mercury et mon nom sonne plus comme le huitième membre de BTS que comme celui d'un bassiste. Et puisque visiblement, ça ne suffisait pas...