Chapitre 66. Le vrai moi

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Les semaines qui suivirent la confrontation avec Nora furent en grosse partie occupées par des considérations juridiques. Je préparais activement la naissance de ma fille et étudiait avec mon avocat toutes les options qui s'offraient à nous. Le but était simple, obtenir la garde exclusive. Pour ça, j'avais dû changer pas mal de choses dans mes habitudes.

Première chose, je ne fumais plus, de façon régulière du moins. Ma mère était ravie, Violette aussi. J'avais mis de l'ordre dans mes papiers et dans ma vie, pour avoir l'air le plus responsable possible. On avait constitué tout un dossier contre Nora, pour démontrer qu'elle était abusive et présentait un risque pour ma fille et configuré la liste des témoins. Mon avocat pensait que Vio pouvait jouer un rôle dans l'histoire. Parce que même aujourd'hui, un juge pouvait davantage imaginer confier un enfant aussi jeune à un couple qu'à un père célibataire. Mais je voulais y aller mollo, j'avais pas envie qu'elle voie ça comme un moyen pour moi de remplacer la mère de ma gosse par une autre.

Je voulais pas non plus qu'elle se sente investie d'une mission trop lourde pour elle, je n'avais en aucun cas à lui imposer un enfant qui n'était pas le sien, même si je la connaissais par cœur, elle ferait tout pour m'aider avec la petite.

Dans tous les cas, pour le moment tout n'était qu'une question de préparation, il ne pourrait y avoir de vrai enjeux qu'à l'instant où ma fille serait là.

On passa Noël à Toulon, ça me fit étrange d'être accompagné, je reçus pas mal de cadeau pour le bébé et honnêtement, c'était un peu chelou. Mais je fis semblant d'être ravi en regardant ma tante avec un sourire forcé. Heureusement, ni mes parents, ni mon frère, ni ma meuf, n'avaient fait la même erreur. J'accompagnai ensuite Vio à Genève pour rendre visite à sa mère qui allait un peu mieux, même si elle continuait de croire que son mari allait revenir. Mais les psys espéraient pouvoir la laisser sortir bientôt de l'hôpital.

C'était un peu bizarre de revenir dans cette baraque où on s'était retrouvés, quelques semaines plus tôt et où nos vies avaient basculé de différentes façons.

Au mois de janvier, n'y tenant plus je proposai à Vio de s'installer chez moi, même si ça faisait très peu de temps qu'on était ensemble officiellement, on se connaissait depuis bientôt trois ans et c'était ridicule de passer notre vie à faire des allers-retours pour dormir l'un chez l'autre et ne se voir, au final, que la nuit. Elle avait un loyer, mon appart m'appartenait, elle était fauchée, je m'en sortais plus tôt bien. C'était ridicule. Et puis pour moi, il n'y avait pas de doutes possibles, c'était la bonne.

Elle mit cependant un peu de temps à accepter ma proposition, parce qu'elle avait eu assez peu d'indépendance depuis qu'elle était sur Paname, elle aimait bien son petit studio à Laumière, et puis clairement, même avec moi, aller habiter Aubervilliers, c'était pas ultra sexy.

Vers la fin du mois, en rentrant du studio, je la découvris assise par terre dans mon salon, au milieu d'une demie douzaine de cartons.

— Salut ! lança-t-elle joyeusement en se pendant à mon cou pour m'embrasser.

— Qu'est-ce que c'est que tout ce sbeul ? demandai-je.

Ses adorables fossettes se creusèrent quand son sourire illumina son visage.

C'était un peu compliqué dans ma vie, mais putain, j'étais heureux avec cette fille.

— C'est moi tout ce sbeul ! Tu te rends compte ? Ma vie tient dans six cartons. J'ai rendu mes clés ce matin.

Ça, c'était une belle surprise.

— Comment t'as amené tout ça ici ? demandai-je, T'as pas pris le rere avec tes cartons sous le bras je présume.

GaminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant