Sam (non corrigé)

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   Ses yeux se baissent sur ses mains. Elles sont rouges et des cloques promettent déjà de se former à la base de ses doigts. Sam se rappelle une fois de plus qu'il devient urgent de trouver des gants pour les protéger. Premièrement parce que les cloques c'est douloureux et long à soigner mais surtout parce que le sang c'est chiant à laver ! Surtout quand ça reste sous les ongles. La discrétion étant de mise, surtout au travail, Sam ne peut pas se permettre qu'un de ses collègues remarque ce genre de détails fâcheux. Alors, comme c'est une tête de mule pas fichu de s'acheter une paire de gants, à chaque fois c'est un combats de plusieurs minutes entre ses doigts et la brosse à ongles, sous l'eau froide, avec un savon qui sent l'amande.

   Sam déteste l'odeur de l'amande.

   Sam déteste avoir les mains rougies par le sang.

   Et, bien plus encore, Sam déteste nettoyer la lame de son poignard.

   Pourtant Sam n'as pas trop le choix. Pour pouvoir continuer ses petits plaisir, il ne faut surtout pas que les autorités remontent sa piste. Donc il ne faut surtout pas qu'elles retrouvent un poignard sur les corps laissés là où ils sont tombés. Donc il ne faut surtout pas laisser le poignard là où il est. Donc il faut le nettoyer pour pouvoir le ranger dans l'armoire, à la maison, sans en foutre partout. Et Sam trouve ça chiant. Il y en a toujours dans tous les petits recoins, le long de la garde, dans les nervures des motif gravés sur le corps ou incrusté dans le crantage du faux tranchant. C'est chiant, c'est long et passer une plombe avec les mains sous l'eau froide pour nettoyer tout ça n'est pas nécessairement l'activité la plus épanouissante qui soit à sa porté.

   Les yeux toujours baissés, Sam plie et déplie ses doigts fin plusieurs fois puis vient y enfouir son visage. De loin, un badaud passant à la ronde pourrait penser que sa frêle silhouette est en train d'assécher son corps en se noyant dans ses propres larmes mais le sentiment qui l'envahit est en réalité tout autre. Sam se sent bien, une sensation de plénitude monte depuis son ventre et vient emplir sa poitrine. Sa bouche s'ouvre et ses poumons se remplissent d'une grande goulée de l'air frais de la nuit. Sa tête se relève lentement et ses yeux se rivent aux nuages orangés de la nuit citadine. Le visage en l'air Sam sourit quand l'habituel sentiment d'être à la bonne place l'inonde comme à chaque fois. Puis son visage reprend un axe normal et ses yeux se plongent dans les trous béants sur le corps du mendiant, d'où s'échappe un flot de sang, pas encore tari mais déjà affaibli.

   Sam ne choisi pas ses élus au hasard. Au vu du caractère malsain de cette ville ce ne serait probablement pas un réel problème, des personnes poignardées il y en a chaque jour et personne ne s'en étonne plus, mais il ne faudrait pas en profiter pour autant. Les personnes que Sam appelle choisi sont uniquement des personnes dont l'existence n'a aucun impact positif sur la société si ce n'est lui permettre d'assouvir ses besoins sans pour autant s'en prendre à quelqu'un dont l'impact est positivement notable. C'est un calcul complexe de pour et de contre, de oui et de non, de sans-doute et de peut-être, que Sam pèse à chaque rencontre, qu'elle soit physique et discutée ou juste visuelle.

   Ce gars là traînait depuis plusieurs mois devant la gare. Certaines jeunes demoiselles en avaient peur à cause de sa barbe qu'il ne pouvait pas tailler et qui lui donnait un air entre le pervers et le psychopathe. Que faisait-il de bien ? Pas grand-chose si ce n'est rien. Sam n'est pas pour s'en plaindre, ça l'arrange maintenant d'avoir à sa portée ce genre de spécimen facilement poignardable. Au moins pas besoin de chercher loin pour soulager ses envies latentes. Pour cela certains passent des nuits en boîte pour trouver avec qui coucher, d'autres nettoie les rues des psychopathes. Au moins Sam est utile. On a moins besoin de sécurité si l'on réduit les danger n'est-ce pas ? Bien sur l'autorité est contre. Mais dans le fond... Ces gars là sont seuls, ils sont à la rue, personne ne tient à eux. Personne ne cherche à savoir pourquoi ou comment ils ont pu finir, presque coupés en morceaux, la bouche ouverte dans un caniveau au moins aussi sale que leur esprit, plus étant impossible. Et si d'aucun lui demande comment Sam sait que c'est personnes sont si néfastes, sa réponse est concise: « On s'en fout de comment je le sais, le tout est de le savoir. Moi, je le sais. C'est tout. »

   Enfin, Sam de se mettre en marche pour sortir de la ruelle en laissant le vieux derrière, puis de passer devant une voiture aux vitres fumées et de s'arrêter, observant son reflet.

   Un cou long et fin, posée sur des épaules étroite et supportant une tête coiffée de cheveux châtains pas réellement disciplinés, à peine assez longs pour lui tomber sur le front. Une mâchoire ciselée, encadrant une mâchoire taillée au couteau, des joues légèrement creusées, juste assez pour être qualifiées de sexy, une bouche rouge et fine. Un nez, aussi fin que le reste de son corps, savamment positionné entre deux yeux verts à en couper le souffle à un trompettiste. Une beauté sans pareil animant un corps surprenant aux mouvements souples, presque félins. Une beauté sauvagement accentuée par les marques rouges laissées par ses paumes contre ses joues, son front, et ses pommettes hautes. Une beauté volant le cœur des femmes, emprisonnant celui des hommes. Mais Sam s'en tape. Sam ne vit que pour son être propre. Le reste du monde est trop peu intéressant à ses yeux.

   Oh j'ai oublié de me présenter, désolé. Il paraît que c'est impoli mais je vous avoue que je m'en fou totalement. La bienséance est créée par et pour ceux qui n'ont que ça à faire pour remplir leurs journées. Enfin bref, pour la compréhension de tous donc, plus que par soucis de vous plaire, je me présente. Enchanté, je m'appelle Sam.

Balivernes et DivagationsWhere stories live. Discover now