Nouvelle n°2- Madame Viperot

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Hopital psychiatrique de Charleville,
26 mai 2004 - 15h02

"Certes, j'étais absolument et parfaitement insuportable. Il est vrai qu'il m'était déjà arrivé d'attrapper quelques oisillons pour jouer avec, m'ennuyer puis finallement les mixer dans l'énorme appareil de maman. Je me souviens même encore du bruit de craquement des os et des becs de mésanges. Je me rappelle de leurs cris mais aussi de ceux de ma mère lorsqu'elle entrait dans la cuisine, qu'elle me voyait puis disait en pleurant:
- Mais tu es complêtement folle ma pauvre fille, je vais faire de même avec tes doigts si tu n'arrêtes pas! Ce n'est pas un jeu, quand vas-tu comprendre! Tu me fais peur!
- Vois-tu Maman, si tu m'avais dit plus tôt que ce n'était pas bien je ne l'aurais pas fait. Mais de toute manière, je suis petite, ce n'est pas de ma faute. Lui avais-je dit.

J'étais une espèce de peste sadique, tout à fait consciente du mal que je causais.
En classe de 5ème je m'étais mise à affectuer des rituels sataniques, pour le simple plaisir d'exécuter seule dans ma chambre (devenue une sorte de cimetière puant la charogne) quelques animaux par là.
Mais c'est en 4ème que les animaux n'étaient simplement plus à mon goût. Il fallait que ce soit plus... palpitant, avec un plus grand enjeux, de plus grands risques. Pour ce faire j'ai premièrement enlevé un jeune enfant de 3 ans au parc, (les bonbons ont parfaitement fonctionnés), je l'ai emmené dans ma chambre, l'unique pièce où ma mère n'entrait plus, ou, du moins, n'osait plus entrer. J'avais préalablement vérifié qu'elle n'était pas à la maison et j'avais noué une corde à l'une des nombreuses poutres de ma chambre avant d'aller au parc. Ainsi, tout était près. J'avais bercé le bambin dans le noir puis, une fois calmé, je l'avais perché sur un tabouret assez haut, ainsi fait, j'entoura son coup de la corde puis je lui avais même demandé s'il savait compter jusqu'à trois. Tout souriant, il m'en avait fait la démonstration, et une fois arrivé au dernier chiffre, j'avais tiré le tabouret. L'enfant suffoquait, et cela suffisait pour me plaire. Puis, le silence revenu, comme dans les films policiers, je m'étais munie d'un grand sac poubelle et j'étais partie pour jeter le mince corps de l'enfant aux ordures publiques situées à quelques mètres de la mairie de mon village désert.
Le soir même, je suis entrée dans la chambre de ma chère mère, armée d'un large couteau, et c'est à ce moment, lorsque je brandis l'arme blanche qu'elle se réveilla , entourée de cinq policiers qui m'empoignèrent. Ma mère pleurait, un téléphone à la main. Ils avaient parfaitement prévu mon coup. Puis je fus dirigée dans cet hopital. Un passant m'avait en fait vu avec le sac et en avait parlé à mère qui avait ensuite appelé la gendarmerie. C'était il y a presque 50 ans, en 1955."
-"Votre docteur vous à bien aidé Madame Viperot, vous vous en sortez bien à 63 ans. J'ai connu d'autres femmes restées toute leur vie dans cet hopital, d'ici un ou deux ans vous pourrez regagner un logis, Madame. Comme vous êtes sûrement avertie, votre mère est décédée il y a presque une semaine à la maison de retraite. Voudriez-vous assister à ses obsèques?"
-" Je le souhaite, oui, peut être serait-ce la dernière fois que je verrai un corps défunt."

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