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  - Maddie ! Tu sais où j'ai mis mon jean noir ?

Mon frère entre dans ma chambre, débraillé, ses cheveux blonds entassés dans une masse informe au dessus de sa tête- peut-être essaie t-il d'accueillir des oiseaux - et habillé d'un tee shirt blanc et d'un caleçon. Je jette un regard à mon téléphone, il ne reste que dix minutes avant qu'Alana ne soit devant la maison. Et si nous partons avec ne seraient-ce que quelques secondes de retard, le trajet jusqu'au lycée sera un enfer.

  - Il est rangé dans ton placard, dépêche toi !

Aujourd'hui, c'est le dernier jour de cours avant la remise des diplômes. Les devoirs notés ont tous été rendus, les professeurs ne donnent plus de leçons, et nous sommes tous à la fois excités et tristes de quitter les lieux qui nous ont vus grandir pendant ces quatre dernières années.

Assise à la place passager de la voiture,que je partage avec mon frère, je me plonge dans mes pensées. La radio passe en aléatoire la musique du répertoire d'Adam. Là, c'est la chanson de The Script The man whocan't be moved. Ce titre me met du baume au cœur. Je pense à tout ce qui a pu m'arriver pendant les quatre ans où j'étais au lycée.


°

  -Maddie, je le sens vraiment pas ton plan. Ça fait au moins cinq ansque je n'ai pas mis les pieds dans un gymnase.

-Détends toi Alie, c'est une audition pour rentrer dans une équipede Cheerleading, pas l'élection pour les présidentielles.


°

  -Et le titre de championnes Régionales de l'Oregon revient à l'équipe... Des Red Bears !

°

    La voix de ma coéquipière résonne dans mon oreille.

-Arrête de pleurer ! Si on a perdu, c'est parce que tu as fait tomber la pyramide, Maddie. Je ne te pardonnerais jamais. Tu as tout gâché.

°

  Je suis toute nue sur le sol de la douche, en boule, pour me cacher, il fait froid et trois de mes coéquipières hurlent.

  -Espèce d'idiote, regarde toi ! Quand ton frère et tes potes sont pas là t'es rien. Sans eux, t'es vraiment rien. Et maintenant qu'on a pris tes vêtements... Oh, tu es vraiment invisible ! On ne te voit même plus !


°

  Assise sur un banc à la cafétéria, je picore une salade que ma mère a préparé ce matin. J'entend leurs voix dans mon dos. Une ligne de frissons remonte le long de ma colonne vertébrale et des larmes s'agglutinent dans mes yeux.

  -Encore en train de manger ? Bon sang, mais qui donc va arrêter cette grosse vache avant qu'elle n'accouche d'un bloc de graisse ?A ce train là, elle ne rentrera plus dans son uniforme avant le mois de janvier !

°


Quand je sors de mes pensées, nous sommes garés devant le lycée, et mon frère me fixe en fronçant les sourcils. Je pleure encore.

  - Est-ce que je dois appeler Paul pour remettre en place des petites pestes ?

Je souris faiblement.

  - Non, ce sont juste des vieux souvenirs. Ne t'en fais pas.

  - D'accord. Viens par là, sèche tes larmes petite sœur.

Soixante NuitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant