SOUVENIR

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Je me souviens de cet endroit, de ces photos, de cette salle de projection dont les images et les sons me hantent depuis quinze ans. Quinze longues années à vivre dans un pays, dans une région ayant souffert le plus, étant devenu un vrai gruyère en constante reconversion économique. Ces images me hantent. Je vois constamment passer devant mes yeux ces visages. Ces visages d'hommes se battant, de ces femmes et enfants attendant le retour d'un père, d'un mari ou d'un frère, devant s'occuper eux-mêmes des affaires et de la maison, se raccrochant aux souvenirs, aux lettres et à la prière. Ces hommes qui eux mentent. Ils mentent de manière à ne pas effrayer leurs familles mais aussi par obligations car on les surveille. Ils sont surveillés, ils sont organisés, on pourrait même dire qu'ils étaient considéré comme des machines. Peu importe le pays, les hommes étaient déshumanisés.

Je me souviens de ces hommes, de ces femmes et ces enfants qui par leurs ''différences'' été jugés, mal vus, exclut. Je me souviens de ces images de ces gens se promenant dans les rues leurs étoiles tel une partie de leur peau. Ces images d'enfants porteur d'étoiles renonçant à certains bonheurs leur étant refusé et de ce fait s'en créant d'autres.

Je me souviens de ces trains où l'on entassé les personnes pour les exclure définitivement. Je me souviens de cette arrivée en enfer. Enfer gardé par ces grilles, cette phrase et ces hommes, un air grave et hautains les attendant. Je me rappelle de ces mots dans cette langue qui m'était et m'est toujours inconnue. Ces promesses, ces mensonges, ces ordres qui leur ont été donné de manière à pouvoir les séparer, les juger, les exécuter. Je me souviens de ces images d'horreurs, d'hommes, de femmes et d'enfants souffrants sous ce gaz pensant prendre une douche. De ces corps, sortis de ces chambres pour finir entasser dans ces fosses. Je me souviens de ces hommes heureux de leurs souffrances pouvant en jouer et en profiter dans le but de soi-disant faire avancer la science. Je me souviens de ces regards vides, de ces corps meurtris, squelettiques, de ses Hommes traumatisés et marqué a leur libération. Mais aussi de ces faibles sourires de remerciements et de cette joie des enfants.

Je me souviens d'un monde qui m'est inconnu, d'une période que je n'ai pas vécu. Je me souviens d'une souffrance, d'une peur, d'un traumatisme qui, en en étant extérieur, me touche depuis quinze ans. Quinze années qui ne sont rien et qui vont augmenter malgré mon propre souhait. Quinze années qui s'aggravent et me hante jours après jours.

Je me présente je suis une étudiante de dix neuf ans, traumatisé de cet enfer que je n'ai pourtant pas vécu.

TraumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant