Chapitre 76. Danse

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Allongés sur la couverture que Violette avait montée pour nous isoler de la tôle brulante de la toiture, on profitait de la fraîcheur qui retombait doucement avec le coucher du soleil.

Je ne disais plus rien en l'observant pendant qu'elle me racontait je ne savais plus quoi, le mariage de Tom peut-être, j'avais besoin de graver le souvenir de cette soirée dans mon crâne, pour me rappeler qu'un jour il faudrait que je revienne.

Son visage était sans cesse balayé par ses cheveux que le vent faisait voler, elle passait son temps à les remettre derrière son oreille, sans même se rendre compte de son geste inutile. Je contemplai ses épaules laissées nues par son débardeur, sa poitrine qui se soulevai au rythme de ses rires et de ses paroles. Elle avait bronzé, à Paname en travaillant sept heures par jour, fallait le faire. Enfin visiblement Vio passait le reste de son temps sur ce toit.

Son short était beaucoup trop court. Pas que je m'en plaignais, mais avoir ses jolies jambes sous les yeux, ça me rappelait beaucoup de souvenirs. Sans vraiment prendre conscience de mon geste, je ne pus m'empêcher d'effleurer sa cuisse, fermant presque les yeux en sentant la douceur de sa peau sous mes doigts.

Violette sursauta un peu et s'interrompit brièvement dans son discours pour me jeter un regard mi étonné mi affectueux, et j'eus envie de l'embrasser.

Mais pas tout de suite, parce que je ne voulais pas lui faire de faux espoirs. S'il se passait quelque chose entre nous ce soir, je voulais qu'elle sache d'abord que je partais.

— Tu m'écoutes pas en fait, me dit-elle en fronçant les sourcils.

— J'avoue que je suis distrait, répondis-je en la dévisageant.

Elle se redressa pour s'assoir en tailleur à côté de moi, j'attrapai l'une de ses mains, caressant doucement ses phalanges délicates.

— J'ai l'impression d'être plus jeune que toi, murmurai-je, genre c'est toi qui m'intimides. La vérité c'est que je suis venu pour te dire quelque chose et je me retrouve comme un con à être trop impressionné par la femme sublime que t'es devenue.

Vrai qu'elle avait changé depuis trois ans, ses traits s'étaient affirmés, son corps aussi avait pris de la maturité. Plus personne n'aurait pu dire d'elle au premier abord « elle est mignonne ». À moins que ce soit mon regard sur elle et la façon dont je la percevais qui se soient transformés.

Mais je vis ses joues s'enflammer à cause de mon compliment et elle baissa un peu les yeux vers ses genoux, triturant maladroitement ses piercings à l'oreille.

Ça me donna juste ce qui me manquait de confiance en moi pour réussir à lui dire.

— Si je suis venu te voir... C'est parce que je pouvais pas partir sans... Enfin j'ai décidé d'aller passer quelques temps au Brésil. On en a parlé avec Eff et Ivan, mon frère aussi. Je me suis rendu compte que j'avais besoin d'une sorte de pause tu vois. Ici rien ne va, et il me faut temps seul et loin de Paname pour... perdre ma haine en quelque sorte.

Je marquai une pause, Violette m'adressa un sourire encourageant, n'ayant pas l'air vraiment surprise par mon annonce, elle caressait distraitement mon avant-bras, attendant que je lui explique la suite. Je me redressai pour donner plus de sérieux à mes paroles.

— Je l'ai dit à personne, je ne voulais pas de soirée de départ ou quoi. Enfin tu t'en doutes, ma famille, Jazzy et Eff sont au courant. Mais je l'ai pas dit ni à Maya ni à Ken ni aux autres. Ils vont m'en vouloir, mais je compte sur toi pour leur expliquer, t'as capté. Je pouvais pas partir sans t'en parler et je crois que si maintenant tu me suppliais de pas y aller, j'irais pas. Quelque part j'espère presque que tu vas me dire de rester, mais tu l'feras pas, parce que toi aussi tu sais que c'est la meilleure chose que je puisse faire maintenant. J'ai tort ?

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