Chapitre 31 : Méfiance et confidence

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Vendredi 19 septembre 22h 28
BEC'

    Je pousse la porte vitrée du Pur Spirit, un des bars du centre-ville. Skinny, bras serrés autour de son blouson, me suit sans un mot. Je suis sûre que même dans le couloir de la mort, les prisonniers sont plus dynamiques.

    Pendant que je cherche un endroit pour se poser, elle jette un regard circulaire sur la quarantaine de personnes assises dans la salle et ressert encore ses bras par réflexe. Je soupire ; elle va finir par se casser trois côtes à être aussi rigide.

 — Suis-moi, ordonné-je.

    Puisque balancer le squelette sur la piste de danse semble prématuré, je nous conduis jusqu'à une table isolée dans le fond. Skinny s'assoit, toujours aussi zen. Pour preuve : ses bras ne se sont pas décroisés depuis notre arrivée.

    Alors qu'autour de nous, tout respire le bonheur de l'instantané. La musique couvre les rires et les conversations, les corps des danseurs en partie dévêtus se trémoussent et, de temps à autre, des gestes indécents surgissent entre les ombres de la lumière chaude qui nous enveloppe. Je me sens bien. Parfaitement sereine. Même la transparence de Barbie ne peut pas m'énerver.

    Ou les deux messages juste reçus sur mon téléphone :

De Le Gothique

Sois sympa avec Skinny s'il te plait. Amusez-vous bien !

De Le Psychopathe

Grance, tu entraînes Marie dans des lieux malfamés, je te crucifie.

    Blondie est-elle au courant qu'elle est plus surveillée qu'une prisonnière de Guantanamo ? J'en doute.
    Je tape rapidement une réponse pour Hadrien.

À Le Psychopathe
Je me fous de tes fantasmes Hegelson.

    Puis, je range mon téléphone et avise le serveur apparu comme par magie.

 — Qu'est-ce que tu veux boire ? demandé-je à ma voisine en replaçant ma jupe.

 — N'importe.

 — Deux cocas s'il vous plaît.

 — Bien les miss !

    Le serveur se barre avec un clin d'œil. Je l'aime bien lui. Mais je ne suis pas venue flirter. Malheureusement.

 — Un sujet de conversation ?

 — Pardon ?

Blondie sait-elle faire des phrases ? Mystère.

    Je cale confortablement mon dos dans mon siège puisque, de toute évidence, on risque d'en avoir pour un moment.

 — De quoi veux-tu parler ? répété-je.

 — C'est pas censé être naturel une conversation ?

    Ah si. Presque une phrase normale là.

 — Ok ! Regarde les danseurs et dis-moi lequel, mec ou meuf, a le cul le mieux foutu.

 — C'est vulgaire.

 — Oui Blondie. Et vu que tu l'as jamais été, on va se rattraper ce soir.

 — Tu pourrais essayer de voir les choses à ma manière puisque je suis dans ton élément.

 — On s'emmerde dans ton petit monde.

 — Pas moi.

 — Normal, tu fais partie du décor. Les plantes vertes ne s'ennuient pas.

Skin vs Sweet Poison - let's rock !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant