Si seulement

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Ça fait combien d'années que je l'avais rencontré ? Je ne sais plus, mais en tout cas, ça fait longtemps. J'ai arrêté de compter depuis un moment.

La première fois que je l'avais vu, je n'avais pas réussi à deviner son âge. Il avait un corps tout mignon d'enfant et comme il était plutôt petit de taille, je pensais donc qu'il était au collège. Et puis, mon regard avait croisé le sien. Et c'est là que j'ai compris.

Il avait cet air qui lui donnait une prestance et qui imposait un respect pour sa personne plutôt impressionnant. Je n'ai pas souvent retrouvé ce regard intimidant chez d'autres personnes.

J'avais pu deviné sans peine qu'il était plus mature que moi. Ça se voyait.

Chez certains adolescents,ce qui choque dans leurs yeux, c'est la douleur qu'on pouvait y lire. Lui, il n'avait pas ça. Mais c'était quand même impressionnant et déroutant, et j'en avais déduis qu'il devait avoir mon âge, voire même plus.

Je ne m'étais pas trompé sur ce coup-là. En effet, il était de 96, comme moi. Il s'appelait Lee Jihoon, il venait de Busan et était ici comme chanteur. Quand on lui avait annoncé cette dernière information, il avait paru étonné. Il a dit qu'il ne pensait pas avoir un talent pour ça, que son chant et sa voix n'avaient rien d'exceptionnels mais les examinateurs lui avaient assuré le contraire.

Pour ma part, ils m'ont affilié à la section danse. Une dame m'a même dit que j'allais être le chorégraphe du futur groupe si j'étais pris quand je lui ai annoncé que j'avais crée moi-même la chorégraphie que je leur avais présenté.

Enfin bref, ça, c'était la première fois où je l'ai vu. La première fois où je lui ai parlé,c'était une autre histoire.

-Salut ! Je suis Kwon Soonyoung et toi ?!

-Lee Jihoon. Mais évite de crier juste pour te présenter, ça ne sert à rien.

« Wouah, il est super coincé ! », avais-je pensé que le coup.

Et puis, je l'ai vu rire avec Seungcheol, quelques instants plus tard. Et c'est là que j'ai compris qu'il n'aimait juste pas les gens bruyants. J'avais donc décidé d'arrêter de crier en sa présence, même si je n'ai pas tenu compte de cette règle bien longtemps.

La première fois que je l'ai touché, c'était par l'intermédiaire de la danse. Il n'arrivait pas avec un mouvement donc je m'étais énervé au bout de 10 minutes d'explications et je lui avais pris les mains pour lui montrer.

La première fois où il a rigolé à cause de moi, c'était quand j'étais tombé dans les escaliers.

La première fois où il m'a souri, c'était quand je lui avais dit qu'il jouait très bien du piano.

La première fois où il m'a complimenté, c'était quand j'avais montré la chorégraphie de la danse qu'on allait présenter pour 17TV.

C'est à cause de toutes ces fois que je suis petit à petit tombé amoureux de lui. Et ça, c'était une des plus grandes erreurs de ma vie.

J'en ai pris conscience à cause de la jalousie. J'en voulais à Seungcheol pour être aussi proche de lui, j'en voulais à Joshua pour jouer de la guitare avec lui, j'en voulais à Seungkwan et Dokyeom pour le faire rire. J'en voulais à toutes les personnes qui l'approchaient, qui le touchaient, qui lui parlaient, qui le regardaient. Je voulais qu'elles partent de son monde, qu'il n'y ait plus que moi.

Mais ça, c'est impossible.

On va dire que c'est les hormones, que c'est seulement de l'attirance, n'est-ce pas ?

Que je n'ai aucun sentiment pour lui, que tout cela n'est qu'illusion.

Que je n'ai jamais eu envie de le prendre dans mes bras, de l'embrasser, de prendre soin de lui,de le faire sourire et rire, de sécher ses larmes, de lui donner du courage, de l'écouter chanter et jouer d'un instrument encore et encore.

Non, je n'ai jamais pensé cela, d'accord ?

Je voudrais oublier tout cela, le laisser faire sa vie comme il l'entend avec quelqu'un de mieux, qui saurait le rendre heureux. Après tout, moi, tout ce que je peux recevoir de sa part, c'est des reproches, des remarques, des critiques. Jamais il ne voudra de quelqu'un comme moi, c'est évident. Il faut que je redescende sur Terre le plus vite possible. Mais comment faire quand on aime un ange, une sorte de divinité, de rayon de soleil, d'éclat de lumière ?

Je veux qu'il soit mien, qu'il ressente les mêmes choses que moi, qu'il accepte d'être avec moi. Mais je ne veux pas qu'il le sache. J'ai mis des années à bâtir la relation qu'on a aujourd'hui, celle de deux camarades de travail, de deux créateurs qui marchent côte à côte pour créer des chansons et des chorégraphies dignes de SEVENTEEN. Il ne me voit même pas comme un ami ou un confident, je suis juste pour lui quelqu'un qui aide le groupe à avancer sur le chemin du succès.

Et qu'importe la quantité de larmes que je peux verser la nuit, qu'importe la façon dont je le traite, qu'importe tous les efforts que je fais, rien ne changera.

Et je me laisse dériver lentement, perdant peu à peu mon sourire en dehors des caméras. Après tout, à quoi bon, mon amour n'est pas réciproque et est impossible.

Si seulement je n'étais pas comme ça.

Si seulement j'étais quelqu'un d'autre.

Si seulement je pouvais le rendre heureux.

Si seulement notre relation pouvait évoluer.

Si seulement mon amour pouvait être réciproque.

Si seulement je pouvais être quelqu'un de parfait pour lui.

Si seulement je pouvais être une merveille comme lui.

Si seulement j'étais mieux que moi.

J'aurais alors pu avoir une chance et cesser de me laisser sombrer petit à petit dans la douleur.



SOONHOON (SVT) - Notre douleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant