TEAR - TaeKook

Partie 1 : First Tear

Kim Taehyung, tu as volé mon cœur un jeudi...

Je me souviens de tout. Je me souviens de cette journée si chaude. Nous n'avions pas envie d'aller à ce shooting photo. Toi, encore moins que les autres. Tu étais si triste ce jour-là. Toi qui d'ordinaire souris sans cesse, peu importe les difficultés de la vie, ce jour-là, tu ne souriais pas. Ton visage entier était fermé. Si fermé que j'aie pris peur. Peur de ne plus te retrouver. Peur que tu ne te perdes dans cette tristesse néfaste qui semblait conquérir ton cœur.

Mais je ne disais rien face à cette tristesse que tu affichais. Je ne voulais pas te brusquer, je ne voulais pas que tu te braques. Je savais parfaitement que dans ce genre de situation, tu préférais te confier à Jimin. Mais tu ne lui avais pas parlé. Il avait pourtant essayé à plusieurs reprises de venir te voir. Rien n'y faisait. Tu ne disais rien. Tu ne souriais pas. Tu subissais cette intense tristesse sans te plaindre, sans ne rien déverser. Comment pouvais-tu supporter tout ça ? Tes épaules, si larges étaient-elles, ne pouvaient supporter un poids si lourd. Au fond, je savais que tu devais te libérer.

Les premières photos furent prises dans une salle d'arcades. Tu as toujours aimé les jeux vidéo. Tu y jouais sans arrêt. Je pensais que tu aimerais t'y faire photographier. Que tu serais plus joyeux. Pourtant, ta tristesse ne s'en allait pas. Tu ne semblais ni remarquer les dizaines et dizaines de machines ni faire attention à mon attitude. J'essayais désespérément de t'amuser, de t'embarquer dans n'importe quel jeu. Mais tu semblais absent de ton propre corps. Et le voile de tristesse recouvrait un peu plus l'entièreté de ton visage.

Les coordinatrices nous donnèrent les vêtements que nous devions porter. Comme toujours, tout était étudié. Rien n'était jamais laissé à l'improvisation. Une Noona te donna une chemise rayée, un pantalon large, une cravate et une veste. Tu enfilas tout, sans ne rien dire. Ni protestation, ni contentement. En te voyant sortir de la cabine d'essayage, je savais que les stylistes t'avaient compris aussi bien que moi je te connaissais. Tu aimais les cravates. Tu les collectionnais. Tu détestais les pantalons trop serrés et aimait être à l'aise dans tes vêtements. Ces vêtements étaient parfaits pour toi. Tu t'en serais sûrement rendu compte si tu allais bien. Je t'imaginais l'espace d'un instant, ventant ta tenue parfaite, te pavanant de satisfaction avec ton sourire carré. Mais rien de tout cela ne s'est produit. Tu es resté inexpressif.

Dans les vestiaires, lorsque Namjoon avait montré fièrement son t-shirt où figurait un chat ridicule, nous l'avions tous taquiné. Tous sauf toi. Tu étais resté à l'écart sans même observer la scène du coin de l'œil. Tout cela t'indifférait aujourd'hui.

Nous allâmes dans la salle du shooting photo, celle avec les machines d'arcades, pour commencer la séance photo. Il y avait quelques photos de groupe puis des photos individuelles. Aucun de nos shootings ne t'intéressait. Tu ne passais pas pour autant le temps sur ton téléphone à jouer à un quelconque jeu ou à surfer sur internet. Ton regard fixait le vide. Tu n'essayais pas de te distraire.

Le photographe te demanda de te placer devant un de ces jeux d'arcades. La seule expression qui te venait était la tristesse. Cela ne plaisait pas tellement à l'homme qui se tenait derrière l'appareil photo. Il voulait te voir plus séduisant. Tu étais quelqu'un de profondément professionnel. Tu t'exécutais, tu essayais sans te plaindre. Et alors que le photographe te trouvait plus joyeux, plus séduisant, je ne pouvais me détacher de tes yeux qui voulaient s'emplir mais jamais ne le firent.

Ton regard croisa le mien l'espace d'un instant. Un instant où le temps sembla s'arrêter. Un regard qui semblait me demander de l'aide. Mais je ne savais pas comment faire. Je savais que je devais faire quelque chose, mais que faire ? A cet instant, ta canette de cola dans la bouche, ton regard intense, je ne pus m'empêcher de te trouver exceptionnellement beau malgré la tristesse qui transperçait ton cœur pour toucher le mien. Cette tristesse reflétait une pureté qui m'attirait inévitablement.