Gwendolyne profite qu'Illiana soit occupée à démêler ses cheveux pour l'observer dans le reflet du miroir. Elle va mieux, c'est indéniable. Déjà, elle a repris un peu de poids, ses os ne saillent plus sous sa peau même si elle reste très mince. Et ses yeux brillent toujours de cette curieuse lueur qu'elle a vu s'allumer le jour de leur sortie, même si elle s'amoindrie.Actuellement emballée dans un long drap de bain, l'elfe est concentrée sur sa tâche, et la jeune femme en profite. Elle adore se faire brosser les cheveux et n'en a que rarement le temps en ce moment.
Illiana termine et lisse une dernière mèche du bout des doigts qui retombe en ondulations légères.
– Ils sont magnifiques, souffle-t-elle soudain.
La magicienne manque de sursauter. C'est à peine si l'elfe a décroché trois mots depuis qu'elles ont quitté la chambre et la voilà qui engage la conversation sur ses cheveux. Loin de s'en plaindre, la jeune femme lui sourit tristement en les ramenant sur son épaule.
– Ma mère avait les mêmes. Ils étaient bien plus long que les miens, ils tombaient jusqu'à ses reins.
L'elfe repose délicatement la brosse sur la coiffeuse et presse doucement ses épaules, caressant sa nuque des pouces.
Gwendolyne expire lentement. Elle a brusquement conscience de ce contact peau contre peau et de la chaleur du corps derrière le sien. Aussitôt, elle se reprend et corrige ses pensées. C'est un geste de réconfort, uniquement.
– Les tiens ont une couleur magnifique, enchaîne-t-elle pour masque son trouble. Je n'en avais jamais vu de semblable.
L'elfe passe une main dans la masse argentée encore humide, un léger sourire amusé au coin des lèvres. La jeune femme se surprend à aimer cet air qu'elle affiche. C'est celui qui indique qu'elle abaisse légèrement sa garde, qu'elle va répondre à la question implicite.
– La plupart des miens ont les cheveux argents. Il y a un vieux proverbe qui dit que les enfants au cheveux de nuit sont nés sous une bonne étoile.
– La mienne doit être bien cachée, ironise la magicienne.
Illiana secoue la tête et pose un baiser léger sur le haut de son crâne avant de se détourner, la laissant les joues roses et le crâne empli de questions.
Dans le reflet, elle la voit s'habiller des vêtements propres qu'elle lui a fait amener et décide d'en faire autant. Illiana est plus rapide et viens l'aider à terminer de lacer le dos de sa robe.
– Merci, murmure Gwendolyne.
L'elfe se fige un instant. Il n'y a pas que pour ce geste qu'elle exprime sa gratitude et sa prisonnière l'a bien compris. La jeune femme pivote et lève le menton pour soutenir son regard. Un bref éclair passe dans les yeux d'Illiana, qu'elle n'identifie pas, avant que celle-ci ne recule d'un pas, mettant de la distance entre elles.– Comment vous sentez-vous ? demande sa prisonnière.
– Hormis la fatigue, je vais bien.
L'elfe hoche la tête, satisfaite.
– Vous luttez bien contre le sort. Il se dénouera plus vite que je ne le pensais.
La jeune femme lui sourit même si son cœur s'affole. Guérir plus vite signifie se passer de sa présence. Mentalement, elle s'administre une sévère réprimande. Il faut absolument qu'elle cesse d'avoir ce genre de pensées. Illiana et elle ont fait la paix, et c'est déjà un grand pas compte tenu de la haine de l'elfe pour les humains. Elle ne peut pas se permettre d'être distraite par des idées licencieuses alors qu'elle essaye de se rapprocher d'elle pour amasser des renseignements utiles. Néanmoins la petite voix au fond de sa conscience lui chuchote que son désir d'en apprendre plus sur les enfants de la forêt n'est pas uniquement liée à son rêve de paix. La jeune femme la réduit fermement au silence.
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Destinées
FantasyElle est seule dans le noir, avec le bruit de ses sanglots et l'odeur de son propre sang. Elle est seule dans la lumière, avec le goût amer de son impuissance et le sol froid sous ses pieds. À l'heure où les épées et la magie écrivent une page de l'...