Phobe

Chapitre 1

Léna avançait dans le couloir, ses affaires entre les mains. Son patron, M. Narr, directeur de Plastex l'avait remerciée un peu plus tôt dans la matinée. Pour "inaptitude"disait-il. Quel connard. Dépitée, la mine sombre, elle poussait pour la dernière fois la porte de l'imposant bâtiment gris qui, il y a quelques heures encore, était son lieu de travail.

En entrant dans la rame du métro, elle se demandait comment elle pourrait nourrir sa mère, incapable de se déplacer depuis un grave accident de voiture. Son maigre salaire suffisait alors à peine à leur permettre de manger et dormir sous un toit.

En sortant de la gare, elle vit un vieil homme assis dans la rue avec une fine couverture sur ses épaules et une petite coupelle à ses pieds. Elle laissa échapper une larme. Était-ce par empathie ou craignait-elle de se retrouver comme lui?

Léna entra dans le hall de son immeuble. Sa boîte aux lettres pleine ne semblait pas contenir de bonnes nouvelles. Elle récupéra son courrier et appuya sur le bouton de l'ascenseur. Comme d'habitude,une forte odeur de pisse s'en dégageai.

Lorsqu'elle tourna la clé dans la serrure, une bouffée de chagrin l'enveloppa.Comment annoncer à sa mère qu'elle n'avait plus de travail?

Elle reprit ses esprits, inspira fort et poussa la porte de son appartement. Sa mère était là, dans le fauteuil noir, profondément endormie. À 58 ans, elle était bien plus fragile que les autres femmes de son âge. Léna alla l'embrasser puis déposa ses affaires dans sa "chambre". Les murs gris, le matelas dur comme du béton et l'obscurité qui y régnait rappelait l'ambiance froide et lugubre d' une cellule de prison.

Malgré les probables factures et fiches d'impositions qu'elle risquait de trouver, Léna entreprit d'ouvrir son courrier. Des publicités.Rien que des publicités . Elle sourit, rassurée,autrefois, cela l'aurait agacée. Son regard s'arrêta sur une enveloppe blanche,cachée entre les prospectus.

Evidemment,ça aurait été trop beau pensa-t-elle.

Elle l'ouvrit. Ce n'était pas une facture. Ni les impôts d'ailleurs.Seulement une lettre, recouverte du tampon de TV Horror,une chaîne débile qui rassemblait les pires cas sociaux que la Terre ai jamais porté. Sa curiosité prenant le dessus, elle la déplia et la lut.

Chère mademoiselle Odwazny,

nous avons le plaisir de vous convier à notre nouvelle émission. Le Jeu est encore secret mais il est certain qu'il apportera la gloire à celui qui le remportera.

Le vainqueur recevra également une généreuse somme d'argent.

Vous avez été sélectionnée avec 4 autres personnes étant toutes dans une situation similaire à la vôtre.

Si vous acceptez ce petit défi, il vous suffira de renvoyer cette lettre accompagnée de votre signature à l'adresse indiquée. Si vous désirez de plus amples renseignements, signez.

Alors,réfléchissez bien, et faites le bon choix.

                                                                                                                                               O.

Léna était abasourdie. Comment cette étrange chaîne connaissait-elle son nom? Quel était ce jeu dont parlait la lettre? Et la "généreuse somme d'argent"? Tant de questions. Mais cela importait peu.Elle allait refuser, bien sûr.