20 mars 2019

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Je m'appelle Célestin. Ma vie n'est pas très passionnante. Je peux même affirmer que je passe une vie de merde. Dans ma classe au lycée, tous les gens sont des brutes donc je suis quelqu'un de solitaire. Je ne m'entends pas avec mes parents, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je vis seul en appartement. Finalement, il ne me reste que mon meilleur ami avec qui discuter. Il étudie au même lycée que moi et ne vit que quelques étages au-dessus. Tous les soirs, je vais chez lui jouer et perdre mon temps. Je déteste tout ce qui est romantique. Et pourtant, quand je suis sur son balcon qui surplombe la ville, je sens mon cœur qui bat et le vent doux de la nuit qui me fait un bien fou. J'ai l'impression de dominer cette ville de merde où personne ne vaut rien. D'ailleurs, qu'est-ce que je vaux moi aussi ? C'est quoi mon quotidien ? Je me lève, je me douche, je vais en cours, je retourne à mon appart manger, je retourne en cours, je vais chez mon pote, je retourne chez moi, je mange et puis basta. Tu parles d'un quotidien exceptionnel. Je ne sais même pas pourquoi je fais tout ça, comme la majorité des gens de mon âge, j'ai 17 ans et je ne sais toujours pas quoi faire. Pourquoi je continue de vivre d'ailleurs ? C'est un peu gênant à dire, mais je crois qu'il n'y a que sur son balcon que j'arrive à le comprendre. Et pourtant ça me met tellement mal à l'aise et je pense que la plupart des gens sont d'accord avec moi pour dire que le sentimentalisme c'est une des pires choses qui soit. C'est pour les élitistes qui prétendent être heureux.

Le 20 mars a tout changé pour moi, bien que je ne le savais pas à l'époque. Je passe en ville pour prendre mon manger de la semaine, comme chaque mercredi et une fille, la tête baissée me rentre dedans. En y repensant, j'ai pas trop compris pourquoi étant donné la largeur du trottoir mais bref. Elle s'étale magistralement par terre, d'autant plus que c'est jour de pluie et que ma ville se comporte comme une cuve à flaques d'eaux. Pour la première fois de ma vie, je n'ai pas envie de rire lorsque quelqu'un tombe à terre. J'observe ses cheveux d'or longs partir dans toutes les directions. Elle se relève et se tourne vers moi. Même le visage crasseux, sa beauté m'est apparue comme divine dans mon regard, je n'avais encore jamais ressenti ça. Alors qu'à l'habitude, je maîtrise bien les situations, je bégaye de toutes mes forces pour lui demander :

"Tout va bien ?" Je me suis senti nul sur le coup car je n'avais aucune raison de paniquer, ça arrive à tout le monde de tomber. Tout ce que j'ai pu dire, c'est cette phrase bidon. 

Elle commença alors à rigoler, de toutes ses forces, jusqu'à ce que son souffle le lui permette. Sa poitrine était bombée à rire aux éclats. Je pouvais presque ressentir les étoiles dans ses yeux, mais je n'arrivais à rien. Je restais planté comme un piquet devant elle, puis elle finit par tousser. Je ré-itérais :

"Tout va bien, vraiment ?" Elle répondit :

"Oui, tout va bien, vraiment. Ça faisait un moment que je n'avais pas ris comme ça. Merci."

"Hein ? Pourquoi merci ?"

"Nan rien oublie... T'habite à la rue Saint-Jacques c'est ça ? Je te vois souvent rentrer depuis mon lycée."

"J'aurais dû y aller, mais j'ai été refusé... Je suis obligé de faire 10 minutes de marche pour atteindre mon lycée tous les jours, c'est pénible." Elle compatit, et au milieu de rien, elle hurla avec enthousiasme :

"Je peux t'y amener à vélo si tu veux !"

"Eh pas si fort ! Et qu'est-ce que tu racontes, pourquoi tu t'embêterais à faire ça ?"

"Parce que tu es drôle ! Allez à plus !" Avant même que je puisse lui répondre, elle partit en courant et alors que le soleil brillait dans ses cheveux d'or, elle se retourna et fit un signe de V devant son œil. Même aujourd'hui, je me demande sur quel genre de bizarrerie je suis tombé. Mais même aujourd'hui, je suis content de l'avoir rencontré.

Il est 18h, je toque à la porte d'Auguste (mon meilleur ami comme vous l'aurez deviné). Après avoir bu une bière, on va au balcon et on commence à discuter.

" Alors ta journée ?" me demande-t'il

"Comme d'hab, sauf que cette fois j'ai rencontré une fille bizarre dans cette rue là-bas. C'est pratique d'habiter au 12ème étage n'est-ce pas ?"

"Ah tiens, on drague maintenant ? Bizarre comment ?"

"T'as cru que j'aimais quelqu'un mais t'as cru quoi ?  Puis jamais je vais sortir avec un truc pareil."

"T'inquiète pas je sais... C'est drôle car ma sœur m'a dit qu'elle est tombée sur quelqu'un de bizarre en début d'après-midi."

"Et quoi ? Tu vas me faire le coup que c'était moi le mec bizarre ? Arrête tes conneries... Je l'ai jamais vu ta sœur mais si c'est elle, plus jamais je viens chez toi."

"Tu sais très bien qu'elle est jamais là dans ces heures-là ou bien cloîtrée dans sa chambre."

"Et pourquoi elle v..." Quelqu'un toque à la porte.

"Ah bah c'est peut-être elle, je vais répondre !"

"Ouais fais comme tu veux." On peut sentir mon désintérêt dans cette phrase à des kilomètres.

Il ouvre alors la porte, et quelle surprise quand je remarque que sa sœur n'est absolument pas la fille que j'ai rencontré dans la rue.

"Alors c'est elle que t'as croisé ?" Si ma voix est désintéressée, alors la sienne je peux ressentir son entrain énervant du balcon.

"De quoi tu parles grand-frère ?" Alors que sa sœur est visiblement perdue, je décide de rentrer chez moi sans dire un mot.

Qu'est-ce que j'espérais en même temps ? Tomber sur l'autre dingue ?

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⏰ Last updated: Feb 13, 2019 ⏰

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Son amour et le mienWhere stories live. Discover now