Chapitre Onze: Une partie de Pongzo

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— Voici la liste des coordonnées.

— Laissez-moi y jeter un coup d'œil.

Après Sorenn et Celkie, Horace pariait sa vie pour l'avenir de l'univers. Et si Sorenn ne comprenait pas bien le rôle qu'il avait à jouer pour ce futur proche, Horace se prit tout de suite au jeu. Déjà en orbite, Sirius et les autres s'étaient réunis autour de la table de la salle à manger. Le capitaine reprit exactement la même procédure que la fois précédente, déverrouillant les mots de passe avec l'aide de Marina. La liste des coordonnées s'éparpilla sur toute la table en signes colorés.

Sorenn voulut toucher l'un des caractères, mais sa main passa au travers de l'image. Heug lui attrapa le poignet pour l'empêcher de commettre d'autres bêtises.

Il y avait essentiellement des nombres et des noms de planètes. Chacun de ces noms était affilié à un dossier lui aussi protégé par un mot de passe que, cette fois, Marina ne pouvait déchiffrer. Horace examina les numéros un à un, concentré.

— D'où sort ce document ?

— Nous l'avons emprunté à un laboratoire de recherche. L'homme qui possédait ces données est un proche du Grand Chancelier, et malheureusement, nous n'attendions pas autant d'informations de sa part. Surtout des informations incomplètes.

— Même cet homme n'avait pas accès à l'intégralité des données.

— Marina ! Quelles sont les conditions d'accès à ce dossier ?

Il est nécessaire d'avoir un grade militaire équivalent à Général d'Armée ou Amiral.

— Ces données sont inviolables, pleura l'apprenti savant.

— C'est là que tu interviens. Il n'y a que toi qui puisses nous indiquer la route à suivre.

— Vous êtes fous ! Pourquoi nous y rendre sur des planètes interdites par la... la P-PU-P...

Il peinait à prononcer le mot fatidique. La peur le gagnait rien qu'en pensant à ce qu'il se passerait si l'armée stellaire leur tombait dessus.

— Seul le Prisme d'Absalem peut détruire le Grand Chancelier. Allez, Horace. Il le faut. Et en onze ans ils ne m'ont jamais attrapé, si c'est cela qui te tracasse.

— Le Prisme d'Absalem ? Mais c'est une plaisanterie ! Qui risquerait sa vie pour un objet qui n'existe pas ?

Il déglutit lorsqu'il aperçut la lame luisante qui dansait entre les doigts d'Ayah, adossée contre le mur. Aucun d'entre eux n'avait l'air de plaisanter. Le prince était peut-être malvoyant, mais il n'était pas crétin.

— C'est bon, c'est bon. Donnez-moi le premier nom. Vous avez combien de temps ?

— Le moins possible.

Il inspecta brièvement les numéros. Là où les autres ne voyaient rien, il voyait tout. Au bout de quelques instants, il se leva et partit fouiller dans ses affaires. Il revint bien vite, chargé comme une mule. Des livres. De vrais livres, imprimés en toutes lettres sur du vieux parchemin que l'on pouvait feuilleter, saisir, ouvrir et fermer, tourner et retourner. Des connaissances que personne ne pouvait pirater. Tout le savoir de l'univers était établi sur une matière immortelle que Sorenn observait pour la première fois.

— Selon la légende, le Prisme d'Absalem a été extrait d'un diamant divin, réfléchit Horace. Dans les œuvres sacrées, les artistes le représentent comme un cristal à peine plus gros qu'un poing fermé. Si l'on suit cette logique, il faut bannir toutes les planètes gazeuses de cette liste.

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant