Chapitre 5

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Néïma cligna des yeux dans l'espoir que ce cauchemar disparaisse et qu'elle se réveille tranquillement dans son lit entouré du calme qui la rassurait tant. Mais lorsque ses paupières s'ouvrirent, ses camarades de classe étaient là, toujours autant affolés et deux créatures se tenaient toujours derrière elle. Celles-ci ne ressemblaient pas à Elin. Aucune corne n'ornait leur tête. A la place, deux oreilles poilues pointaient vers le haut et une longue queue touffue dépassait de leurs vêtements en lambeaux. Les deux créatures semblaient tout droit sorties d'une bagarre qui aurait mal tournée. Cependant, ce n'est pas l'aspect de leurs corps qui rendait les élèves fous de terreur. Néïma s'en rendit compte bien vite. Ce qui effrayait ses camarades de classe se résumait sous la forme de deux paires d'yeux dans lesquels régnait un instinct animal. Néïma se leva de sa chaise et traversa la pièce, se frayant un chemin à travers ce troupeau de terreur. Personne ne fit vraiment attention à son départ précipité, chaque personne portait toute son attention aux deux monstres qui se tenaient au beau milieu de la pièce.

Néïma appela ses créatures par la pensée, sans savoir comment elle venait de faire ça. Lorsqu'elles arrivèrent à sa position, Néïma entreprit de dévisager ses créatures avec une très grande fermeté.

- Que faites-vous ici Achille et Alya ? Que me voulez-vous ?

Sans même le savoir, Néïma connaissait déjà les noms de ces bêtes étranges. Après tout, elles venaient tout droit de son imagination, il était donc normal qu'elle les connaisse bien.

Prise dans un élan de colère, Néïma décida de se rendre dans la forêt qu'elle aimait tant. Elle espérait trouver refuge au coin d'un arbre, tapie dans l'ombre, là où personne ne pourrait la trouver. Il fallait qu'elle se coupe du monde, de toutes ces personnes qu'elle n'appréciait guère, afin de reprendre ses esprits et de trouver une solution à tout ça. Il fallait que tout revienne dans l'ordre, le plus tôt possible.

Néïma fonça vers la forêt, sans jamais regarder en arrière. Par miracle, de petites routes discrètes formaient le chemin entre le lycée et la lisière du bois. La jeune adulte n'avait pas besoin de ses yeux pour savoir que Achille et Alya la suivait non loin derrière.

Après quelques minutes de marche, Néïma se trouva face à des centaines de grands arbres. Elle pénétra à l'intérieur afin de trouver un endroit paisible où elle pourrait se reposer. La jeune femme s'appuya contre un grand chêne, se laissa tomber à terre et s'endormit plus rapidement qu'il ne faut pour le dire. Un sommeil enchanteur l'envoûtât.

Lorsque Néïma se réveilla, deux heures plus tard, elle se sentit totalement revigorée et en pleine forme. Elle était déterminée à parler à ses créatures et à convaincre Elin, Achille et Alya de s'en aller d'ici, pour la laisser tranquille. Elle se frotta les yeux, remit ses cheveux en ordre et se leva tout en s'aidant de l'arbre. Mais quelque chose ne tournait pas rond ; Achille et Alya se tenaient devant elle, lorsqu'une troisième et nouvelle créature sortit de sa cachette. Celle-ci portait de petites oreilles pointues, et des sabots arboraient les extrémités de ses membres. Son visage était marqué de rayures noires et blanches, comme celles d'un zèbre. Tout comme pour les autres créatures apparues plus tôt dans la journée, Néïma connaissait son nom sans avoir à le demander : Branka. Cette nouvelle venue se tenait derrière Alya, qui savait que l'arrivée d'une nouvelle personne de leur espèce déplairait à leur créatrice. Alya n'eut pas tort ; Néïma, énervée et à bout de nerfs, s'enfuit en courant. Elle sortit de la forêt, le regard alerte. Et si quelqu'un l'avait repérée ? Beaucoup de jeunes se retrouvaient dans la forêt, après les cours. Il n'était donc pas impossible que quelqu'un soit passé par là durant son sommeil.

Néïma décida de rentrer chez elle, sans tenir compte de ses créatures. Après avoir repris son souffle, la jeune femme s'engouffra dans l'air pollué et accablant de sa petite ville. Elle prêta attention à chacun de ses pas, de peur de se faire remarquer à la moindre étourderie. Elle avait ordonné à ses créatures, juste avant de partir, de rester dans la forêt et de se cacher dès que quelqu'un approchait. Celles-ci acquiescèrent sans ronchonner.

Après être passée devant les habitations luxueuses qui lui donnaient cette sensation de dégoût, Néïma décida de s'arrêter à l'épicerie pour s'acheter quelque chose à manger. La sieste qu'elle venait de faire lui avait ouvert l'appétit. Après avoir acheté un paquet de gâteaux, ses préférés à la pomme, Néïma se dirigea vers la sortie du magasin. Elle attrapa la poignée poussiéreuse et tira la porte qui grinça dans un bruit strident. Elle posa un pied à l'extérieur et aperçu, de l'autre côté de la rue, les trois créatures, fruit de ses songes, à qui elle avait ordonné de rester dans la forêt. Elle s'empressa alors de les rejoindre. Lorsque la jeune femme traversa la rue, en vitesse, une voiture s'arrêta nette devant elle, lui barrant le passage. Néïma essaya de l'esquiver, pensant qu'il s'agissait de simples idiots. Mais trois grands hommes, baraqués, sortirent du véhicule et l'empoignèrent par le bras droit, puis le bras gauche. Elle ne pouvait rien faire, elle était bloquée. Elle cria à ses créatures de rentrer chez elle et de se cacher dans sa chambre, jusqu'à son retour. C'est alors qu'un des trois hommes s'esclaffa

- Tu n'es pas prête de rentrer chez toi, pauvre petite.

Son comparse ria à son tour et se mis au volant de lacamionnette. Le véhicule se mis en branle tout droit vers un lieu dont Néïmaignorait tout.

NémésiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant