Le pilote débarquait du couloir secondaire. Zora et lui étaient entrés dans le vaisseau par la porte de secours. Son regard soucieux fit frémir Sirius et Ayah qui le suivirent sans un mot, abandonnant leur querelle. Sorenn voulut les rejoindre, mais son corps n'en faisait qu'à sa tête. Pourtant, il refusait d'abandonner. Il se redressa, se força à avancer jusqu'au mur où, ainsi appuyé contre un tuyau, il put se précipiter dans la direction indiquée.
— Toi revenir, l'andro... Bon, trop tard.
Elle était blessée. Gravement blessée. Sa peau avait soudainement pâli. Ses mains tremblaient. Son cœur battait faiblement. Elle titubait, les yeux clos à demi. Sorenn rattrapa Zora juste avant qu'elle ne tombe à terre, complètement épuisée. Cette sensation abominable revenait d'entre les morts. Cet arrière-goût amer que le méta-droïde avait appris à oublier... il revenait aussi. Il revenait ainsi.
Le robot cria son nom sans recevoir de réponse. Il ne voulait pas la perdre. Pas elle. Pas Zora. Pas la Zora qui l'avait accueilli à bras ouverts, qui l'avait soutenu, lui avait appris à piloter un vaisseau. Non. Il refusait qu'elle soit la suivante. Sirius aida Ayah à la porter jusqu'à l'infirmerie.
Zora avait perdu connaissance. La technicienne enfila une paire de lunettes qui lui donnèrent une vision générale de la situation.
— Retourne à ton poste, Sorenn, grogna le capitaine. On n'a pas besoin de toi.
— Va avec lui, Sirius.
— Mais – soit ! Je m'en vais.
Il disparut dans un claquement de talon, suivi de près par Sorenn qui ne savait plus où se mettre. Le duo se dirigea en silence vers la salle principale. L'androïde, exténué, jeta son corps contre son siège. Horace vint le rejoindre, prêt à tout pour faire cesser ses lamentations.
— Alors, comment va-t-elle ?
L'autre haussa les épaules. Il n'avait plus la force de parler. Sa matrice chavirait encore. Un vacarme abominable tambourinait au fond de son crâne. Ses yeux, ses mains, son cœur. Tout en lui refusait de coopérer. Il semblait totalement détraqué.
Le Pandora IV devait couper toutes ses émissions radio. Cette fois, l'adolescent avait retenu la leçon. Plus jamais il ne faillirait à une tâche aussi simple. Pourtant, lorsque son doigt frôla un des interrupteurs du panneau de contrôle, un écran s'ouvrit et se mit à clignoter intensément de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Il l'éteignit aussitôt, frappant à l'aveugle sur tous les boutons. Horace resta bouche bée.
— Et c'est censé être normal, ça ?!
Sorenn se retint de hurler.
— Mais qu'est-ce qui m'arrive...
— Es-tu seulement capable de faire autre chose que pleurer, gamin ? lança Sirius depuis le fauteuil principal.
— On t'a rien demandé, à toi !
Le capitaine se contenta de répondre par un ricanement d'indifférence. Il descendit les quelques marches qui le séparaient de ses équipiers, puis s'accouda au siège d'Horace.
— Tu me fais rire. Y'a rien de mal à avoir un peu de fièvre, petit. Tu n'as pas à t'en faire pour le... l'incident de tout à l'heure. Quand ton énergie vitale s'éveille, il est trop tard pour te poser des questions. Plus tu tenteras de la confiner, plus elle te jouera des tours. Elle devait être un peu rouillée après onze ans dans un laboratoire ! Cesse donc de te morfondre, il s'agit d'un phénomène naturel. J'étais dans le même état lorsque j'ai découvert mon pouvoir. Ça va durer quelques jours, puis tu iras mieux. Tu devrais te reposer, en attendant.
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PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]
Science FictionSorenn n'était qu'une machine, un moins que rien maltraité par ceux pour qui il travaillait. Forcé à s'épuiser dans une usine sinistre, sa vie s'effondre lorsqu'un groupe de criminels fait irruption dans son laboratoire. Ces pirates cherchent un tré...